Une équipe de scientifiques travaille actuellement en Finlande sur la production de café fondé sur l’agriculture cellulaire. Cette trouvaille inspirée de la viande in vitro pourrait-elle constituer vraiment une alternative à la culture conventionnelle du café ?
L’on assiste peut-être à un tournant historique dans la production agricole avec ce qui se déroule depuis peu à l’institut finlandais de recherche technique VTT. Sous la direction du docteur Heiko Rischer, des scientifiques s’emploient à une manœuvre à la fois révolutionnaire et intrigante : la production de café depuis le laboratoire. Eh oui, ce n’est pas une lubie, mais une réelle possibilité actuellement expérimentée par des chercheurs.
L’idée est de mettre sur pied un café de culture de labo au goût tout à fait semblable au café conventionnel qui remplit de nombreuses tasses à travers le monde quotidiennement. Ce qui en fait l’une des boissons les plus consommées de la planète.
Coûts environnementaux
Cette ultraconsommation fait naturellement appel à une production à grande échelle, puisqu’il faut bien satisfaire la demande. Les plantations sont ainsi sollicitées de plus en plus, avec tous les dégâts environnementaux inhérents à une telle culture intensive, dont l’explosion des émissions de gaz à effet de serre. Sans compter l’usage abusif de l’eau, ressource tout à fait tarissable.
Autant de coûts nécessaires à la culture classique du café dont la production mondiale annuelle avoisine les 10 millions de tonnes de grains en moyenne, que scientifiques finlandais se proposent d’éradiquer.
Pour y parvenir, l’équipe de Heiko Rischer s’est inspirée des procédés semblables à ceux utilisés dans la création de la viande de culture disponible sur le marché singapourien depuis l’année dernière, une première mondiale. Tout se déroule dans un bioréacteur que les chercheurs ont mis à contribution avec des cellules obtenues des plantes de café.
Scepticisme
Les promesses de ce café high-tech ainsi déclinées, reste à en évaluer les chances dans le cadre d’une hypothétique commercialisation à grande échelle, dans quatre ans au minimum, selon les avis les plus optimistes. Il ressort des premières constatations notamment que le café in vitro en cours de création en Finlande est moins concentré en arômes que celui classique, selon Heikki Aisala, une des personnes dédiées au test du goût de cette nouvelle boisson, cité par l’AFP. La faute sans doute à un processus de torréfaction différent, à en croire Heiko Rischer.
Cela pourrait être affiné dans l’avenir. Mais il n’est pas certain que ce nouveau café séduise. À preuve, les vertus supposées et les dangers allégués à la viande de laboratoire continuent de susciter des interrogations.