La compagnie aérienne menacée de faillite à cause de la crise du Coronavirus va voir son capital renflouer par l’État français avec comme contrepartie, des conditionnalités pour le moins strictes.
La nouvelle, dans l’air depuis plusieurs semaines, est désormais officielle. Au terme de longues et parfois houleuses tractations à Bruxelles, la branche française de la compagnie Air France-KLM, va avoir droit à une nouvelle aide financière de la part de Paris ainsi que l’a annoncé ce mardi, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Ce nouveau plan d’aide représente un total de 4 milliards d’euros que la Commission européenne a autorisé la France à débloquer. Trois millions concernent les obligations hybrides et le reste de la somme est constitué de fonds à injecter directement dans les comptes de la compagnie aérienne. Cela a notamment pour conséquence, une montée en flèche de l’État au capital d’Air France. D’un peu plus de 14 % jusqu’ici, la participation de la France au sein de la compagnie aérienne va grimper à 30 %.
De fortes contreparties
Comme on pouvait s’y attendre, ce renflouement des finances d’Air France n’est pas sans contrepartie. La compagnie aérienne s’est engagée à consentir plusieurs obligations. Cela concerne dans un premier temps, ses fameux créneaux horaires au départ et à l’arrivée de l’aéroport d’Orly. Longtemps opposée à s’en séparer, Air France s’est finalement résolue à en lâcher 18. Un soulagement pour le patron de Bercy qui indique que Bruxelles en demandait jusqu’à 24.
Cette aide publique n’est pas non plus un chèque en blanc, comme l’a fait remarquer Bruno Le Maire. Pour se montrer dignes de cette enveloppe de 4 milliards, les responsables de la compagnie sont contraints d’opérer nombre de réformes susceptibles de faire redécoller l’entreprise. Ceci passe entre autres par des gels de rémunération pour certains salaires, la suspension du versement des dividendes que certaines voix ont critiqué ces derniers temps. À cela s’ajoute l’abandon de certains congés par les salariés, soumis donc à une cure drastique puisque la Commission européenne donne seulement un an à Air France pour fructifier ce plan d’aide.
Air France sauvée, il reste à savoir ce qu’il en sera des négociations entre l’UE et les Pays-Bas s’agissant de KLM, la branche néerlandaise du groupe. Car même si cette dernière s’en sort mieux que son homologue français, la compagnie dans son entièreté est sinistrée par cette crise du coronavirus et les restrictions de vols qui en découlent.