Une plongée dans les plus récents comptes de la chaîne de télévision française révèle la place de choix occupée par ses activités hors de la métropole.
Canal Plus a beau représenter un des fleurons français de l’audiovisuel, sa mamelle nourricière n’est pas sur le territoire hexagonal, comme en témoigne une récente analyse des états financiers de la société sur plusieurs années.
Les chiffres décortiqués par BFMTV indiquent que trois quarts des bénéfices du groupe détenu par Vincent Bolloré proviennent de ses activités à l’international, et plus particulièrement en Afrique et dans les Dom-Tom.
Il s’agit de territoires français situés hors de l’Hexagone, avec le statut soit de département (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte), soit de collectivité territoriale (Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie).
Un monopole rentable
Fort d’un monopole quasiment sans partage sur le marché de la télévision payante, Canal Plus y a engrangé 227 millions d’euros de bénéfices opérationnels l’an dernier. Soit les trois quarts de l’ensemble (318 millions d’euros) des profits générés au cours de cette période.
Sans concurrence locale face à lui, l’entreprise règne en maître sur ce segment de la télévision payante. Une situation de rente particulièrement confortable qui lui vaut des marges estimées à 27% en moyenne, plus importantes que dans n’importe quel autre territoire.
Les activités historiques dans l’Hexagone dégagent en l’occurrence deux mois de bénéfices. Et pourtant, les droits des programmes, notamment sportifs, y sont bien moins élevés qu’en métropole en raison du niveau de vie relativement plus modeste. À cela s’ajoute le spectre du piratage particulièrement prégnant sur le continent africain.
Les raisons d’une stabilité
Si Canal+ réalise de bons résultats en Afrique, c’est aussi le cas du groupe Bolloré dont il est le premier actionnaire. Le groupe financier Oddo révélait déjà via une étude publiée en 2015 que le continent rapportait les deux tiers des profits du groupe avec seulement 25% des ventes.
De quoi renseigner sur l’ampleur cruciale de la profitabilité du groupe Bolloré dans celle de Canal Plus. Cette bonne santé des activités en dehors de l’Hexagone expliquerait, à en croire un ancien employé de Canal Plus, la stabilité de ce segment international.
Aux manettes depuis 2013, le patron Jacques du Puy déroule sa stratégie sans remous, loin de l’intervention de Vincent Bolloré. Contrairement aux autres divisions françaises du groupe, sa filiale n’a pas été chamboulée. Après tout, « pourquoi changer une équipe qui gagne ? ».