Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), lors de sa réunion tenue fin avril et dont le compte-rendu a été publié le jeudi 21 mai, excluait déjà le scénario d’un rebond rapide de l’économie européenne avec le déconfinement. Plutôt qu’une forme en « V », il prévoie désormais une reprise en « U », avec un creux de croissance pendant quelques mois et une reprise qui prendrait du temps à se dessiner.
La courbe en « V » impliquerait des dégâts économiques limités
Alors que les marchés d’actions ont renoué avec l’optimisme, ces derniers mois, la Banque centrale européenne (BCE) exclut pourtant tout rebond rapide de l’économie. Le conseil des gouverneurs, lors de sa réunion fin avril, écartait déjà le scénario d’une reprise rapide de l’économie européenne après la fin du confinement, selon le compte-rendu publié jeudi. Ce rebond rapide dit en « V », qui suivrait rapidement la dégringolade conjoncturelle causée par la pandémie de coronavirus, pourrait ne pas intervenir.
En effet, une courbe en « V » impliquerait des dégâts économiques limités, grâce au chômage partiel indemnisé et à une accumulation d’épargne permettant une reprise rapide de la consommation. Or, à mesure que la crise se prolonge, ses effets sur l’emploi dépriment à leur tour la demande, au risque d’une récession prolongée. « Si les consommateurs ne regagnent pas la confiance rapidement après la fin du confinement, le risque existe que la demande reste plombée », ont noté les banquiers centraux.
Un repli de « 5 à 12% » du PIB de la zone euro
Lors de la réunion fin avril, les gouverneurs ont envisagé trois scenarios et souligné que « celui prévoyant un faible impact était probablement déjà trop optimiste ». La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a expliqué que l’institution s’attendait à un repli de « 5 à 12% » du Produit intérieur brut de la zone euro cette année, une marge reflétant la « grande incertitude » autour des dégâts économiques causés par la pandémie. Avec cette récession en vue, il s’avère que « les projections macroéconomiques présentées lors de la réunion du 4 juin seront nettement revues à la baisse par rapport à celles de mars », ont estimé les banquiers centraux.
Une reprise en « U » voire en « I » ?
Plutôt qu’une forme en « V », les économistes prévoient désormais une reprise en « U », avec un creux de croissance pendant quelques mois. Suivra une reprise qui prendrait du temps à se dessiner, pénalisée par des secteurs durablement touchés, comme le tourisme ou les commerces. Certains analystes, plus pessimistes, redoutent même un scénario dit en « I », c’est-à-dire une chute libre.