Les fonds en euros du marché ont perdu 18,1 milliards d’euros entre janvier et juillet, d’après les chiffres de France Assureurs. Ils souffrent de la concurrence rude du Livret A, ainsi que d’un effet pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste.
Malgré les nombreuses stratégies mises en place par les distributeurs d’assurance-vie et de plans d’épargne retraite (PER), les fonds en euros n’ont pas connu le bond espéré dans la première moitié de 2023. En effet, selon les chiffres de France Assureurs, ils ont accusé une décollecte de 18,1 milliards d’euros entre janvier et fin juillet pour un total de 1 150 milliards. Cette perte intervient après une hausse inattendue du rendement de ce support en 2022 (2,00%), une première depuis plus de 30 ans.
Des taux d’intérêt repartis à la hausse
Pourtant, tous les signaux étaient passés au vert en début d’année. Les marchés financiers avaient repris le chemin de la croissance. Les taux d’intérêt étaient repartis à la hausse, avec l’État français qui empruntait désormais à 3 % sur 10 ans. Ce taux constituait une bonne nouvelle pour les fonds en euros, investis à 80 % en obligations d’État et d’entreprises. On s’attendait donc à ce que les Français y injectent plus d’argent frais pour profiter des niveaux de rémunération attractifs. Flairant les bonnes affaires, certains assureurs avaient même créé leur fonds en euros, alors qu’ils n’en avaient pas.
Une baisse malgré des offres attrayantes
Pour attirer les épargnants, ces assureurs ont multiplié les offres de bonification supplémentaire à valoir sur le taux 2023. Ils ont notamment promis des bonus en échange d’un certain niveau de versement sur le fonds en euros. Ils ont également annoncé en avance des taux minimum pour cette année ainsi que des offres commerciales. Swiss Life, par exemple, a accru le rendement 2023 de 1,40 point sur les versements effectués jusqu’au 31 octobre. Le groupe y a même ajouté 1 point supplémentaire si le contrat comporte 60 % d’unités de compte (UC).
Une préférence des épargnants pour le Livret A
Mais rien n’y fit, les épargnants continuant de bouder les fonds en euros, un support au capital pourtant garanti. Ils préfèrent orienter leurs investissements vers le Livret A, dont le rendement est bien supérieur (3,00 %), alors qu’il fait l’objet d’exonération de prélèvements sociaux et fiscaux. Ainsi, les sommes déposées ces derniers mois sur le Livret A ont atteint un niveau record. Elles se sont élevées à 22,04 milliards d’euros entre janvier et avril 2023, contre 14,09 milliards d’euros sur la même période l’an passé. Ce produit offre donc une forte concurrence.
Perte du pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste
Par ailleurs, les fonds en euros ont souffert d’un effet pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste. En effet, les difficultés économiques ont contraint les assurés à piocher dans leur épargne, occasionnant un déficit dans les caisses. Notons en outre que les fonds en euros déjà existants sont négativement impactés par l’effet stock. Comme leurs obligations ont généralement des échéances à long terme, les assureurs se retrouvent très souvent face à un dilemme. A savoir liquider ces obligations avant leur terme pour en acheter de nouvelles plus rémunératrices, ou les garder et courir le risque d’amoindrir le rendement.
L’assurance-vie, toujours premier produit d’épargne des Français
Avec les unités de compte (UC), les assureurs ne s’exposent pas à ces risques. Ces supports séduisent de plus en plus les épargnants car ils permettent d’investir à profit dans des fonds actions ou obligataires. Entre janvier et juillet 2023, ils ont gagné 21,2 milliards d’euros supplémentaires pour atteindre désormais un encours de 766 milliards d’euros. La collecte nette de l’assurance-vie et du PER (composé à 40% d’UC et à 60% de fonds en euros) s’élève ainsi à 3,1 milliards d’euros. Malgré cette performance moindre, l’assurance-vie reste le premier produit d’épargne des Français. Son encours a progressé de 3,5% sur un an pour s’élever à 1.916 milliards d’euros à fin juillet.