Philippe Brassac revendique la fierté fiscale du Crédit Agricole

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Alors que la pression monte sur les grandes entreprises sommées de justifier leur rôle dans le financement de la Nation, le Crédit Agricole revendique haut et fort sa place de premier contributeur fiscal en France. Son directeur général, Philippe Brassac, défend une conception exigeante de la responsabilité d’entreprise et réaffirme l’ancrage coopératif du groupe à l’heure où la défiance envers les grands acteurs économiques n’a jamais été aussi forte.
Être le premier contributeur fiscal : entre poids financier et devoir national

C’est avec un mélange de fierté et de gravité que Philippe Brassac affirme que le Crédit Agricole est le premier contributeur fiscal en France. Une déclaration forte, à contre-courant du silence habituel des grandes entreprises sur leur charge fiscale, souvent reléguée au rang des contraintes techniques. Pourtant, le fait est là : entre impôts sur les sociétés, taxes locales, charges sociales et autres prélèvements, le groupe mutualiste verse plusieurs milliards d’euros par an dans les caisses de l’État. Cette position de leader n’est pas anecdotique : elle place la banque dans une posture inédite d’acteur central du financement de la puissance publique, bien au-delà de son rôle traditionnel de financeur de l’économie réelle.

Alors que la question de l’évasion fiscale cristallise depuis plusieurs années les tensions entre multinationales et opinion publique, Philippe Brassac choisit de faire de la contribution fiscale un sujet de communication stratégique. Cette démarche tranche avec l’opacité d’autres grands groupes, souvent soupçonnés de jouer avec les montages internationaux pour échapper à l’impôt. En revendiquant sa place de premier payeur d’impôts, le Crédit Agricole prend le contre-pied d’un récit dominant : celui d’entreprises déconnectées de leur environnement national. Le message est clair : le groupe assume son rôle de partenaire de l’État, sans faux-semblants ni contournements.

Cette revendication s’inscrit dans une logique profondément cohérente avec l’ADN du Crédit Agricole. Contrairement aux banques cotées classiques, le groupe fonctionne selon un modèle coopératif, où les décisions sont prises au plus près des territoires, et où les profits sont majoritairement réinvestis dans l’activité. Se présenter comme le premier contributeur fiscal, c’est aussi réaffirmer cette singularité : une banque proche du terrain, solidaire, enracinée. Philippe Brassac le rappelle avec constance : le Crédit Agricole ne délocalise ni ses bénéfices, ni ses responsabilités. Il les assume pleinement, dans l’hexagone, au service d’un bien commun fiscalement nourri.

Une conception exigeante de la fiscalité comme acte républicain

Dans la bouche de Philippe Brassac, la fiscalité ne relève pas d’un calcul d’optimisation, mais d’un engagement de principe. « L’impôt est un acte citoyen », dit-il en substance, en assumant que ce devoir, souvent perçu comme une charge, peut être un levier de légitimité. Cette position est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit à rebours du discours dominant des dernières décennies, qui a souvent réduit l’impôt à un coût à maîtriser, voire à fuir. Pour le patron du Crédit Agricole, au contraire, contribuer à l’effort collectif, c’est renforcer le lien de confiance entre l’entreprise et la nation. Une entreprise prospère n’est pas simplement performante : elle est utile.

La fiscalité n’est pas abstraite dans l’esprit de Brassac. Elle prend corps dans les écoles, les hôpitaux, les infrastructures, les collectivités locales. Elle irrigue la République. Le Crédit Agricole, fort de ses 39 caisses régionales et de sa présence historique dans tous les territoires, en est un témoin privilégié. En défendant cette vision, son directeur général affirme aussi une lecture non technocratique de l’économie : une lecture incarnée, tangible, où l’impôt n’est pas le résultat d’un arbitrage mais d’une responsabilité assumée. Cette approche remet l’humain au centre de l’analyse fiscale, et donne au groupe une épaisseur politique certaine.

Si Philippe Brassac ne vise personne, son propos résonne comme un appel à ses pairs. Dans un moment où la crise démocratique s’accompagne d’un rejet croissant des élites économiques, montrer que l’on paie ses impôts — et que l’on en est fier — est un acte de clarification. Il ne s’agit plus seulement de se défendre, mais de réaffirmer une forme d’exemplarité. La déclaration du patron du Crédit Agricole sonne donc aussi comme un rappel à l’ordre à destination des grands groupes internationaux, parfois tentés de ruser avec le système fiscal français. Elle redessine les contours d’un capitalisme à la française, à la fois performant, ancré et responsable.

Gouvernance, transition, performance : le Crédit Agricole à la croisée des chemins

La force du Crédit Agricole, c’est d’avoir réussi à allier stabilité financière et mission d’intérêt général. En 2024, malgré un contexte économique tendu, la banque a affiché des résultats solides, fruit d’une gestion prudente et d’un ancrage durable. Sa rentabilité n’est pas portée par des paris spéculatifs, mais par le financement de l’économie réelle, des agriculteurs, des PME, des collectivités. C’est cette robustesse qui lui permet aussi d’assumer pleinement ses obligations fiscales, tout en poursuivant ses investissements dans la modernisation de ses services et dans l’accompagnement de la transition écologique.

Après dix années à la tête du groupe, Philippe Brassac prépare son départ, laissant les rênes à Olivier Gavalda. Ce passage de témoin s’opère dans un climat de confiance, où la ligne stratégique semble largement consensuelle. L’objectif est clair : maintenir la performance tout en renforçant l’engagement du groupe dans les grands enjeux contemporains — climat, inclusion, cohésion territoriale. La défense d’une fiscalité responsable apparaît alors comme un socle non négociable de cette continuité. Ce n’est pas une posture de communication : c’est un engagement structurel.

Le discours de Philippe Brassac dépasse le champ bancaire. En se positionnant comme acteur majeur du financement public, le Crédit Agricole entend être un rouage actif dans la transformation du pays. À l’heure où l’État cherche à mobiliser les grands groupes pour répondre aux défis écologiques, numériques et sociaux, cette posture lui confère un rôle stratégique. Être le premier contributeur fiscal ne suffit pas : encore faut-il orienter cette contribution vers les grands chantiers du futur. Et c’est bien cette ambition qu’esquisse Brassac : faire du Crédit Agricole un pilier à la fois économique, social et républicain de la France d’aujourd’hui et de demain.



Ransomware : un fléau coûteux qui pousse les entreprises françaises à supprimer des emplois

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Malgré des investissements croissants en cybersécurité, les entreprises françaises restent vulnérables face aux attaques par ransomware. La facture est lourde : interruption d’activité, pertes financières, atteinte à la réputation et, dans près de 4 cas sur 10, suppression de postes.

Les chiffres sont implacables et soulignent la persistance d’un phénomène aussi discret que ravageur. Une étude conjointe de la société Illumio, spécialisée en microsegmentation, et du Ponemon Institute, met en lumière les effets des cyberattaques par ransomware sur les entreprises françaises. Malgré une baisse relative du coût moyen de résolution des incidents — 146 685 dollars contre 168 000 deux ans plus tôt — les conséquences restent dramatiques pour les structures touchées.

Suspension d’activité et dommages en cascade

Près de 60 % des entreprises françaises interrogées ont dû suspendre leurs opérations à la suite d’une attaque par rançongiciel. Cette paralysie brutale ne s’explique pas uniquement par un défaut de préparation, comme le précise Damien Gbiorczyk, cadre chez Illumio : « Ce n’est pas une question d’anticipation, mais plutôt un déficit d’investissement dans des solutions capables de contenir l’attaque à un périmètre réduit. » En d’autres termes, une fois le logiciel malveillant lancé, il se propage trop facilement dans tout le système d’information, compromettant des ressources critiques.

Les répercussions s’étendent bien au-delà de la simple interruption technique. 48 % des sociétés déclarent une perte de chiffre d’affaires significative, et 39 % ont été contraintes de procéder à des licenciements pour faire face aux coûts induits. Ces effets de bord touchent aussi l’image des entreprises : près d’un tiers d’entre elles affirment que leur réputation a été ternie, et 38 % constatent une perte de clients.

Un coût humain et financier considérable

Les entreprises françaises consacrent en moyenne 32 % de leur budget informatique à la cybersécurité, en particulier à la prévention, à la détection et à la réponse aux incidents. Malgré cet effort, la réalité du terrain reste alarmante. Il faut en moyenne 2281 heures de travail pour réparer les dégâts causés par une attaque, soit l’équivalent de 17 employés mobilisés à temps plein sur plusieurs semaines.

Cette mobilisation intense démontre que les stratégies actuelles de défense, souvent centrées sur les sauvegardes régulières, sont encore insuffisantes. Plus de la moitié des entreprises interrogées estiment qu’un bon système de sauvegarde suffit à parer le danger. Une vision que Damien Gbiorczyk dénonce : « Le problème, c’est que dans la majorité des cas, l’attaquant est déjà implanté dans le système depuis des semaines, voire des mois. Si l’on restaure une sauvegarde compromise, le risque persiste. »

Un tabou persistant autour des déclarations d’incidents

Autre constat préoccupant : 81 % des entreprises françaises ayant subi une attaque par ransomware ne l’ont pas signalée aux autorités. Les raisons de ce silence sont multiples : crainte de représailles, pression temporelle pour verser une rançon, ou encore volonté de préserver leur réputation. Pourtant, la loi impose de notifier la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) dans les 72 heures lorsqu’il s’agit d’une fuite de données personnelles.

Cette sous-déclaration empêche une analyse globale des menaces et freine la coopération entre les entreprises et les autorités compétentes. Elle prive également les autres acteurs économiques de retours d’expérience cruciaux pour se prémunir contre des scénarios similaires.

Un sentiment de sécurité trompeur

En dépit de ces chiffres, plus de la moitié des entreprises sondées affichent une confiance certaine dans leur posture de sécurité. Ce paradoxe s’explique sans doute par une perception erronée des enjeux. Avec 92 % des structures françaises ayant déjà été confrontées à au moins une attaque par ransomware, le sentiment d’immunité relève davantage de l’illusion que de la réalité.

La leçon à tirer ? Une politique de sauvegarde, aussi rigoureuse soit-elle, ne peut à elle seule garantir la résilience face aux rançongiciels. Seules des mesures de confinement efficaces, une détection rapide des mouvements suspects dans le système et une meilleure collaboration avec les autorités peuvent permettre de réduire l’ampleur des dommages.

Vers une nouvelle culture de la cybersécurité

Face à la recrudescence de ces attaques, il devient urgent pour les entreprises françaises de réviser leur stratégie. Miser sur la microsegmentation, renforcer les plans de continuité d’activité, sensibiliser les équipes et établir des protocoles de réponse plus agiles sont des pistes prioritaires.

Mais au-delà des solutions techniques, c’est un changement culturel qui s’impose : considérer la cybersécurité non comme une option coûteuse mais comme un investissement stratégique, et surtout ne plus avoir peur de signaler les incidents. La transparence, aujourd’hui, pourrait bien devenir l’un des remparts les plus efficaces contre la propagation des rançongiciels.

La filière du réemploi des emballages, un gisement d’emplois pour 2040

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Portée par de nouvelles obligations légales et un engouement croissant pour le vrac, l’industrie du réemploi des emballages en verre et plastique s’apprête à créer 30 000 emplois d’ici 15 ans.

Une filière en plein essor portée par les enjeux environnementaux

Derrière le geste anodin de rapporter une bouteille en verre en magasin, se cache une véritable chaîne industrielle. Une fois récupérée, la bouteille passe entre les mains d’opérateurs de tri, est inspectée pour s’assurer de son intégrité, nettoyée selon des protocoles stricts, puis renvoyée aux fabricants pour être réemployée. À ces opérations s’ajoute la fabrication de machines spécialisées dans la déconsignation, ainsi que la gestion logistique et numérique du cycle de vie des contenants.

Aujourd’hui, la filière du réemploi représente environ 8000 emplois en France. Du préparateur de commande au logisticien, en passant par les ingénieurs en traçabilité des emballages, un écosystème solide s’est constitué. Cette dynamique est appelée à s’intensifier à mesure que le réemploi devient un pilier incontournable de la stratégie environnementale nationale, renforçant l’ancrage local de nombreux métiers.

Avec des ressources naturelles sous tension et une opinion publique sensibilisée aux déchets, la transition vers le réemploi offre une réponse concrète. Plus qu’une mode, elle constitue une mutation de fond qui répond autant aux impératifs écologiques qu’aux attentes économiques d’une croissance verte.

Un levier d’emplois considérable à l’horizon 2040

Selon deux études récentes, du cabinet Deloitte et de la Fondation Ellen MacArthur, la filière pourrait générer 30 000 emplois supplémentaires d’ici 2040. Deloitte anticipe 20 000 créations de postes liés au développement du réemploi du verre, tandis que l’extension aux emballages plastiques – lessives, shampoings – porterait ce chiffre à 30 000. Ces projections s’appuient sur l’application imminente d’obligations légales incitant à la vente de produits en vrac et au réemploi d’emballages.

À court terme, l’obligation pour les magasins de plus de 400 m² de proposer des produits en vrac jouera un rôle déterminant. Ce texte devrait stimuler les investissements industriels, multiplier les centres de collecte et créer des postes variés : maintenance, logistique, inspection qualité, développement de logiciels de suivi… Une vague d’embauches rendue nécessaire pour répondre à des volumes en forte croissance.

Dès juin, 750 magasins de la grande distribution du quart Nord-Ouest de la France proposeront des emballages consignés de grandes marques. L’objectif est ambitieux : passer de 13 millions à 50 millions d’emballages réemployés en un an et demi. Cette montée en puissance de l’offre est fondée sur l’idée que la demande suivra, une conviction que partage Célia Rennesson, directrice générale du Réseau Vrac et Réemploi.

Un nouveau modèle industriel qui transforme la grande distribution

La généralisation du réemploi nécessite une réorganisation logistique profonde. Il ne s’agit plus seulement d’acheminer des produits, mais aussi de récupérer les emballages usagés, de les nettoyer, puis de les réinjecter dans le cycle industriel. Ce modèle impose des chaînes d’approvisionnement plus circulaires, plus locales et donc plus résilientes, au service d’une consommation durable.

Le passage au réemploi à grande échelle exige des investissements conséquents : développement de machines adaptées, standardisation des contenants, mise en place de plateformes de tri et de nettoyage. De plus, l’industrie doit surmonter des défis culturels : convaincre consommateurs et distributeurs d’adopter massivement ce nouveau geste de consommation, en simplifiant au maximum l’expérience utilisateur.

L’initiative des grandes surfaces dès 2024 vise précisément à impulser ce changement. En augmentant rapidement l’offre d’emballages consignés, les industriels espèrent entraîner la demande dans leur sillage. Ce cercle vertueux, s’il se confirme, permettrait non seulement de réduire les déchets d’emballage, mais aussi de dynamiser l’emploi local tout en favorisant une production industrielle plus sobre et plus responsable.



Chocolat : les prix flambent, les achats chutent

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Le prix du cacao a doublé en quelques mois, faisant grimper le coût du chocolat et incitant les Français à revoir leurs priorités de consommation. Pour Jean Viard, sociologue, cette mutation traduit une société soumise à une inflation généralisée et à une reconfiguration de ses plaisirs quotidiens.
Une explosion des prix sans précédent

Depuis plusieurs mois, les marchés mondiaux du cacao connaissent une volatilité extrême, provoquée par une baisse drastique de la production en Afrique de l’Ouest, région qui concentre plus de 60 % de la production mondiale. En cause, des épisodes climatiques extrêmes — pluies torrentielles, chaleur inhabituelle, maladies des cacaoyers — qui ont compromis les récoltes au Ghana et en Côte d’Ivoire. À cela s’ajoute une spéculation accrue sur les marchés de matières premières, les négociants anticipant des pénuries durables. Résultat : les prix du cacao ont dépassé les 10 000 dollars la tonne en avril 2025, un niveau inédit. Cette flambée se répercute mécaniquement sur toute la chaîne de production du chocolat, jusqu’aux rayons des supermarchés français.

Dans les grandes surfaces comme chez les artisans, la hausse des coûts se traduit par une augmentation rapide des prix de vente. En un an, le prix moyen d’une tablette de chocolat a grimpé de plus de 25 %, selon les données de l’INSEE. Pour les produits plus élaborés – bonbons au chocolat, desserts, pâtisseries – l’impact est encore plus marqué. Les industriels, confrontés à une hausse simultanée des prix de l’énergie, du sucre et des emballages, sont contraints de rogner sur leurs marges ou de revoir leurs recettes. Certaines enseignes ont même réduit la taille des portions sans baisser les prix, une stratégie dite du « shrinkflation » qui renforce le sentiment d’appauvrissement du consommateur.

Cette augmentation du prix du chocolat ne peut être lue isolément : elle s’inscrit dans un contexte plus large d’inflation alimentaire généralisée, où les produits plaisir deviennent les premiers sacrifiés. Comme le souligne le sociologue Jean Viard, « quand tout augmente, on rogne d’abord sur les produits superflus, et le chocolat, pourtant chargé d’affect, devient une variable d’ajustement ». Pour de nombreux foyers, offrir des chocolats à Pâques ou se permettre un carré après le dîner devient une dépense à arbitrer. Ce renoncement, en apparence mineur, révèle en creux l’ampleur de la tension économique ressentie par une large partie des Français.

La mutation silencieuse des pratiques de consommation

L’évolution des comportements face au chocolat n’est pas qu’une affaire de budget. Elle touche à la place du plaisir dans les habitudes de consommation. Selon Jean Viard, nous assistons à une forme de « réinvention du luxe quotidien » : ce qui était banal – une sucrerie en fin de repas, une tablette dans le sac d’un étudiant – devient objet de calcul, voire de frustration. Cette raréfaction transforme le rapport affectif au chocolat, autrefois associé à la récompense, à la convivialité ou à la détente. Aujourd’hui, on partage moins, on garde pour soi, on évite les achats impulsifs. Le chocolat, en devenant plus cher, redevient un marqueur social et une exception.

Face à l’inflation, certains consommateurs se tournent vers des substituts : bonbons moins coûteux, gâteaux industriels, confiseries au caramel ou à la guimauve. Les ventes de chocolats premier prix, contenant moins de cacao, augmentent, tandis que les produits artisanaux haut de gamme voient leur clientèle se restreindre à un noyau fidèle. Par ailleurs, les distributeurs multiplient les promotions sur des produits annexes pour compenser la baisse de consommation. Cette réorientation des choix alimentaires pourrait durablement modifier la structure du marché, poussant certaines marques à repenser leurs gammes et à segmenter davantage leur offre.

La crise actuelle encourage aussi, paradoxalement, une forme de consommation plus attentive. Les clients lisent davantage les étiquettes, comparent les prix au kilo, et se tournent parfois vers des circuits courts ou des chocolatiers engagés. Mais cette tendance au « mieux consommer » reste freinée par les contraintes économiques. Le bio et l’équitable, longtemps promus comme des réponses éthiques aux crises agricoles, peinent à résister à la logique du prix plancher. La dimension morale du choix s’efface devant la nécessité budgétaire. Comme le souligne Jean Viard, « l’économie de guerre silencieuse que nous vivons transforme chaque achat en acte rationné, y compris celui du chocolat ».

Une crise révélatrice de fragilités sociales plus profondes

Le recul de la consommation de chocolat, observé dans les derniers mois, dépasse le simple effet de l’offre et de la demande. Il témoigne d’un changement d’état d’esprit plus profond. Produit affectif, lié à l’enfance, aux fêtes et à la détente, le chocolat est l’un de ces « biens tampons » qui mesurent le moral d’une société. Quand il devient rare ou inaccessible, c’est que quelque chose de plus vaste se déséquilibre. Le sociologue note ainsi que « l’on ne renonce pas au chocolat uniquement pour des raisons économiques, mais parce qu’on renonce à une forme de bonheur simple, que l’on se dit qu’on ne peut plus se permettre ».

Tous les foyers ne sont pas égaux devant la hausse du prix du chocolat. Dans les classes moyennes et populaires, le recul est plus marqué, alors que les CSP+ continuent de s’offrir des produits premium, même à prix élevé. La fracture alimentaire se double ici d’une fracture culturelle : ceux qui peuvent encore consommer du chocolat le font souvent avec une approche qualitative, tandis que les autres en viennent à se priver de manière plus abrupte. Le chocolat devient ainsi un indicateur des disparités de pouvoir d’achat, comme le sont aussi l’accès au bio, aux fruits frais ou aux loisirs.

Enfin, cette crise pourrait bien préfigurer un basculement durable : la transformation de notre rapport aux produits sucrés et de notre hiérarchie alimentaire. Si le chocolat devient un produit exceptionnel, d’autres habitudes pourraient suivre : réduction des repas à l’extérieur, retour au fait maison, baisse des consommations festives. L’alimentation redevient un lieu d’arbitrage, et les produits émotionnels – comme le chocolat – sont les premiers impactés. La société française semble ainsi glisser vers une ère de consommation sobre, contrainte, où même les douceurs les plus consensuelles se négocient à l’aune de leur prix.



Taxe textile : pourquoi le prix des vêtements Shein risque de doubler

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Close-up of economist using calculator while going through bills and taxes in the office.

À partir de 2025, les consommateurs français pourraient voir leurs achats sur des plateformes comme Shein devenir nettement plus coûteux. Une nouvelle taxe environnementale, surnommée « malus fast fashion », prévoit d’imposer jusqu’à 10 euros par article acheté sur ces sites. Mais pourquoi cette mesure frappe-t-elle plus durement les clients des plateformes à bas coût que ceux des enseignes traditionnelles ?

Une taxe fixe aux conséquences variables

La proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale en mars 2024 prévoit un malus environnemental pouvant atteindre 10 euros par article d’ici 2030, avec une première étape à 5 euros en 2025. Cette taxe vise spécifiquement les entreprises de « fast fashion » qui produisent massivement des vêtements à bas coût, renouvelant constamment leurs collections.

Si le montant de la taxe est fixe par article, son impact est proportionnellement plus lourd sur les articles bon marché. Par exemple, un t-shirt à 5 euros verra son prix doubler avec une taxe de 5 euros, soit une augmentation de 100 %. En revanche, un vêtement à 50 euros ne subira qu’une hausse de 10 %.

Shein et Temu : des prix bas, une taxe plus lourde

Shein et Temu se sont imposés en France grâce à des prix défiant toute concurrence. Selon l’Institut français de la mode, le prix moyen d’un article sur Shein est d’environ 10 euros, tandis que le panier moyen sur Temu est de 20 euros.

Avec l’application de la taxe, un article à 10 euros sur Shein coûtera 15 euros en 2025, puis 20 euros en 2030. Sur Temu, un panier moyen de 20 euros passera à 25 euros, puis à 30 euros. Cette hausse représente une augmentation significative pour des consommateurs attirés par les petits prix.

La loi vise spécifiquement les plateformes comme Shein et Temu, qui inondent le marché de nouveaux modèles à un rythme effréné. Shein, par exemple, mettrait en ligne jusqu’à 7 200 nouveaux modèles par jour, ne lançant la production massive que pour les produits les plus demandés, à la différence des enseignes comme Zara ou H&M qui produisent de nouvelles lignes toutes les six semaines, générant des montagnes d’invendus.

C’est toute l’ambiguïté de la proposition de loi qui exclut de son périmètre les marques de fast fashion traditionnelles et la grande distribution, dont le modèle est pourtant tout autant critiquable d’un point de vue environnemental.

Une TVA sur les produits des plus pauvres

Cette mesure soulève des critiques. Certains estiment qu’elle pénalise les consommateurs aux revenus modestes, pour qui ces plateformes représentent une solution économique pour s’habiller. Christophe Castaner, directeur RSE de Shein France, a d’ailleurs déclaré : « On est en train d’inventer une TVA sur les produits des plus pauvres. »

En France, plus de 12 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Pour ces foyers, le recours à des vêtements à très bas coût est une nécessité, pas un choix. Un sondage relayé par plusieurs associations de consommateurs indique qu’un tiers des acheteurs de plateformes ultra low-cost déclarent acheter en ligne parce qu’ils ne peuvent pas s’habiller autrement à prix raisonnable. Ces plateformes permettent de se vêtir pour moins de 50 euros par mois, là où une enseigne classique facture parfois 30 à 40 euros une seule pièce.

Prenons un panier type de 5 articles pour 45 euros – soit environ 9 euros par pièce. En 2030, ce même panier serait taxé de 50 euros, portant son prix total à 95 euros. Une hausse de plus de 110 %, insoutenable pour beaucoup de ménages. À l’échelle d’une famille avec deux enfants, le surcoût annuel lié à cette taxe pourrait dépasser les 600 euros, en supposant 3 commandes par saison.

Alors que les prix de l’alimentation, de l’électricité ou des loyers continuent d’augmenter, cette taxe sur la mode bon marché risque de toucher de plein fouet ceux qui n’ont d’autre choix que de privilégier le prix au reste. Une mesure pensée pour l’écologie, mais qui, en l’absence de compensation sociale ou d’alternatives accessibles, risque d’aggraver les fractures économiques déjà profondes.

Les billets en euros se réinventent en 2026

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En 2026, les billets en euros se métamorphoseront sous un nouveau design, mettant en valeur l’histoire culturelle et la richesse écologique de l’Europe. Ces nouveaux billets, qui toucheront les coupures de 5, 10, 20, 50, 100 et 200 euros, marqueront une étape importante dans l’évolution de la monnaie européenne. Ce relooking vise à célébrer non seulement l’héritage culturel commun de l’Europe, mais aussi sa diversité naturelle.
Un hommage à la culture européenne et à l’environnement naturel

Les billets de 2026 seront porteurs de symboles qui incarnent le génie créatif et scientifique européen. Marie Curie, Ludwig van Beethoven et Cervantès sont des figures parmi les plus emblématiques qui contribueront à l’identité visuelle de la monnaie. Ces personnalités ne sont pas seulement des icônes de leur époque, mais elles sont également porteuses des valeurs de curiosité intellectuelle, d’innovation et de persévérance. Le choix de leur inclusion dans ce projet montre la volonté de la BCE de rendre hommage à l’histoire culturelle de l’Europe, tout en offrant aux citoyens une manière de se reconnecter à cet héritage à travers un élément quotidien : l’argent. Ainsi, ces figures ne sont pas simplement des visages sur des billets, mais des symboles d’un passé commun qui façonne encore l’Europe contemporaine.

En parallèle, la Banque Centrale Européenne a décidé de donner une place de choix à la nature à travers des motifs de fleuves et d’oiseaux. Cette thématique renvoie à la diversité et à la beauté des écosystèmes naturels européens. Les rivières, qui traversent le continent d’est en ouest, et les oiseaux, symboles de liberté et de mobilité, incarnent la force et la résilience de l’Europe face aux défis écologiques. Ces images ont pour but de rappeler à chacun que la protection de l’environnement est au cœur des préoccupations actuelles. Par cette démarche, la BCE entend sensibiliser les citoyens européens à l’urgence de préserver la nature et à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement. Cette approche va au-delà du simple design : elle s’inscrit dans une réflexion profonde sur le rôle de l’Europe dans le combat contre le changement climatique.

Le mariage de la culture européenne et de la nature sur ces billets crée une narration visuelle cohérente qui reflète l’identité plurielle de l’Europe. En associant ces deux thématiques, la BCE offre une vision de l’Europe où l’histoire, l’art, et la nature coexistent harmonieusement. Cela traduit la compréhension que l’Europe ne se limite pas à un héritage intellectuel, mais qu’elle est aussi un territoire où la nature, la culture et l’histoire sont intimement liés. Cette dualité est donc bien plus qu’un simple choix esthétique : elle incarne une réflexion sur l’avenir de l’Europe, sur la manière dont ses citoyens interagissent avec leur environnement et sur la nécessité de préserver un équilibre entre progrès humain et respect de la planète.

Des personnalités emblématiques sur les nouveaux billets

Les billets de 5 euros mettront en avant la grande soprano Maria Callas. Cette artiste n’est pas seulement l’une des voix les plus célèbres du XXe siècle, mais elle incarne aussi l’esprit de l’Europe artistique, notamment dans la musique classique et l’opéra. En choisissant Callas, la BCE rend hommage à une icône de la scène internationale, mais aussi à l’héritage musical européen. Son image sur les billets symbolisera la puissance de la culture européenne et son influence dans le monde entier. Le motif associé à son portrait — une source d’eau et un passereau dans un paysage de montagne — renforcera l’idée de l’union entre l’art et la nature, montrant ainsi l’importance de ces deux éléments dans l’identité européenne.

Le billet de 10 euros, orné de Beethoven, célébrera un autre géant de la culture européenne. La musique de Beethoven transcende les époques et les frontières, et sa présence sur les billets rappellera à la fois la richesse de la tradition musicale européenne et l’impact de la musique sur la société. Le choix de Beethoven pour ce billet n’est pas anodin : il représente la capacité de l’Europe à produire des artistes d’envergure mondiale, des créateurs qui ont marqué l’histoire non seulement par leurs œuvres, mais aussi par l’univers qu’ils ont su créer autour d’eux. Les motifs de chutes d’eau et de martin-pêcheur accentueront l’idée de fluidité, un parallèle avec la musique, et renforceront l’interconnexion entre l’art et la nature.

Cervantès, le célèbre auteur de Don Quichotte, sera présent sur les billets de 50 euros. Ce choix souligne l’importance de la littérature dans la construction de l’identité européenne, en particulier la richesse de la culture hispanique. Cervantès est un personnage universel, dont l’œuvre a traversé les siècles et reste aujourd’hui un pilier de la littérature mondiale. L’image de Cervantès sur le billet de 50 euros sera accompagnée de cigognes blanches, une espèce migratoire symbolisant les liens entre les différentes régions de l’Europe. Le message derrière ce choix : la culture est un vecteur de cohésion et d’unité entre les peuples, et le livre reste un pont entre les générations.

Un design porteur de sens et de message

Les nouveaux billets se veulent bien plus que de simples instruments financiers : ils sont des outils d’affirmation de l’identité européenne. À travers l’image de figures historiques et l’illustration de la nature, la BCE cherche à unir les citoyens européens autour d’un patrimoine commun. Chaque billet devient une œuvre d’art à la fois esthétique et symbolique, renforçant l’idée que l’Europe est un projet partagé, fondé sur des valeurs culturelles et environnementales. En utilisant ces motifs, la BCE promeut également un sentiment de fierté chez les citoyens européens, leur offrant un moyen tangible de s’identifier à l’histoire et à la culture de leur continent.

Le choix des thèmes sur les fleuves et les oiseaux porte également un message clair sur l’engagement écologique de l’Europe. La Banque Centrale Européenne utilise ces billets comme un outil pour sensibiliser les citoyens aux enjeux environnementaux, soulignant que la protection de la nature est au cœur des priorités de l’Union européenne. En mettant en avant des éléments naturels dans les designs, la BCE incite à réfléchir sur le rôle de chacun dans la préservation de l’écosystème européen et mondial. Ce message n’est pas seulement symbolique, il s’inscrit dans une dynamique plus large de responsabilité collective envers la planète.

La nouvelle série de billets en euros ne se contente pas de répondre aux nécessités économiques, elle devient un véritable outil de transmission des valeurs. En associant des figures historiques et des éléments naturels, la BCE crée une sorte de récit visuel qui nous invite à réfléchir sur notre place dans le monde, sur notre héritage et sur notre avenir collectif. Ce projet incarne la volonté de l’Europe de se projeter dans le futur tout en honorant son passé. L’économie, la culture, et la nature s’entrelacent ainsi pour offrir un portrait plus riche et plus complexe de l’Europe, bien au-delà de la simple monnaie.




 

L’économie russe sous pression : défis et déséquilibres

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Depuis 2022, la Russie lutte pour maintenir son effort de guerre tout en affrontant des sanctions sévères et des ajustements économiques majeurs. Mais à quel prix ?
Croissance économique : un mirage de stabilité

Les statistiques russes sur la croissance économique sont souvent suspectées d’être biaisées. En dépit de certaines données prometteuses, comme l’indice des directeurs d’achat (PMI), qui indique une expansion continue de l’activité depuis le quatrième trimestre 2022, les résultats semblent surestimer la solidité réelle de l’économie. Les mesures alternatives basées sur les enquêtes ou les sondages présentent une réalité moins favorable. Si l’industrie manufacturière continue de croître, c’est avant tout grâce aux investissements militaires massifs.

Les industries lourdes, telles que la production d’armement, ont prospéré sous l’effet des dépenses militaires, tandis que les industries de biens de consommation et celles de produits intermédiaires stagnent. Cette dynamique accentue la dépendance de l’économie russe à ses besoins militaires, négligeant une part essentielle de la production industrielle. En conséquence, la diversité industrielle et l’innovation s’en trouvent réduites, ce qui fragilise la compétitivité à long terme.

L’une des caractéristiques marquantes de l’économie russe est son taux de chômage exceptionnellement bas, dû en grande partie à la conscription militaire et à l’engagement des jeunes dans l’industrie de guerre. Cependant, cette situation masque un autre problème : la fuite des jeunes diplômés du pays et l’insuffisance des qualifications disponibles pour d’autres secteurs. Ce phénomène, couplé à un resserrement des ressources humaines, entraîne une forte pression sur le marché du travail et une augmentation des salaires réels. Mais, à long terme, ce modèle n’est pas soutenable si la fuite des cerveaux se poursuit.

Inflation et politique budgétaire : une tension grandissante

L’inflation en Russie dépasse actuellement les 15 %, un chiffre qui pénalise principalement les ménages à faibles revenus. La hausse des salaires réels, bien qu’elle permette une certaine demande intérieure, alimente directement l’inflation, exacerbant ainsi le coût de la vie pour la majorité de la population. Les ménages russes, qui consacrent une grande part de leur budget à l’alimentation, sont particulièrement touchés par cette poussée des prix.

La Banque centrale russe peine à maîtriser l’inflation. Malgré des taux d’intérêt élevés, la politique monétaire ne parvient pas à rétablir la confiance dans la stabilité des prix. Les anticipations des ménages sur la hausse des prix en 2025 témoignent d’une méfiance croissante envers les mesures gouvernementales. Bien que le gouvernement tente de rassurer la population par des discours sur la réduction de l’inflation, il semble que la politique monétaire actuelle ne soit pas à la hauteur des enjeux économiques.

Le budget russe est sous pression, avec des dépenses militaires croissantes et un besoin de maintenir des subventions pour compenser les effets de la guerre sur la population. Le gouvernement a dû augmenter ses taxes pour financer cet effort, mais cette stratégie semble vouée à une diminution progressive des marges budgétaires à mesure que les recettes des énergies fossiles diminuent. Les dépenses publiques resteront élevées, mais cette situation pourrait ne pas être tenable à long terme sans une restructuration économique plus profonde.

Commerce extérieur : réorientation et défis logistiques

La Russie s’est tournée massivement vers la Chine pour remplacer ses partenaires européens, mais ce partenariat n’est pas sans contraintes. Bien que la Chine soit un fournisseur clé de biens bon marché et de produits industriels, elle ne peut pas compenser à elle seule les pertes dues à l’embargo sur les produits technologiques et industriels. Le commerce entre la Russie et la Chine, bien qu’important, a diminué récemment de 10 %, signe que la Russie peine à trouver des alternatives suffisantes à ses anciens partenaires commerciaux.

L’Inde, quant à elle, est devenue un partenaire stratégique, notamment pour l’exportation de pétrole russe. L’Inde a investi en Russie pour développer des capacités de raffinage, facilitant ainsi l’exportation de pétrole russe via des canaux alternatifs. Ce commerce représente une bouffée d’oxygène pour la Russie, mais il ne compense pas totalement la perte d’accès aux marchés européens.

Les exportations de gaz restent un défi majeur. Bien que la Russie cherche à vendre du gaz à la Chine via des pipelines, les infrastructures nécessaires sont insuffisantes et leur construction prend des années. Les négociations avec la Chine sont également tendues, la Chine cherchant à obtenir les meilleures conditions possibles. Le gazoduc Sila Sibiri, qui devrait relier la Russie à la Chine, reste sous-développé, et les perspectives à court terme pour l’exportation de gaz russe sont incertaines.






C&A en péril : l’enseigne de prêt-à-porter face à la crise

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Après un demi-siècle de présence en France, la marque de prêt-à-porter C&A vacille. Confrontée à la montée en puissance de la fast fashion et à un modèle en perte de vitesse, l’enseigne annonce un plan social menaçant plus de 300 emplois. Symbole d’un secteur en pleine mutation, ce déclin illustre les défis du commerce de détail face à des géants toujours plus agressifs.
Une annonce brutale qui marque la fin d’une époque

Le vendredi 21 mars, C&A a officialisé un plan social inquiétant : la fermeture de 24 magasins en France, menaçant ainsi 324 emplois. Parmi les boutiques condamnées, celle de Fresnes, en région parisienne, suscite déjà l’émotion de sa clientèle fidèle. “Nous avions la possibilité d’avoir de bons produits de qualité à bas prix”, regrette une habituée, soulignant la place particulière qu’occupait l’enseigne dans le paysage du prêt-à-porter abordable.

L’entreprise a choisi de ne pas répondre aux sollicitations des journalistes, un silence qui en dit long sur la tension entourant ce plan de restructuration. Alors que d’autres enseignes comme Camaïeu ou André ont déjà succombé aux difficultés du marché, C&A tente d’éviter l’issue fatale, mais à quel prix ? En refusant d’expliquer sa stratégie, la marque laisse planer un flou inquiétant sur son avenir en France.

Si C&A a longtemps prospéré sur un positionnement intermédiaire, entre prêt-à-porter abordable et qualité accessible, cette équation semble aujourd’hui ne plus fonctionner. La clientèle, attirée par des enseignes ultra-compétitives sur les prix ou par des marques premium misant sur l’expérience client, semble délaisser ces magasins historiques. À l’heure où la fast fashion redéfinit les standards du secteur, la survie des marques intermédiaires paraît plus incertaine que jamais.

Une enseigne fragilisée par la concurrence et un marché en mutation

Les premiers concurrents de C&A sont sans conteste les géants de la fast fashion. Zara, H&M, Primark et surtout Shein imposent un rythme effréné de collections renouvelées à une cadence insoutenable pour les enseignes plus traditionnelles. En misant sur des prix cassés et une distribution ultra-rapide, ces marques captent un public avide de renouvellement constant, laissant C&A dans une position délicate.

Les syndicats pointent un retard criant dans l’adaptation aux nouvelles dynamiques du commerce. Là où certaines enseignes ont misé sur l’e-commerce et la digitalisation de l’expérience client, C&A est restée à la traîne. Face à une génération de consommateurs connectés, friands d’achats en ligne et d’expériences personnalisées, l’absence de stratégie digitale claire a contribué au déclin progressif de la marque.

Le positionnement intermédiaire de C&A, autrefois un atout, semble être devenu un handicap. Pris en étau entre la fast fashion, qui propose des prix défiant toute concurrence, et les marques premium, qui séduisent par leur qualité et leur image, l’enseigne peine à trouver sa place. Ce phénomène dépasse le cas de C&A : d’autres acteurs du secteur, comme San Marina ou Go Sport, ont déjà subi les conséquences de cette érosion du modèle de la classe moyenne.

Quel avenir pour C&A et pour le secteur ?

Cette vague de fermetures laisse craindre une réduction progressive de la présence de C&A sur le territoire français. Si l’enseigne ne parvient pas à redresser la barre, une disparition totale du marché hexagonal dans les années à venir n’est pas à exclure. Ce scénario, déjà observé avec d’autres chaînes de prêt-à-porter, marquerait la fin d’une époque et l’échec d’un modèle commercial autrefois florissant.

Pour espérer survivre, C&A devra impérativement repenser son modèle. Cela passe par une modernisation de son image, une digitalisation accrue et peut-être un recentrage sur certaines gammes plus porteuses. D’autres enseignes ont su se réinventer en misant sur des collections plus responsables ou des concepts de magasins hybrides mêlant physique et digital. C&A a-t-elle les moyens et la volonté de s’engager dans cette voie ?

Le cas C&A illustre une tendance plus large : la difficulté pour les marques de milieu de gamme à trouver leur place dans un monde polarisé entre le low-cost et le luxe. Si la fast fashion domine actuellement le marché, elle suscite également des critiques croissantes pour son impact environnemental et social. À long terme, un renouveau du secteur pourrait émerger autour de marques prônant une production plus éthique et durable. C&A pourrait-elle en être un acteur clé ou deviendra-t-elle une victime de plus de cette transition ?



La dette publique : un choix entre retraite et défense

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En l’espace de sept ans, la France a vu sa dette publique exploser de 16,8 points de PIB, un chiffre record qui contraste avec la gestion budgétaire des autres pays européens. Si la pandémie et la guerre en Ukraine ont eu un impact, la véritable explication de cette dérive réside ailleurs : dans un système de retraites non réformé. La question aujourd’hui est simple : où placer nos priorités ?

Une dette en forte hausse : un constat sans équivalent en Europe

La dette publique française a augmenté de 16,8 points de PIB en sept ans. C’est une hausse alarmante et difficilement comparable à celle de nos voisins européens. Tandis que l’Union Européenne a vu sa dette grimper de seulement 0,1 point sur la même période, la France semble avoir été particulièrement touchée par la spirale de l’endettement. Cette dérive est d’autant plus inquiétante qu’elle survient dans un contexte où la plupart des économies européennes ont réussi à limiter la hausse de leur dette, malgré des crises mondiales majeures.

Bien que la crise du Covid et la guerre en Ukraine aient évidemment contribué à l’augmentation de la dette, ces facteurs ne peuvent pas être les seuls responsables. En effet, tous les pays européens ont été confrontés aux mêmes crises sanitaires et géopolitiques. Et pourtant, peu de pays ont connu une telle explosion de leur dette publique. La différence réside dans la gestion de ces crises, dans les choix politiques et économiques faits pour en limiter les effets à long terme. En France, la gestion a été largement marquée par des dépenses publiques considérables, sans réforme structurelle pour compenser cette hausse.

Si certains pays ont connu des hausses de dette similaires, leur approche a été différente. Ils ont opté pour des réformes structurelles, notamment en matière de retraites, afin de garantir la soutenabilité de leur système de sécurité sociale. Ces réformes ont permis de transformer une partie de leur dette en investissements pour l’avenir, des dépenses dont les retombées viendront compenser la charge à long terme. Alors que la France, elle, a accumulé une dette qui ne finance pas de projets générant des rendements futurs.

Les retraites : l’éléphant dans la pièce

L’augmentation de la dette publique en France n’est pas simplement une conséquence de crises passagères. Les retraites représentent 44% de cette hausse, un chiffre qui montre clairement où se situe la véritable problématique. Le système des retraites, largement financé par de la dette, s’avère être un poids lourd pour les finances publiques. Chaque année, des montants considérables sont alloués au paiement des pensions, sans qu’une véritable réforme ait été menée pour moderniser et rendre le système plus durable. C’est là que réside une différence fondamentale avec les autres pays européens, qui ont su réformer leurs systèmes de retraite afin de garantir un équilibre financier à long terme.

En France, la gestion des retraites repose sur un financement à crédit, c’est-à-dire sur l’accumulation de dettes. Cela signifie que les générations actuelles paient les pensions des retraités, mais que la dette publique augmente sans contrepartie d’investissement. Dans d’autres pays européens, des réformes ont permis de transférer le poids de ces dépenses sur les générations futures de manière plus équilibrée, permettant ainsi une gestion plus saine de la dette. Le modèle français, qui consiste à « payer à crédit » la sécurité sociale, est de plus en plus critiqué, car il ne permet pas de financer d’autres investissements à long terme.

Ce manque de réforme dans le système des retraites représente une menace pour l’avenir économique du pays. La dette accumulée ne produit pas de « fruits » : elle ne permet pas d’investir dans des secteurs créateurs de croissance comme l’éducation, la recherche, ou les infrastructures. Au lieu de cela, elle se transforme en une charge écrasante, qui pèse sur les générations futures. De plus, cet endettement élevé limite la capacité de la France à répondre à d’autres défis économiques majeurs, comme l’investissement dans la transition énergétique ou la modernisation de son économie.

Un choix crucial : les retraites ou la défense ?

Face à cette dérive budgétaire, une question fondamentale se pose : pouvons-nous continuer à financer à crédit des retraites aussi coûteuses, tout en assurant notre sécurité et notre défense ? Le contexte mondial actuel, marqué par des tensions géopolitiques croissantes, fait peser un risque considérable sur la stabilité du pays. En augmentant sa dette publique, la France fragilise sa capacité à investir dans ses capacités militaires et à renforcer sa sécurité nationale. Ce choix entre retraites et canons n’a jamais été aussi pertinent, car les ressources publiques sont limitées et doivent être allouées de manière stratégique.

La crise des retraites a des répercussions non seulement sur l’économie actuelle, mais aussi sur les générations futures. Les jeunes Français risquent de se retrouver avec une dette colossale, sans avoir bénéficié des investissements nécessaires à leur propre épanouissement économique et social. La question de l’avenir du pays se pose ainsi en termes de priorités : choisir de continuer à alimenter un système de retraite devenu insoutenable, ou réorienter les ressources vers des investissements capables de garantir un avenir prospère et sécurisé pour tous.

Pour sortir de cette impasse, une réforme structurelle est indispensable. La France doit repenser son système de retraites et ses choix de financement public, afin de garantir la soutenabilité de ses finances tout en préparant l’avenir. Cela nécessitera courage politique et une volonté de mettre en place des réformes impopulaires mais nécessaires. Car sans ces ajustements, la France risque de se retrouver dans une situation où la dette publique ne pourra plus être remboursée, mettant ainsi en péril sa stabilité économique et sa sécurité nationale.



Stellantis : Enjeux cruciaux pour 2025

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Stellantis, le groupe automobile franco-italo-américain issu de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler, s’apprête à affronter une année 2025 semée d’embûches. Entre tensions réglementaires, bouleversements industriels et enjeux stratégiques majeurs, le constructeur doit faire face à des difficultés croissantes.
Une pression réglementaire qui s’intensifie

L’Union européenne poursuit son engagement en faveur de la transition écologique, imposant aux constructeurs automobiles des limites d’émissions de CO2 de plus en plus drastiques. Stellantis, qui prévoit de commercialiser plusieurs modèles électriques dans les années à venir, doit accélérer sa transition pour éviter de lourdes amendes. Le défi est d’autant plus grand que l’adoption des véhicules électriques reste inégale selon les marchés et que les infrastructures de recharge peinent à suivre.

L’interdiction annoncée de la vente des véhicules thermiques en 2035 met Stellantis sous pression. Le groupe doit réorganiser ses chaînes de production pour préparer l’après-essence et diesel tout en gérant une transition complexe. Les investissements massifs dans les usines de batteries, notamment via ses gigafactories en France et en Allemagne, doivent se concrétiser rapidement pour assurer un approvisionnement suffisant.

Outre les normes environnementales, Stellantis doit aussi affronter la montée en puissance des constructeurs chinois, dont BYD et MG, qui profitent d’une production moins coûteuse et de subventions massives. Leurs modèles électriques, plus abordables et technologiquement avancés, grignotent progressivement des parts de marché en Europe, forçant Stellantis à revoir ses stratégies tarifaires et industrielles.

Un modèle économique sous tension

Stellantis voit ses ventes ralentir sur plusieurs de ses marchés historiques. Aux États-Unis, les tensions sur le pouvoir d’achat et les taux d’intérêt élevés pèsent sur les ventes de SUV et de pick-ups, segment traditionnellement porteur. En Europe, le durcissement des normes et les difficultés économiques réduisent la demande pour les véhicules neufs, mettant sous pression les marges du constructeur.

L’électrification du parc automobile entraîne des investissements massifs, notamment dans la recherche et le développement, la production de batteries et l’adaptation des chaînes de montage. Si Stellantis mise sur des alliances stratégiques avec des acteurs du secteur énergétique pour maîtriser ses coûts, la rentabilité des véhicules électriques reste un défi de taille, notamment face aux prix encore élevés des batteries.

Les aides publiques jouent un rôle crucial dans la transition électrique, mais leur avenir demeure incertain. En France comme en Allemagne, la fin annoncée de certaines subventions pourrait freiner la demande. Stellantis doit anticiper ces changements en adaptant son offre et en misant sur une baisse des coûts de production pour maintenir ses marges.

Un repositionnement stratégique indispensable

Conscient des mutations du marché automobile, Stellantis tente de se repositionner en misant sur les services de mobilité. Le groupe développe des offres de location longue durée et d’autopartage afin de capter une clientèle plus jeune et urbaine, moins encline à acheter un véhicule neuf. L’accès à ces nouveaux segments est crucial pour assurer une croissance durable.

Si l’Europe et les États-Unis restent les principaux marchés du groupe, Stellantis doit renforcer sa présence en Amérique latine, en Afrique et en Asie pour compenser la baisse des ventes ailleurs. Carlos Tavares, le directeur général du groupe, mise notamment sur l’Inde et le Brésil pour dynamiser la croissance, en adaptant l’offre aux besoins locaux.

Pour rester compétitif, Stellantis investit massivement dans les technologies de conduite autonome et l’intelligence artificielle appliquée aux véhicules. La connectivité et les logiciels embarqués deviennent un levier de différenciation, face à des rivaux comme Tesla qui ont fait de ces innovations un argument de vente majeur.



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