Victorieux des européennes 2024 en France, le Rassemblement National (RN) part encore favori pour les législatives anticipées de juillet. La perspective d’une prise de pouvoir du parti d’extrême droite inquiète les économistes et les chefs d’entreprise. De nombreux Français craignent pour leurs finances et leur patrimoine. Mais que nous réserve Marine Le Pen ?
Le Rassemblement National a remporté dimanche, et de loin, les européennes 2024. Il a recueilli 31,37% des suffrages exprimés, ce qui lui permet de gagner 30 des 81 sièges réservés à la France au Parlement européen. Le parti d’Emmanuel Macron prend la deuxième place avec 14,6% des voix, devant le Parti socialiste (13,83%).
Le Rassemblement National proche du pouvoir
Ainsi défait, le président de la République a préféré dissoudre l’Assemblée nationale et annoncé l’organisation de législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet prochains. Ce choix représente une aubaine pour le RN, qui pourrait prendre le pouvoir avant la présidentielle de 2027. En effet, en cas de nouvelle victoire, le parti d’extrême droite nommerait un Premier ministre et prendrait le perchoir du Palais Bourbon.
Économistes et chefs d’entreprises inquiets du programme du RN
Face à cette perspective, syndicats et partis de gauche ont appelé à la mobilisation générale et surtout à l’union pour gagner les législatives de juillet. Plus réservés, les économistes et chefs d’entreprises se contentent d’alerter sur le programme de Marine Le Pen. Celui-ci risquerait de mettre l’économie française en déroute. Il menacerait aussi nos finances et notre patrimoine. Mais quelles mesures contient-il ?
Marine Le Pen veut un impôt sur la fortune financière (IFF)
On sait depuis la présidentielle de 2022 que Marine Le Pen veut créer un impôt sur la fortune financière (IFF), en remplacement de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) instauré par Emmanuel Macron après la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Contrairement à l’IFI, l’IFF exonère la résidence principale et les actifs professionnels, notamment agricoles. Mais il réintègre tous les actifs mobiliers et les œuvres d’art acquises depuis moins de dix ans.
L’IFF devrait rapporter 3,4 milliards d’euros
Selon Marine Le Pen, l’IFF apporte une solution pour protéger les classes moyennes qui entraient parfois dans l’ISF à cause de la possession d’un patrimoine immobilier familial. Cet impôt aura les mêmes taux et les mêmes seuils que l’ancien ISF, a-t-elle promis. Il devrait toucher 250.000 personnes et rapporter 3,4 milliards d’euros. A titre de comparaison, l’ISF permettait à l’Etat d’engranger environ 4 milliards d’euros annuels, tandis que l’IFI a recueilli 1,56 milliard d’euros en 2020.
Le RN veut l’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans
Autres mesures concernant le patrimoine, l’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans. Objectif : pousser les jeunes à rester en France (trop enclins à l’exode vers les Etats Unis) et à fonder leur famille (Marine Le Pen veut relancer la natalité). Cette mesure représenterait 2 milliards d’euros de manque à gagner. Par ailleurs, le RN prévoit de mettre en place un super prêt à taux zéro jusqu’à 100.000 euros pour favoriser l’accession à la propriété.
Constituer un fonds souverain pour faire travailler l’épargne dormant des Français
Les ménages de moins de 35 ans bénéficient de plus de souplesse. Ils pourraient ne rembourser qu’à hauteur de 40% à partir du troisième enfant. Mais là encore, cette mesure sera très coûteuse avec la forte hausse des taux depuis 2022. Notons en outre que le RN veut créer un fonds souverain pour faire travailler l’épargne dormant des Français. Marine Le Pen pense que cette sur-épargne pourrait servir à financer les PME et TPE, les infrastructures nucléaires ou encore la réindustrialisation.
Comme le RN, Bruno Le Maire lorgne aussi sur ce surplus d’épargne
Son but est de capter au moins 500 milliards d’euros d’ici à 2027. Rappelons que la France a l’une des sur-épargnes les plus élevées de l’OCDE. Début 2024, Bruno Le Maire a estimé à plus de 10.000 milliards d’euros l’argent logé dans les comptes bancaires dormants en Europe. Lui aussi souhaite faire travailler ce surplus d’épargne pour la croissance, l’emploi et l’innovation. Le RN n’est donc pas le seul à lorgner dessus. Toutefois, on craint que l’ensemble de ses mesures ne creuse davantage la dette française.