La croissance du bio, que l’on constate déjà depuis plusieurs années, s’est accélérée ces dernières semaines, selon le cabinet Nielsen, qui note une augmentation de 48% de la valeur du panier moyen bio en cette période de confinement due au coronavirus. Cette crise sanitaire pourrait même permettre au bio de « convaincre de nouvelles cibles » et de « conquérir de nouveaux territoires ».
Le panier moyen passe de 40 euros à 59 euros
Depuis le début du confinement, la dynamique de la consommation bio accélère. En effet, même si la plupart des gens se rendent dans les supermarchés, les achats en magasins bio spécialisés (Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, Bio C’bon, Naturéo …) connaissent une forte croissance. « La valeur du panier moyen y a augmenté de 48%, passant d’environ 40 euros à 59 euros depuis la mi-mars », relève Alexandre Fantuz, directeur marketing de Biotopia, panéliste en magasins bio, cité par Nielsen. Le cabinet relève une croissance globale des ventes des produits bio de 63% par rapport à la même semaine l’an passé, contre 40% pour les produits conventionnels. Cet écart de 23 points est en outre supérieur à celui enregistré début février.
En termes géographiques, la croissance du bio, bien que visible dans tout l’Hexagone, est plus forte dans le nord et le nord-ouest, ainsi que dans l’est et le sud-ouest, où « les familles sont plus représentées », analyse Nielsen. Ces départements enregistrent d’ailleurs les plus grands écarts de croissance entre produits bio et produits conventionnels. En revanche, en région parisienne (notamment à Paris), la tendance est plus limitée alors que la population consomme habituellement beaucoup plus de produits bio. Cette situation dérive certainement de l’« exode » constaté au début du confinement.
Pourquoi cette percée du bio ?
Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette percée du bio en cette période de crise sanitaire. « D’abord, ces produits, perçus comme plus naturels, sont recherchés surtout en période de doute où les produits vus comme globalisés sont sous le feu des critiques » souligne Antoine Lecoq, analyste chez Nielsen. Ensuite, ces rayons subissent moins de ruptures d’approvisionnement que le conventionnel : « Quand les rayons sont vides, il y a plus de chance de pouvoir encore trouver des produits bio en rayon », précise-t-il. En outre, le recentrage sur le commerce de proximité, où le poids du bio est plus important, favorise cette tendance. Enfin, il y a l’augmentation des repas à domicile pour les produits de base fortement consommés par les familles, « qui sont aussi de grandes consommatrices du bio ».
Ce dynamisme du bio persistera-t-il après la crise sanitaire ?
Selon le cabinet Nielsen, le contexte particulier de la crise pourrait permettre au bio de « convaincre de nouvelles cibles » et de « conquérir de nouveaux territoires ». Ce phénomène pourrait également bénéficier à « l’ensemble des produits aux promesses alternatives (végétaux, écologiques, locaux…) ».