Interdiction de l’Eglise orthodoxe en Ukraine : le pape interpelle Zelensky

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Une Eglise orthodoxe
Photo de Vlad ION sur Unsplash

A la guerre comme à la guerre ! L’Ukraine a décidé d’interdire l’Eglise orthodoxe rattachée au patriarcat de Moscou parce qu’elle soutiendrait l’invasion de son territoire. Dimanche, le pape François a interpellé Kiev sur cette décision portant atteinte à la liberté religieuse. « On ne touche pas aux Églises », a déclaré le souverain pontife. Mais pas sûr que Zelensky entende raison, lui qui veut effacer tout ce qui rappelle la Russie.

Dans sa volonté de couper tout lien avec la Russie, l’Ukraine perdrait-elle la tête ? Le Parlement ukrainien a adopté, le mardi 20 août, une loi qui interdit l’Eglise orthodoxe ukrainienne, sous le couvert de la nécessité de protéger « l’ordre constitutionnel dans le domaine des activités des organisations religieuses ». Evidemment, le président Volodymyr Zelensky a promulgué rapidement le texte, le samedi 24 août, jour de la Fête de l’indépendance de son pays de l’Union soviétique.

Le patriarche Kirill a apporté son soutien à l’invasion russe

Selon Kiev, cette loi vise à combattre l’influence russe dans le domaine religieux, en frappant l’Eglise orthodoxe rattachée au patriarcat de Moscou. Pourtant, cette église est celle d’au moins 25% des Ukrainiens, en particulier les russophones de l’est du pays. Le pouvoir ukrainien affirme que son patriarche Kirill à Moscou a apporté un soutien à l’invasion et a déclaré que les soldats russes qui mouraient pour leur patrie allaient directement au paradis.

L’Eglise orthodoxe persécutée depuis l’invasion russe

Si l’Eglise orthodoxe liée à Moscou est officiellement indésirable en Ukraine avec la nouvelle loi, elle est de fait persécutée depuis le déclenchement du conflit en février 2022. Mais, en 2018 déjà, le pouvoir ukrainien avait tenté de l’écarter en créant de toute pièce une nouvelle Église orthodoxe ukrainienne indépendante. Cette nouvelle organisation religieuse a refusé en 2019 l’unification avec l’autre Église orthodoxe ukrainienne rattachée au patriarcat de Kiev.

Des perquisitions et saisies contre l’Église orthodoxe

Bien que cette branche ait coupé les ponts avec Moscou en 2022 après le début de la guerre avec la Russie, les autorités ukrainiennes la considèrent toujours sous influence russe. Ainsi, elles ont multiplié les perquisitions, saisies et procédures judiciaires à son encontre. Pour les chrétiens, cela ressemble davantage à une persécution contre la religion historique des Ukrainiens russophones qu’à une réelle volonté d’obtenir son indépendance du patriarcat de Moscou.

Le pape François craint pour la liberté de ceux qui prient

Cet acharnement ne pouvait pas laisser indifférent le Vatican. Dimanche, au lendemain de la promulgation de la loi par Zelensky, dont le mandat présidentiel a expiré depuis mai dernier, le pape François a appelé à laisser tranquille l’Église orthodoxe ukrainienne. « On ne touche pas aux Églises », a-t-il déclaré devant les fidèles réunis sur la place St. Pierre pour l’angélus dominical. « En pensant aux lois récemment adoptées en Ukraine, monte en moi une crainte pour la liberté de ceux qui prient. Parce que ceux qui prient vraiment prient toujours pour tout le monde. On ne commet pas le mal en priant », a appuyé le souverain pontife.

Moscou dénonce la création d’« une fausse Église »

Sans surprise, le pouvoir russe a condamné la décision ukrainienne. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que la loi adoptée par Kiev vise à « détruire la véritable orthodoxie canonique et à la remplacer par un substitut, une fausse Église ». De son côté, le patriarche Kirill, que l’on dit proche de Vladimir Poutine, a accusé les autorités ukrainiennes de « persécuter » les croyants de l’Église orthodoxe d’Ukraine.

Un appel à toutes les autres confessions chrétiennes

Jugeant la situation critique, le dirigeant religieux russe a également appelé ses pairs des autres confessions chrétiennes et les organisations internationales à « élever la voix pour défendre les croyants persécutés ». Pour sa part, le Conseil ukrainien des Églises et des organisations religieuses (KURO) avait déjà exprimé sa préoccupation le 16 août, soit quatre jours avant le vote au Parlement.

Il faut savoir distinguer une religion des actes de certains de ses dignitaires

Cette organisation a rencontré Zelensky pour lui réaffirmer son respect des droits et des libertés religieuses. Elle a aussi exhorté le président ukrainien à permettre aux fidèles « d’exprimer leurs sentiments et leurs croyances religieuses avec dignité », « malgré certains défis liés à la guerre » et le soutien « complice » de certains religieux dans les « crimes sanglants contre l’humanité des envahisseurs russes ».

L’Occident doit ramener Zelensky à la raison

Et c’est justement là le souci. Les actions de certains religieux n’engagent que leur personne. On ne saurait faire payer leurs actes à tout un peuple qui s’identifie à une religion, celle de ses ancêtres. Aussi, il est injuste de sanctionner l’Église orthodoxe d’Ukraine sur la base d’une politique agressive de la part du locataire actuel du Kremlin. Ce dernier passera, mais l’église restera. L’Occident devrait ramener Zelensky à l’ordre sur cette question, d’autant qu’il existe d’autres moyens de couper le cordon ombilical avec le patriarcat russe.

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