Israël : l’économie tient sous le feu, mais à quel prix ?

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Après 600 jours de conflit, Israël conserve une étonnante solidité économique. Mais cette résilience a un coût social et humain croissant, selon l’économiste Jacques Bendelac.
Une économie de guerre taillée pour la survie

Depuis sa création, Israël s’est bâti sur un paradigme unique : celui d’une économie capable de fonctionner sous la pression permanente de la guerre. Jacques Bendelac, spécialiste de l’économie israélienne, évoque un « modèle unique au monde » qui a su conjuguer production, innovation technologique et sécurité nationale. Cette organisation repose sur une flexibilité institutionnelle, un tissu entrepreneurial solide et une culture de l’urgence, inscrite dans la durée.

Au cœur de cette résilience, un trésor de guerre : les 210 milliards de dollars de réserves de la Banque d’Israël. Alimentées en partie par les revenus du gaz naturel, ces ressources pourraient — selon Bendelac — financer une guerre pendant dix années. Ce chiffre symbolise autant la robustesse du système financier que l’ampleur de l’effort budgétaire dédié à la défense nationale. Un arsenal économique dissuasif, mais non infini.

L’économie israélienne continue de fonctionner, mais sous contrainte. La production industrielle s’ajuste, les exportations résistent, et l’innovation technologique reste active, notamment dans les secteurs liés à la défense et à la cybersécurité. Toutefois, cette résistance repose sur un fragile équilibre : la stabilité des marchés, la confiance des investisseurs, et l’absence d’extension du conflit à grande échelle.

Le coût intérieur d’une guerre sans fin

Si l’économie globale tient, la population, elle, s’essouffle. L’année 2024 est, selon Bendelac, « la plus mauvaise depuis 40 ans » sur le plan économique. La hausse continue des prix, l’envolée des taux d’intérêt et l’alourdissement de la fiscalité étranglent les classes moyennes. Le conflit pèse sur la consommation, sur l’investissement privé et surtout sur le moral des ménages.

Les populations du nord et du sud, les plus exposées aux hostilités, sont également les plus fragiles sur le plan économique. Appauvrissement, pertes d’emplois, destructions d’habitations : le conflit amplifie les inégalités territoriales et sociales. Des milliers d’Israéliens doivent être indemnisés, hébergés, soutenus, mettant à rude épreuve les dispositifs de solidarité.

Deux piliers essentiels de l’économie israélienne — l’agriculture et le tourisme — sont à l’agonie. L’incertitude sécuritaire a vidé les hôtels, les sites religieux, les marchés. Les agriculteurs, souvent proches des zones sensibles, peinent à maintenir leur production. Cette désorganisation sectorielle risque de laisser des cicatrices durables sur l’économie réelle.

Entre espoir économique et dépendance militaire

Malgré tout, Jacques Bendelac reste confiant : en cas de cessez-le-feu durable, l’économie israélienne pourrait rebondir rapidement. La demande intérieure repartirait, les flux touristiques reviendraient, et les investissements étrangers pourraient affluer à nouveau. L’histoire économique d’Israël montre que les périodes de guerre ont souvent été suivies de croissances soutenues.

L’économiste salue l’approche « business-oriented » de Donald Trump, pour qui l’argument économique prime dans toute négociation stratégique. Cette perspective, bien que controversée, repose sur une idée simple : il est plus coûteux de faire la guerre que de conclure un accord. Selon Bendelac, cette logique pourrait s’imposer dans le dialogue régional, y compris face à l’Iran.

Enfin, Bendelac insiste sur un impératif : « que l’économie reprenne le dessus sur le militaire ». Car si Israël a su survivre économiquement dans la guerre, ce modèle n’est pas soutenable indéfiniment. Replacer la prospérité collective, la justice sociale et le développement à long terme au cœur du projet israélien est la condition d’un avenir viable — et d’un espoir de paix durable.



La fibre optique : un atout stratégique pour les entreprises connectées

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Vitesse, fiabilité, compétitivité : la fibre optique s’impose aujourd’hui comme un levier de performance incontournable pour les entreprises. Bien au-delà du simple confort de navigation, elle structure désormais l’ensemble des usages numériques professionnels. Tour d’horizon des avantages et des opportunités offerts par cette connectivité très haut débit.

La fibre optique booste la productivité

La digitalisation croissante de l’économie impose aux entreprises une connectivité sans faille. Qu’il s’agisse de télétravail, de visioconférences, d’hébergement cloud, de cybersécurité ou encore de gestion des données, tous les processus critiques reposent aujourd’hui sur une connexion internet rapide et stable. La fibre optique répond parfaitement à ces exigences, bien plus efficacement que les connexions ADSL traditionnelles ou même les réseaux 4G/5G.

Avec ses débits symétriques pouvant atteindre 1 Gbit/s, voire davantage selon les offres professionnelles, la fibre permet des transferts de données ultra-rapides, sans latence ni coupure. Ce gain de temps se traduit par une productivité accrue au quotidien. Finis les ralentissements en plein envoi de fichiers lourds ou les appels vidéo hachés : la continuité des activités est assurée, même en période de forte sollicitation.

Un vecteur de compétitivité pour les PME comme pour les grands groupes

Contrairement aux idées reçues, la fibre optique ne s’adresse pas uniquement aux grands groupes. Les PME, start-up et entreprises de taille intermédiaire en tirent également de nombreux bénéfices, dans un environnement concurrentiel de plus en plus exigeant.

Elle permet notamment de déployer efficacement des outils collaboratifs en ligne (comme Microsoft Teams ou Google Workspace), d’accéder rapidement à des plateformes SaaS, de sécuriser les flux via des solutions de sauvegarde en temps réel, ou encore de connecter des systèmes de production à distance. Autant de fonctionnalités qui modernisent le fonctionnement interne tout en optimisant les coûts.

Les entreprises disposant de plusieurs sites profitent aussi d’une interconnexion fluide entre leurs établissements. Grâce à la fibre, elles peuvent centraliser leurs données, mutualiser leurs ressources informatiques et piloter leurs activités en temps réel, quel que soit leur domaine d’activité.

FTTO : la fibre dédiée pour les entreprises exigeantes

Toutes les fibres ne se valent pas. Si les offres FTTH (Fiber To The Home) peuvent suffire à certains usages, les entreprises ayant des besoins critiques privilégieront la FTTO (Fiber To The Office). Cette technologie repose sur une fibre dédiée, entièrement isolée du réseau grand public, garantissant ainsi des débits symétriques, constants et hautement sécurisés.

Bon nombre d’opérateurs télécoms commercialisent des offres FTTO performantes. On peut notamment citer Stelogy, qui propose une fibre dédiée pensée pour les entreprises recherchant une infrastructure fiable, puissante et évolutive. Ce type d’offre garantit une qualité de service premium.

La FTTO est particulièrement recommandée pour les structures manipulant de gros volumes de données, les métiers de l’audiovisuel, les centres d’appels, les bureaux d’études ou encore les établissements de santé, mais pas que car elle permet d’obtenir une qualité de service très élevée. Il s’agit là d’un investissement stratégique, souvent déterminant pour le bon fonctionnement de l’activité.

Une opportunité pour les professionnels du numérique

Dans ce contexte porteur, les acteurs de l’écosystème numérique ont tout intérêt à intégrer la fibre optique dans leur gamme de services. De plus en plus de prestataires informatiques, intégrateurs ou revendeurs IT choisissent ainsi de devenir distributeur télécom, afin de répondre aux attentes croissantes de leurs clients en matière de connectivité.

Ce positionnement leur permet de diversifier leurs sources de revenus, de proposer des solutions clés en main, et de renforcer la fidélité de leur clientèle. En collaborant avec des opérateurs comme Stelogy, les revendeurs de service télécom ont accès à des offres fibre pro sur mesure, accompagnées d’un soutien technique et commercial dédié. Une stratégie gagnante à une époque où les entreprises recherchent des prestataires capables de leur fournir un service global, de l’installation à la maintenance.

 

En définitive, la fibre optique ne se résume pas à une simple amélioration du débit internet. Elle est devenue un pilier de la transformation numérique des entreprises, en leur offrant les moyens techniques à la hauteur de leurs ambitions stratégiques. Productivité, sécurité, agilité : ses bénéfices sont nombreux, concrets et durables.

Tourisme : un été 2025 prometteur sous l’effet des JO de Paris

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Porté par l’attractivité post-olympique et la fréquentation étrangère, l’été 2025 s’annonce dynamique pour le tourisme en France, malgré un contexte incertain.
Un début d’année solide qui rassure les professionnels

Au 30 avril 2025, les visiteurs étrangers avaient déjà généré 21,4 milliards d’euros de recettes touristiques, soit une hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre confirme un début d’année robuste, en particulier grâce à la clientèle européenne. Le ministère du Tourisme et Atout France se félicitent de ces performances, qui laissent augurer une saison estivale très favorable.

Les clientèles allemandes, néerlandaises et espagnoles sont à l’origine de la plus forte progression : +25 % pour les Allemands, +24 % pour les Néerlandais et +15 % pour les Espagnols. Seule exception notable : la baisse de 18 % des visiteurs britanniques, une tendance attribuée à l’effet combiné de l’inflation outre-Manche et du recul de la livre sterling. La fréquentation européenne reste néanmoins le socle solide de la dynamique française.

Malgré une conjoncture géopolitique complexe – tensions au Proche-Orient, élections incertaines aux États-Unis, prudence des tour-opérateurs – le tourisme en France reste stable. La confiance des acteurs du secteur repose sur une réputation d’accueil, une diversité d’offres culturelles et naturelles, et une accessibilité géographique qui continue de séduire les clientèles internationales.

Un « effet Jeux » toujours visible dans les réservations

Les réservations de locations saisonnières pour l’été 2025 affichent une hausse de 16 % entre juin et août par rapport à 2024 (source FTO-LightHouse). Cette augmentation se confirme dans l’hôtellerie de plein air, avec une progression prévue de 1,7 % des nuitées pour les mois de juillet et août. Cette tendance, amorcée dès le printemps, s’explique par l’attrait post-olympique des sites liés aux Jeux de Paris 2024.

Les prévisions d’arrivées aériennes pour juin-août 2025 annoncent une hausse de 4,7 % par rapport à l’année précédente (source ForwardKeys). Les touristes venus de Scandinavie, du Canada, de Chine et d’Australie seront plus nombreux cet été. L’intérêt pour la destination France se maintient également auprès des Américains, avec une croissance plus modeste (+3 %), mais constante depuis trois ans.

Le « soft power » des Jeux de Paris 2024 continue de produire ses effets. Les infrastructures améliorées, la couverture médiatique mondiale et la mise en avant du patrimoine français lors des cérémonies ont laissé une empreinte favorable dans l’imaginaire touristique. Paris et sa région captent toujours une large part de la fréquentation, mais les régions, notamment la Côte d’Azur, l’Occitanie et la Bretagne, tirent aussi leur épingle du jeu.

Vers une stratégie de valeur pour un tourisme plus rentable

La ministre du Tourisme Nathalie Delattre a souligné dans Les Échos la nécessité de « travailler sur notre stratégie de valeur ». L’objectif n’est plus seulement quantitatif : il s’agit de faire en sorte que chaque touriste dépense davantage, en privilégiant des offres à haute valeur ajoutée. Ce recentrage stratégique vise à renforcer la rentabilité du secteur tout en limitant la pression sur les infrastructures.

La croissance du tourisme ne va pas sans interrogations environnementales. Quels marchés prioriser pour maximiser les recettes sans aggraver le bilan carbone ? Comment limiter la saturation de certains sites tout en favorisant le développement de nouveaux territoires ? Le ministère et Atout France travaillent à une refonte du modèle touristique français, plus sélectif, mieux réparti et plus durable.

Un plan d’action visant à simplifier les démarches administratives pour les acteurs du tourisme est attendu d’ici fin juillet. Il devrait inclure des mesures de soutien à l’investissement, de modernisation des structures d’accueil, et de promotion ciblée sur les marchés émergents. L’enjeu : maintenir l’excellence française dans un environnement mondial de plus en plus concurrentiel.



Trump Mobile : la famille Trump entre patriotes et pixels

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Avec Trump Mobile, les fils de l’ancien président américain lancent une offre téléphonique nationale et engageante, mêlant marketing, politique et stratégie commerciale.
Une offensive commerciale soigneusement orchestrée

Le 16 juin 2025, Donald Trump Jr. et Eric Trump ont présenté officiellement Trump Mobile lors d’un événement organisé à la Trump Tower. Il ne s’agit pas d’une simple initiative commerciale, mais bien d’une incursion stratégique dans l’univers très concurrentiel de la téléphonie mobile américaine. Trump Mobile est un MVNO (opérateur virtuel) qui s’appuie sur les réseaux existants des grands opérateurs que sont Verizon, T-Mobile et AT&T. C’est donc un service sans infrastructure propre, mais à forte identité de marque, qui vise une audience idéologiquement engagée et fidèle à la famille Trump. Cette approche révèle une stratégie de marque plus large, qui vise à ancrer le nom Trump dans tous les secteurs où il peut résonner comme symbole politique autant que commercial.

Accompagnant le lancement du service, la famille Trump a révélé un smartphone baptisé « T1 Phone », affiché au prix de 499 dollars. L’appareil, au design doré et aux lignes très affirmées, est annoncé comme entièrement conçu et fabriqué aux États-Unis. Bien qu’aucune démonstration technique n’ait encore été faite, le téléphone fonctionne sous Android 15 et se présente comme une alternative patriote aux marques asiatiques, notamment chinoises et sud-coréennes. Dans l’esthétique comme dans le discours, le T1 Phone incarne le credo marketing de l’entreprise : l’affirmation d’une identité nationale, hautement symbolique, résolument opposée à la mondialisation libérale.

Trump Mobile propose un forfait phare nommé « The 47 Plan », en référence au souhait de Donald Trump de redevenir le 47e président des États-Unis. Facturé 47,45 dollars par mois, il comprend appels, SMS et données illimités, une assistance routière, et même un accès à des services de télémédecine. Le tout est présenté sous un angle clairement idéologique : un service téléphonique réservé aux « patriotes », aligné avec les valeurs de l’« America First ». Le service client promet d’ailleurs d’être entièrement basé aux États-Unis, dans un souci de cohérence avec le positionnement nationaliste de l’ensemble.

Les atouts et limites d’un positionnement nationaliste

La principale force du projet Trump Mobile réside dans sa capacité à mobiliser un imaginaire collectif autour de la production nationale. Depuis des années, Donald Trump martèle son engagement en faveur du « Buy American » et cette offre téléphonique semble en être une traduction directe. Le smartphone doré, assemblé en sol américain selon les déclarations, incarne la promesse d’une autonomie industrielle retrouvée. Ce discours s’adresse à un public très spécifique : la base électorale trumpiste, pour qui consommer devient aussi un acte politique. L’élément de distinction repose moins sur l’innovation technique que sur la charge symbolique du produit.

Trump Mobile fonctionne comme MVNO, c’est-à-dire qu’il ne dispose pas de son propre réseau, mais utilise les infrastructures de Verizon, T-Mobile et AT&T. Ce choix garantit une couverture nationale de grande qualité tout en limitant les investissements en infrastructures. Le modèle économique est donc favorable pour un lancement rapide, sans déploiement coûteux. C’est une stratégie fréquemment utilisée par les nouveaux entrants du marché, mais Trump Mobile bénéficie ici d’une puissance de feu marketing hors normes. Reste à savoir si cela suffira à créer une base d’abonnés durable.

Le principal risque de Trump Mobile réside dans sa posture très clivante. En liant explicitement le service à la campagne présidentielle et à l’imaginaire trumpiste, l’entreprise limite de fait son audience potentielle. Les consommateurs non alignés politiquement ou hostiles au personnage de Donald Trump seront peu enclins à souscrire à une telle offre, quel que soit son intérêt technique. En outre, des questions persistent quant à la vérité des affirmations sur l’origine du smartphone, qui pourraient alimenter des controverses et affaiblir le message de souveraineté.

Un coup marketing avant tout politique

Trump Mobile ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification de l’empire Trump, qui s’étend désormais bien au-delà de l’immobilier et du divertissement. Depuis 2023, Donald Trump Jr. et Eric Trump ont lancé une gamme de baskets, un parfum, un ETF Bitcoin, et des projets hôteliers au Moyen-Orient. La marque Trump devient un vecteur identitaire multi-sectoriel, où la politique est au service du commerce, et réciproquement. La création de Trump Mobile s’inscrit donc dans cette logique de captation d’une clientèle politiquement engagée.

Ce projet soulève néanmoins des questions majeures sur le plan éthique et institutionnel. Alors que Donald Trump est en campagne pour un nouveau mandat, l’utilisation de son image dans un service commercial interroge sur la frontière entre sphère publique et intérêt privé. Le nom du forfait phare, « The 47 Plan », est à lui seul un signal clair de cette interpénétration. Les observateurs s’inquiètent de la banalisation de cette confusion entre business familial et accès à la fonction suprême. Une telle pratique, si elle venait à se généraliser, poserait un véritable problème démocratique.

Trump Mobile pourrait bien inaugurer un nouveau modèle de consommation politique. En créant un « produit d’engagement », la famille Trump propose aux électeurs de ne plus seulement voter, mais aussi d’être client d’une vision du monde. Cette fusion entre marque, service et identité idéologique n’est pas sans rappeler certains modèles américains de culture d’entreprise militante. Si le succès est au rendez-vous, il pourrait inspirer d’autres figures politiques ou entrepreneuriales. Trump Mobile serait alors non pas un gadget éphémère, mais le précurseur d’une tendance durable : la marchandisation de l’engagement politique.



La consommation d’alcool et de drogues au travail a bondi de 107% depuis 2017

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Entre 2017 et 2025, la consommation d’alcool et de drogues sur les lieux de travail en France a plus que doublé. C’est ce que révèle une étude inédite publiée le 12 juin par iThylo, marque de l’entreprise Aperli, et dévoilée par franceinfo. Baptisé « Révéler ce qui ne se voit pas », le rapport met en lumière une dérive préoccupante : une augmentation de 107 % des cas positifs détectés sur les lieux de travail en huit ans, avec une progression spectaculaire de la consommation de cocaïne.

La cocaïne s’invite dans les ateliers et sur les chantiers

Longtemps perçue comme une drogue réservée à certains milieux festifs ou à des cadres urbains, la cocaïne s’est aujourd’hui diffusée dans des univers bien différents : entrepôts logistiques, ateliers, chantiers. En 2025, les cas positifs à cette drogue se sont multipliés par 13 par rapport à 2017, selon les données recueillies par iThylo lors de tests salivaires anonymes réalisés sur des milliers de salariés.

Jean-Jacques Cado, président et cofondateur de l’entreprise, observe une évolution frappante : « Là où il était extrêmement rare de dépister une personne positive à la cocaïne, on voit aujourd’hui des cas groupés dans certaines équipes ». Il cite un exemple marquant : sur un seul site industriel, huit personnes sur vingt-quatre dépistées étaient positives à cette substance.

Si la cocaïne fait une percée spectaculaire, le cannabis reste la substance la plus fréquemment retrouvée lors des tests, avec 1,8 % de taux de positivité en 2025.

Un phénomène aggravé par la précarité et l’isolement

L’étude met en évidence une vulnérabilité accrue chez les travailleurs précaires, en particulier les intérimaires. Bien qu’ils ne représentent que 15 % de l’échantillon total, ils concentrent à eux seuls 25 % des cas positifs au cannabis, 31 % à la cocaïne et 18 % à l’alcool.

Des facteurs structurels expliquent cette surreprésentation : horaires atypiques, conditions de logement souvent précaires, faible intégration au collectif de travail, isolement social et accès limité à l’information et à la prévention. Autant d’éléments qui favorisent le glissement vers des consommations addictives banalisées.

Jean-Claude Delgennes, expert en santé au travail et auteur d’un ouvrage consacré aux addictions en entreprise, confirme cette tendance : « Il ne s’agit pas uniquement de consommateurs réguliers. Certains sont simplement exposés à un environnement professionnel dans lequel l’usage de drogues devient culturellement accepté, voire intégré au quotidien. »

L’alcool, un usage rythmé par les horaires de travail

L’étude souligne également des usages d’alcool spécifiques à certains rythmes de travail. Les consommations s’intensifient notamment en fin de journée et le vendredi, avec des taux de positivité parfois deux fois supérieurs à la moyenne, particulièrement chez les salariés effectuant des horaires décalés ou nocturnes.

Cette tendance s’est fortement accentuée depuis la pandémie de Covid-19. Alors que les taux restaient relativement stables entre 2017 et 2021, les trois années suivantes ont marqué un tournant net. Entre 2022 et 2024, les cas positifs ont bondi de 43 % pour l’alcool et de 52 % pour l’ensemble des stupéfiants. Une « rupture claire avec la période pré-Covid », selon les auteurs du rapport.

Une banalisation inquiétante, un angle mort des politiques de prévention

L’un des constats majeurs de cette étude est la normalisation silencieuse de la consommation de substances psychoactives en entreprise. « Ce phénomène s’ancre dans les failles structurelles du monde du travail », alerte iThylo, pointant les limites des politiques de prévention actuelles, souvent centrées sur les cadres ou les postes à responsabilité, et ignorant la réalité du terrain chez les travailleurs les plus exposés.

La marque appelle à un changement de paradigme : une prévention plus inclusive, plus réaliste et mieux adaptée aux besoins du terrain. Pour cela, iThylo plaide pour des interventions portées par des professionnels légitimes, une prise en compte de tous les statuts – y compris les intérimaires – et la mise en place de dispositifs d’écoute durables.

Un enjeu de santé publique et de sécurité au travail

Au-delà de la question sanitaire, cette montée en flèche des consommations d’alcool et de drogues en milieu professionnel pose un véritable problème de sécurité, notamment dans les secteurs à risque comme le BTP, la logistique ou l’industrie.

Alors que les usages évoluent, souvent dans l’ombre, les entreprises, les pouvoirs publics et les acteurs de la prévention sont appelés à réagir face à un phénomène aussi massif que méconnu. Car ce qui se joue, c’est autant la santé des salariés que la sécurité de tous.

L’État reprend la main sur les supercalculateurs d’Atos

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Face aux difficultés d’Atos, le gouvernement propose de racheter ses activités stratégiques de calcul avancé pour garantir la souveraineté technologique de la France.
Protéger une technologie critique : le choix d’un État stratège

Les supercalculateurs ne font jamais la une des journaux et n’apparaissent dans aucune campagne électorale. Pourtant, ces machines de calcul extrême, capables d’effectuer des milliards d’opérations à la seconde, sont le socle invisible de la puissance technologique d’un État. Dans le cas de la France, ils jouent un rôle fondamental dans la simulation nucléaire, la recherche climatique, les projets de santé de précision ou encore le développement de l’intelligence artificielle. Leur maîtrise ne relève pas de l’innovation de confort, mais bien d’un attribut de souveraineté. À l’heure où les puissances mondiales — États-Unis, Chine, Inde — investissent massivement dans ce domaine, la France ne peut se permettre de perdre la main.

Ancien fleuron technologique français, Atos est aujourd’hui en grande difficulté. Endetté à hauteur de plus de 2 milliards d’euros, affaibli par des décisions stratégiques contestées, le groupe cherche à se désendetter en cédant des actifs. Or, parmi les divisions mises en vente figurent des briques critiques : calcul haute performance, informatique quantique, IA appliquée… Autrement dit, des savoir-faire qui intéressent des concurrents ou fonds étrangers. En intervenant rapidement, l’État évite un démantèlement technologique qui aurait pu aboutir à une perte de souveraineté dans des secteurs aussi stratégiques que la défense ou la cybersécurité.

Ce type d’intervention n’est pas inédit. L’État français a déjà, par le passé, injecté du capital pour préserver des actifs industriels jugés vitaux : Alstom en 2004, STX France (devenu Chantiers de l’Atlantique), Technip… Ces actions visent moins à nationaliser durablement qu’à temporiser et stabiliser des situations de crise. En ce sens, l’offre ferme adressée à Atos — pour un montant de 410 millions d’euros — s’inscrit dans cette doctrine du “capitalisme d’intérêt général” où la main de l’État garantit la continuité d’activités jugées non substituables.

Une opération de rachat encadrée, conditionnée et ciblée

L’offre formulée par l’Agence des participations de l’État (APE) valorise les actifs visés à 410 millions d’euros, dont 110 millions sont conditionnés à l’atteinte d’objectifs de performance sur les exercices 2025 et 2026. Une somme notable, bien que sensiblement inférieure à la fourchette initialement estimée à l’automne 2024 (500 à 625 millions). Cette décote s’explique par l’exclusion de certaines activités comme Vision AI, mais reflète aussi la volonté de l’État d’imposer des conditions strictes, notamment en termes de maintien d’emplois, de transfert de propriété intellectuelle, et de localisation des centres de calcul en France.

La cession ne concerne pas l’ensemble d’Atos, mais uniquement ses activités dites de « calcul avancé » : le HPC (High Performance Computing), l’informatique quantique, le business computing, et les solutions IA pour la défense. Ces activités regroupent environ 2 500 salariés, répartis principalement en France, mais aussi en Allemagne et au Royaume-Uni. En 2025, leur chiffre d’affaires prévisionnel est estimé à 800 millions d’euros. Ces divisions sont aussi celles qui entretiennent des contrats sensibles avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), la Direction générale de l’armement (DGA), et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Le processus de rachat suit un calendrier serré mais structuré. Après consultation des instances représentatives du personnel d’Atos et autorisation des autorités européennes de la concurrence, la signature de l’accord engageant est attendue à l’automne 2025. La finalisation opérationnelle interviendra au premier semestre 2026, ce qui laisse le temps à l’État de monter une structure de gouvernance transitoire pour ces actifs. À terme, un adossement à une autre entreprise publique (Thales, CEA Tech, voire Airbus Defence & Space) n’est pas exclu.

Une manœuvre aux conséquences industrielles et géopolitiques

Le produit de la vente offre à Atos une bouffée d’oxygène pour rembourser une partie de sa dette et recentrer son modèle économique. La firme devrait désormais se recentrer sur ses services numériques (cloud, conseil, cybersécurité civile). Mais le groupe reste fragilisé. Le départ de ses actifs stratégiques l’ampute d’une partie de son prestige technologique. Il lui faudra prouver qu’il peut survivre en tant qu’ESN (entreprise de services numériques) dans un marché hautement concurrentiel. La confiance des actionnaires reste ébranlée, et la direction générale devra stabiliser rapidement son périmètre pour éviter une nouvelle crise.

Ce rachat symbolise un changement de paradigme. Depuis les années 1990, l’État s’était progressivement retiré de la gouvernance industrielle directe, préférant la régulation à l’intervention. Ce geste envers Atos marque un tournant : face aux tensions géopolitiques, à l’inflation des dépendances numériques (notamment vis-à-vis des clouds américains), et à la guerre économique globale, l’État réaffirme sa mission protectrice. Ce retour assumé de l’intervention publique dans les technologies critiques pourrait se généraliser à d’autres domaines : batteries, semi-conducteurs, IA générative.

Enfin, cette reprise est un message adressé aux partenaires européens : il n’est plus question de vendre à la découpe les infrastructures technologiques clés de l’UE. Elle pourrait inspirer d’autres pays confrontés à la fragilité de leurs champions nationaux. La France, déjà moteur dans les projets européens de cloud souverain (GAIA-X, Numspot), ambitionne d’incarner un modèle de vigilance stratégique dans l’économie de la donnée. La reprise des supercalculateurs d’Atos n’est donc pas une simple opération de sauvetage : elle s’inscrit dans une doctrine de défense technologique active à l’échelle continentale.



Casino s’exporte : 210 magasins prévus au Maroc d’ici 2035

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Le groupe français Casino, en difficulté sur le marché national, engage une vaste offensive commerciale au Maroc, misant sur la franchise et la proximité urbaine.

Un partenariat stratégique pour reconquérir l’international

Le groupe Casino a officialisé, lundi 27 mai, un partenariat avec le conglomérat marocain H&S Invest Holding, dirigé par l’ex-ministre Moncef Belkhayat. Cette entente prévoit l’ouverture de 210 magasins sous enseignes Franprix et Monoprix d’ici 2035 sur l’ensemble du territoire marocain. Il s’agit pour Casino d’un retour offensif à l’international, après plusieurs années de recul en Amérique latine et de cessions d’actifs en France. Le contrat prend la forme d’une master franchise exclusive, une formule qui permet au groupe de conserver la maîtrise de son image tout en déléguant l’opérationnel.

Ce choix de l’internationalisation par la franchise n’est pas un hasard. Casino, qui a vendu récemment plusieurs actifs en France pour se désendetter, trouve dans ce modèle un levier de croissance à moindre coût. Le développement à l’étranger repose sur des partenaires solides, capables d’investir massivement tout en respectant les standards du groupe. Monoprix et Franprix, marques reconnues pour leur offre de proximité urbaine, sont jugées particulièrement adaptées aux grandes villes marocaines, où la classe moyenne urbaine est en forte expansion.

Le marché marocain de la distribution est en mutation rapide. Si Marjane et Carrefour y sont bien implantés, l’offre de commerce de proximité moderne reste limitée. C’est sur ce créneau que Casino entend se positionner, en proposant des formats compacts, urbains, qualitatifs et digitalisés. Cette offensive vise aussi à contrer la montée en puissance d’acteurs locaux, de plus en plus compétitifs, tout en capitalisant sur l’image premium de ses enseignes. L’implantation du premier magasin est prévue pour 2026, signe que l’opération est déjà bien engagée.

Monoprix et Franprix : un concept pensé pour le consommateur marocain

Les enseignes Monoprix et Franprix, développées depuis des décennies en France, reposent sur un modèle hybride de grande distribution et de commerce de proximité. Produits frais, snacking, restauration, services (pressing, livraison, etc.), ces magasins se veulent des lieux de vie autant que des points de vente. L’adaptation au marché marocain reposera sur la capacité à intégrer les attentes spécifiques d’un public urbain, jeune, mobile, tout en préservant les codes qui font le succès de ces enseignes en France.

Casino et H&S Invest Holding souhaitent positionner les enseignes comme des références en matière de qualité des produits, de traçabilité et d’offre équilibrée entre références françaises et productions locales. L’accent sera mis sur les produits frais, les circuits courts quand cela est possible, et une logique de différenciation par la gamme plutôt que par le prix. L’objectif est clair : séduire une clientèle exigeante, prête à payer un peu plus pour une expérience d’achat plus fluide et rassurante.

Les futurs magasins intégreront des services innovants déjà en test ou déployés en France : caisses automatiques, click and collect, livraison rapide, applications mobiles avec programmes de fidélité intégrés, etc. Cette dimension technologique constitue un atout clé dans un marché marocain où la jeunesse urbaine est ultra-connectée. Casino ambitionne ainsi d’importer non seulement un savoir-faire logistique, mais aussi une culture de service où le digital prolonge l’expérience physique, en magasin comme à domicile.

Un projet économique structurant pour le Maroc

L’installation de 210 magasins sur une décennie représente un investissement logistique massif, avec des effets d’entraînement sur l’immobilier, les transports, et les réseaux de fournisseurs locaux. H&S Invest Holding a annoncé la création de plus de 1 000 emplois directs et indirects, répartis sur l’ensemble du Royaume. Le maillage territorial du projet promet de stimuler le commerce local, y compris dans des zones aujourd’hui peu desservies par la distribution moderne.

Ce projet s’inscrit dans la continuité des relations économiques fortes entre la France et le Maroc. Casino et H&S Invest entendent faire de ce programme une vitrine de coopération bilatérale, à l’heure où les tensions diplomatiques passées laissent place à un climat de relance économique. En s’alliant à un acteur local de poids, le groupe français évite l’écueil du projet perçu comme néocolonial. L’approche est partenariale, avec une gouvernance partagée et une ambition clairement affichée de créer de la valeur localement.

L’arrivée de Monoprix et Franprix devrait contribuer à faire évoluer les standards du commerce marocain, en introduisant de nouvelles exigences en matière de service, d’esthétique, de parcours client. Si le modèle rencontre son public, il pourrait inciter d’autres enseignes françaises ou européennes à envisager des implantations similaires. À terme, cette dynamique pourrait reconfigurer le paysage de la grande distribution au Maroc, en accélérant sa professionnalisation, sa digitalisation, et sa segmentation haut de gamme.



À Versailles, Macron joue la carte du « Choose France »

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Le président reçoit 200 patrons internationaux au château de Versailles pour promouvoir l’attractivité de la France et engranger des milliards d’euros d’investissements.

Un rendez-vous devenu incontournable pour séduire les grands investisseurs

C’est dans le faste du château de Versailles, haut lieu du pouvoir symbolique, qu’Emmanuel Macron a une nouvelle fois accueilli les dirigeants des plus grandes entreprises mondiales. Le 8e sommet « Choose France », organisé lundi 13 mai 2025, a réuni près de 200 chefs d’entreprise issus de tous les continents. Parmi eux, des figures de poids comme Larry Fink (BlackRock), Martin Lundstedt (Volvo), ou encore le président de Coca-Cola Europe. En installant cet événement dans ce cadre aussi prestigieux que politique, Emmanuel Macron entend réaffirmer que la France est ouverte, accueillante et compétitive sur le terrain de l’investissement international.

L’objectif de l’exécutif était clair : battre le record d’annonces d’investissements, établi à 13 milliards d’euros en 2023. Il semble atteint. Selon les premières estimations, ce sont plus de 20 milliards d’euros qui ont été promis, dans des secteurs aussi variés que les infrastructures logistiques, l’industrie pharmaceutique, les technologies numériques et les énergies renouvelables. L’exemple le plus emblématique est celui de Prologis, géant américain de l’immobilier logistique, qui prévoit à lui seul d’investir 6,4 milliards d’euros en France, avec la construction de 750 000 m² d’entrepôts d’ici 2028, et la création de plusieurs milliers d’emplois.

Pour accompagner cette édition, Emmanuel Macron a repris avec ironie une expression qui avait fait scandale en 2018 : « un pognon de dingue ». Cette fois-ci, la formule devient un slogan positif. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le président s’affiche détendu, en tee-shirt, enchaînant les annonces avec un ton volontiers direct. Une manière assumée de reprendre la main sur la communication, de désamorcer les critiques passées, et de mettre en scène une France attractive, conquérante et moderne.

Une politique de l’attractivité assumée comme priorité économique

Pour attirer ces investissements, Emmanuel Macron et ses ministres n’ont cessé de vanter les réformes entreprises depuis 2017. Réduction de la fiscalité sur les entreprises, assouplissement du droit du travail, simplification administrative : autant de mesures que les investisseurs étrangers perçoivent comme des signaux positifs. Le président se félicite d’avoir fait de la France, selon plusieurs classements européens, la première destination pour les investissements directs étrangers (IDE) sur le Vieux Continent pour la quatrième année consécutive.

L’essentiel des investissements annoncés concerne des domaines jugés stratégiques par l’exécutif : data centers, logistique verte, industrie pharmaceutique, intelligence artificielle et transition énergétique. Cette orientation répond à une double logique : d’une part, faire de la France un acteur central de la réindustrialisation verte en Europe ; d’autre part, renforcer l’autonomie technologique du pays dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. Le gouvernement espère ainsi enclencher un effet de levier dans les territoires, en stimulant la recherche, la formation et l’emploi autour de ces filières.

En complément des annonces économiques, le sommet Choose France est devenu une vitrine diplomatique et médiatique. Chaque année, le château de Versailles se transforme en outil d’influence où les grandes entreprises sont valorisées, les dirigeants écoutés, et les projets exposés en détail. L’exécutif mise sur cet effet d’image, couplé à une narration continue sur les réseaux sociaux, pour convaincre autant les partenaires étrangers que l’opinion publique nationale de l’efficacité de sa politique économique.

Retombées, limites et critiques d’un exercice bien rodé

Parmi les retombées les plus concrètes, le gouvernement met en avant la création de plusieurs milliers d’emplois directs et indirects. Les projets annoncés doivent permettre une implantation sur tout le territoire, y compris dans des zones rurales ou périurbaines. L’investissement de Prologis, par exemple, se fera en grande partie en dehors de l’Île-de-France, contribuant ainsi à la revitalisation économique de plusieurs régions. Cette territorialisation est centrale dans le récit présidentiel, qui entend démontrer que l’attractivité économique bénéficie à tous les Français.

Attirer des entreprises étrangères, oui — mais pas à n’importe quel prix. C’est le pari de Macron : favoriser les implantations dans les secteurs d’avenir, de manière à renforcer la souveraineté nationale. L’accueil de nouveaux data centers, l’implantation de lignes de production de batteries ou encore le développement de laboratoires de biotechnologie visent à bâtir une économie plus résiliente face aux crises. Le président entend ainsi montrer que l’investissement étranger peut servir une stratégie d’intérêt général, loin des logiques purement financières des décennies passées.

Pour autant, les détracteurs du sommet Choose France rappellent que les montants promis ne se traduisent pas toujours en emplois concrets, ni en investissements pérennes. Certains projets tardent à se matérialiser, d’autres ne créent que des emplois très qualifiés, peu accessibles aux populations locales. Des économistes pointent aussi le risque de dépendance à des capitaux extérieurs et l’absence de conditionnalités sociales ou environnementales suffisantes. Enfin, les oppositions politiques dénoncent une mise en scène coûteuse au service d’un président « start-up nation » plus soucieux de l’image que de la réalité industrielle.



Philippe Brassac revendique la fierté fiscale du Crédit Agricole

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Alors que la pression monte sur les grandes entreprises sommées de justifier leur rôle dans le financement de la Nation, le Crédit Agricole revendique haut et fort sa place de premier contributeur fiscal en France. Son directeur général, Philippe Brassac, défend une conception exigeante de la responsabilité d’entreprise et réaffirme l’ancrage coopératif du groupe à l’heure où la défiance envers les grands acteurs économiques n’a jamais été aussi forte.
Être le premier contributeur fiscal : entre poids financier et devoir national

C’est avec un mélange de fierté et de gravité que Philippe Brassac affirme que le Crédit Agricole est le premier contributeur fiscal en France. Une déclaration forte, à contre-courant du silence habituel des grandes entreprises sur leur charge fiscale, souvent reléguée au rang des contraintes techniques. Pourtant, le fait est là : entre impôts sur les sociétés, taxes locales, charges sociales et autres prélèvements, le groupe mutualiste verse plusieurs milliards d’euros par an dans les caisses de l’État. Cette position de leader n’est pas anecdotique : elle place la banque dans une posture inédite d’acteur central du financement de la puissance publique, bien au-delà de son rôle traditionnel de financeur de l’économie réelle.

Alors que la question de l’évasion fiscale cristallise depuis plusieurs années les tensions entre multinationales et opinion publique, Philippe Brassac choisit de faire de la contribution fiscale un sujet de communication stratégique. Cette démarche tranche avec l’opacité d’autres grands groupes, souvent soupçonnés de jouer avec les montages internationaux pour échapper à l’impôt. En revendiquant sa place de premier payeur d’impôts, le Crédit Agricole prend le contre-pied d’un récit dominant : celui d’entreprises déconnectées de leur environnement national. Le message est clair : le groupe assume son rôle de partenaire de l’État, sans faux-semblants ni contournements.

Cette revendication s’inscrit dans une logique profondément cohérente avec l’ADN du Crédit Agricole. Contrairement aux banques cotées classiques, le groupe fonctionne selon un modèle coopératif, où les décisions sont prises au plus près des territoires, et où les profits sont majoritairement réinvestis dans l’activité. Se présenter comme le premier contributeur fiscal, c’est aussi réaffirmer cette singularité : une banque proche du terrain, solidaire, enracinée. Philippe Brassac le rappelle avec constance : le Crédit Agricole ne délocalise ni ses bénéfices, ni ses responsabilités. Il les assume pleinement, dans l’hexagone, au service d’un bien commun fiscalement nourri.

Une conception exigeante de la fiscalité comme acte républicain

Dans la bouche de Philippe Brassac, la fiscalité ne relève pas d’un calcul d’optimisation, mais d’un engagement de principe. « L’impôt est un acte citoyen », dit-il en substance, en assumant que ce devoir, souvent perçu comme une charge, peut être un levier de légitimité. Cette position est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit à rebours du discours dominant des dernières décennies, qui a souvent réduit l’impôt à un coût à maîtriser, voire à fuir. Pour le patron du Crédit Agricole, au contraire, contribuer à l’effort collectif, c’est renforcer le lien de confiance entre l’entreprise et la nation. Une entreprise prospère n’est pas simplement performante : elle est utile.

La fiscalité n’est pas abstraite dans l’esprit de Brassac. Elle prend corps dans les écoles, les hôpitaux, les infrastructures, les collectivités locales. Elle irrigue la République. Le Crédit Agricole, fort de ses 39 caisses régionales et de sa présence historique dans tous les territoires, en est un témoin privilégié. En défendant cette vision, son directeur général affirme aussi une lecture non technocratique de l’économie : une lecture incarnée, tangible, où l’impôt n’est pas le résultat d’un arbitrage mais d’une responsabilité assumée. Cette approche remet l’humain au centre de l’analyse fiscale, et donne au groupe une épaisseur politique certaine.

Si Philippe Brassac ne vise personne, son propos résonne comme un appel à ses pairs. Dans un moment où la crise démocratique s’accompagne d’un rejet croissant des élites économiques, montrer que l’on paie ses impôts — et que l’on en est fier — est un acte de clarification. Il ne s’agit plus seulement de se défendre, mais de réaffirmer une forme d’exemplarité. La déclaration du patron du Crédit Agricole sonne donc aussi comme un rappel à l’ordre à destination des grands groupes internationaux, parfois tentés de ruser avec le système fiscal français. Elle redessine les contours d’un capitalisme à la française, à la fois performant, ancré et responsable.

Gouvernance, transition, performance : le Crédit Agricole à la croisée des chemins

La force du Crédit Agricole, c’est d’avoir réussi à allier stabilité financière et mission d’intérêt général. En 2024, malgré un contexte économique tendu, la banque a affiché des résultats solides, fruit d’une gestion prudente et d’un ancrage durable. Sa rentabilité n’est pas portée par des paris spéculatifs, mais par le financement de l’économie réelle, des agriculteurs, des PME, des collectivités. C’est cette robustesse qui lui permet aussi d’assumer pleinement ses obligations fiscales, tout en poursuivant ses investissements dans la modernisation de ses services et dans l’accompagnement de la transition écologique.

Après dix années à la tête du groupe, Philippe Brassac prépare son départ, laissant les rênes à Olivier Gavalda. Ce passage de témoin s’opère dans un climat de confiance, où la ligne stratégique semble largement consensuelle. L’objectif est clair : maintenir la performance tout en renforçant l’engagement du groupe dans les grands enjeux contemporains — climat, inclusion, cohésion territoriale. La défense d’une fiscalité responsable apparaît alors comme un socle non négociable de cette continuité. Ce n’est pas une posture de communication : c’est un engagement structurel.

Le discours de Philippe Brassac dépasse le champ bancaire. En se positionnant comme acteur majeur du financement public, le Crédit Agricole entend être un rouage actif dans la transformation du pays. À l’heure où l’État cherche à mobiliser les grands groupes pour répondre aux défis écologiques, numériques et sociaux, cette posture lui confère un rôle stratégique. Être le premier contributeur fiscal ne suffit pas : encore faut-il orienter cette contribution vers les grands chantiers du futur. Et c’est bien cette ambition qu’esquisse Brassac : faire du Crédit Agricole un pilier à la fois économique, social et républicain de la France d’aujourd’hui et de demain.



Ransomware : un fléau coûteux qui pousse les entreprises françaises à supprimer des emplois

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Malgré des investissements croissants en cybersécurité, les entreprises françaises restent vulnérables face aux attaques par ransomware. La facture est lourde : interruption d’activité, pertes financières, atteinte à la réputation et, dans près de 4 cas sur 10, suppression de postes.

Les chiffres sont implacables et soulignent la persistance d’un phénomène aussi discret que ravageur. Une étude conjointe de la société Illumio, spécialisée en microsegmentation, et du Ponemon Institute, met en lumière les effets des cyberattaques par ransomware sur les entreprises françaises. Malgré une baisse relative du coût moyen de résolution des incidents — 146 685 dollars contre 168 000 deux ans plus tôt — les conséquences restent dramatiques pour les structures touchées.

Suspension d’activité et dommages en cascade

Près de 60 % des entreprises françaises interrogées ont dû suspendre leurs opérations à la suite d’une attaque par rançongiciel. Cette paralysie brutale ne s’explique pas uniquement par un défaut de préparation, comme le précise Damien Gbiorczyk, cadre chez Illumio : « Ce n’est pas une question d’anticipation, mais plutôt un déficit d’investissement dans des solutions capables de contenir l’attaque à un périmètre réduit. » En d’autres termes, une fois le logiciel malveillant lancé, il se propage trop facilement dans tout le système d’information, compromettant des ressources critiques.

Les répercussions s’étendent bien au-delà de la simple interruption technique. 48 % des sociétés déclarent une perte de chiffre d’affaires significative, et 39 % ont été contraintes de procéder à des licenciements pour faire face aux coûts induits. Ces effets de bord touchent aussi l’image des entreprises : près d’un tiers d’entre elles affirment que leur réputation a été ternie, et 38 % constatent une perte de clients.

Un coût humain et financier considérable

Les entreprises françaises consacrent en moyenne 32 % de leur budget informatique à la cybersécurité, en particulier à la prévention, à la détection et à la réponse aux incidents. Malgré cet effort, la réalité du terrain reste alarmante. Il faut en moyenne 2281 heures de travail pour réparer les dégâts causés par une attaque, soit l’équivalent de 17 employés mobilisés à temps plein sur plusieurs semaines.

Cette mobilisation intense démontre que les stratégies actuelles de défense, souvent centrées sur les sauvegardes régulières, sont encore insuffisantes. Plus de la moitié des entreprises interrogées estiment qu’un bon système de sauvegarde suffit à parer le danger. Une vision que Damien Gbiorczyk dénonce : « Le problème, c’est que dans la majorité des cas, l’attaquant est déjà implanté dans le système depuis des semaines, voire des mois. Si l’on restaure une sauvegarde compromise, le risque persiste. »

Un tabou persistant autour des déclarations d’incidents

Autre constat préoccupant : 81 % des entreprises françaises ayant subi une attaque par ransomware ne l’ont pas signalée aux autorités. Les raisons de ce silence sont multiples : crainte de représailles, pression temporelle pour verser une rançon, ou encore volonté de préserver leur réputation. Pourtant, la loi impose de notifier la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) dans les 72 heures lorsqu’il s’agit d’une fuite de données personnelles.

Cette sous-déclaration empêche une analyse globale des menaces et freine la coopération entre les entreprises et les autorités compétentes. Elle prive également les autres acteurs économiques de retours d’expérience cruciaux pour se prémunir contre des scénarios similaires.

Un sentiment de sécurité trompeur

En dépit de ces chiffres, plus de la moitié des entreprises sondées affichent une confiance certaine dans leur posture de sécurité. Ce paradoxe s’explique sans doute par une perception erronée des enjeux. Avec 92 % des structures françaises ayant déjà été confrontées à au moins une attaque par ransomware, le sentiment d’immunité relève davantage de l’illusion que de la réalité.

La leçon à tirer ? Une politique de sauvegarde, aussi rigoureuse soit-elle, ne peut à elle seule garantir la résilience face aux rançongiciels. Seules des mesures de confinement efficaces, une détection rapide des mouvements suspects dans le système et une meilleure collaboration avec les autorités peuvent permettre de réduire l’ampleur des dommages.

Vers une nouvelle culture de la cybersécurité

Face à la recrudescence de ces attaques, il devient urgent pour les entreprises françaises de réviser leur stratégie. Miser sur la microsegmentation, renforcer les plans de continuité d’activité, sensibiliser les équipes et établir des protocoles de réponse plus agiles sont des pistes prioritaires.

Mais au-delà des solutions techniques, c’est un changement culturel qui s’impose : considérer la cybersécurité non comme une option coûteuse mais comme un investissement stratégique, et surtout ne plus avoir peur de signaler les incidents. La transparence, aujourd’hui, pourrait bien devenir l’un des remparts les plus efficaces contre la propagation des rançongiciels.

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