Le secteur du luxe français, après une croissance exceptionnelle, fait face à un ralentissement, mais reste un acteur clé de l’économie mondiale. En dépit des défis, la France maintient sa position de leader grâce à ses marques emblématiques et une forte demande locale et internationale.
Un ralentissement qui reste sous contrôle
Après le rebond spectaculaire du secteur post-Covid, le marché du luxe a atteint des niveaux inédits, notamment en 2021, avec une croissance supérieure à celle de 2019. Cette euphorie s’est poursuivie jusqu’en 2022, mais la première partie de l’année 2023 a marqué un ralentissement. Si le secteur a encore enregistré un taux de croissance de 10 % au premier trimestre 2023, cette décélération est davantage perçue comme une normalisation que comme une crise profonde. Le ralentissement a d’ailleurs commencé dès la fin 2022, bien que les groupes de luxe aient encore enregistré de bons résultats.
L’inflation et le climat d’incertitude économique ont particulièrement affecté les clients « aspirationnels », ceux qui achètent du luxe de façon ponctuelle, souvent sur des produits d’entrée de gamme. Les États-Unis ont observé ce phénomène de manière marquée, car après le rebond post-Covid, l’assouplissement des mesures économiques a freiné la demande. Cela démontre que la croissance rapide du secteur était en partie soutenue par des politiques économiques temporaires, dont la disparition a contribué à cette normalisation.
Le luxe est un secteur clé pour l’économie française. Il représente plus de 3 % de la population active en France, avec plus d’un million d’emplois directs et indirects liés à cette industrie. En raison de la demande constante, les maisons de luxe françaises prévoient de pourvoir 20 000 emplois d’ici 2025, notamment pour compenser les départs à la retraite. Ces emplois couvrent une large gamme de professions allant de la production à la distribution, en passant par la gestion des boutiques de luxe.
La France : un leader mondial du luxe
La France reste le leader mondial du luxe, à la fois grâce à ses marques emblématiques et ses groupes influents. Des entreprises comme LVMH, Kering, Hermès et Chanel figurent parmi les plus grandes marques du secteur. La France occupe ainsi la première place mondiale, avec cinq des sept premières maisons du marché du luxe. En comparaison, des pays comme la Suisse ou l’Italie sont particulièrement forts dans des segments spécifiques, comme l’horlogerie et la chaussure, mais peinent à égaler l’influence des marques françaises.
Si le marché français reste un pilier important, la majorité des achats de luxe dans l’Hexagone ne proviennent plus des touristes étrangers, notamment asiatiques, mais des clients locaux. Avant la pandémie, près de 60 % des achats de luxe en France étaient réalisés par des touristes. Depuis le retour de la clientèle locale, notamment française, après le Covid, la dynamique s’est rééquilibrée. Cependant, le marché mondial reste dominé par une forte demande internationale.
Dans le panorama mondial, les consommateurs américains dominent avec environ 30 à 35 % des achats de luxe, suivis par la Chine, dont la part a chuté après la pandémie. Avant celle-ci, les consommateurs chinois représentaient environ 30 % du marché mondial, mais leur influence a diminué, atteignant seulement 18 % en 2022. Toutefois, des prévisions optimistes suggèrent que la Chine pourrait bientôt retrouver sa place de leader sur le marché, atteignant entre 38 et 40 % des achats mondiaux d’ici 2030.
La compétitivité du marché et les défis à venir
Le secteur du luxe reste soumis à une forte concurrence, non seulement entre les grandes marques établies, mais aussi avec l’émergence de nouveaux acteurs. Si la France conserve une position dominante, des pays comme la Suisse et l’Italie restent des compétiteurs de taille, particulièrement dans certains segments comme l’horlogerie et la maroquinerie de luxe. Les maisons françaises doivent donc continuellement innover pour maintenir leur prééminence face à ces défis.
L’évolution des attentes des consommateurs, notamment des jeunes générations, oblige les maisons de luxe à s’adapter. La quête d’authenticité, la conscience sociale et écologique et l’intérêt pour des expériences uniques deviennent des facteurs déterminants dans le choix des consommateurs. La manière dont les maisons répondent à ces nouvelles demandes pourrait bien déterminer leur avenir sur le marché mondial.
Enfin, l’industrie du luxe se distingue par sa capacité à résister aux crises économiques. Si le ralentissement actuel est noté, il s’inscrit dans un cycle normal de croissance, et la solidité des grandes maisons leur permet de surmonter des périodes difficiles. Les marques françaises, en particulier, bénéficient d’une expertise unique qui leur permet de rester en tête de course, tout en naviguant habilement entre les défis économiques et les nouvelles attentes des consommateurs.