Nouvelle-Calédonie : des violences sur fond d’inégalités économiques

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Photo de ev sur Unsplash

En Nouvelle-Calédonie, des émeutes ont eu lieu lundi et mardi en marge de l’adoption d’une réforme constitutionnelle modifiant le corps électoral. Elles ont fait plusieurs dégâts, avec des commerces pillés et/ou incendiés. Ces violences couvent de fortes inégalités économiques sur ce territoire ultramarin.

Le calme est partiellement revenu ce mercredi matin en Nouvelle-Calédonie. L’archipel français du Pacifique a vécu deux jours d’extrêmes violences dans la capitale Nouméa et ses environs, principalement Dumbéa et Mont-Dore. Des centaines de jeunes ont affronté les forces de l’ordre pour protester contre une réforme constitutionnelle qui modifie le corps électoral.

Les natifs de Nouvelle-Calédonie craignent de devenir minoritaires

Conformément à l’accord de Nouméa de 1998, seuls les natifs et les résidents de longue date de la Nouvelle-Calédonie peuvent prendre part aux élections provinciales et aux référendums locaux. Cette mesure vise à préserver l’équilibre entre la population autochtone kanake et les nouveaux habitants venant de France métropolitaine. Selon un recensement de 2019, les natifs représentent 41,2 % de la population, qui s’élève à 270.000 habitants. Ils craignent ainsi de devenir minoritaires et de ne plus pouvoir donner leur avis sur la gestion politique du territoire.

Une réforme constitutionnelle élargit le droit de vote aux nouveaux venus de France

Après l’adoption de la réforme constitutionnelle par l’Assemblée nationale, les indépendantistes du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) ont dénoncé le passage en force d’un texte menaçant l’existence du peuple autochtone. Ils appellent toutefois au calme les jeunes, qui sont devenus incontrôlables. La cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), pourtant à l’origine de la mobilisation, a fait le même appel.

Une centaine d’interpellations et trois décès en deux jours d’émeutes

Même si les parlementaires, réunis en Congrès à Versailles, validaient définitivement la réforme constitutionnelle, il est encore possible de trouver un accord global sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie d’ici juillet prochain. Cela permettrait de suspendre la révision constitutionnelle, avant les nouvelles élections provinciales prévues d’ici décembre. Craignant une escalade, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi de cinquante autres éléments du GIGN pour soutenir les gendarmes et policiers déjà sur place.

La Nouvelle-Calédonie, territoire en proie à des inégalités économiques

Les violences de lundi et mardi ont occasionné une centaine d’interpellations et de blessés, mais également fait trois décès. Au-delà de la réforme constitutionnelle, elles sont la manifestation d’une frustration sociale. En effet, plus de 26 % des jeunes Calédoniens sont au chômage, selon des chiffres de l’Insee. Aussi, un Calédonien sur cinq (51.000) vit sous le seuil de pauvreté. Les Kanaks sont particulièrement concernés.

Une crise sévère dans la filière du nickel, principal employeur local

Par ailleurs, la Nouvelle-Calédonie est le territoire ultramarin le plus cher. En 2022, l’écart de niveau de prix à la consommation avec l’Hexagone s’élevait à 31%. Cet écart atteignait 78 % pour les seuls produits alimentaires. Les difficultés économiques de l’archipel sont largement dues à la crise dans la filière du nickel, premier employeur local. Ce secteur fait face à la flambée des coûts de l’énergie et à la chute des cours du minerai, sans oublier la concurrence de l’Indonésie. Le gouvernement a annoncé un plan de redressement. Mais celui-ci ne fait pas l’unanimité.

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