Jonathan Fiawoo : « une nouvelle génération de start-up africaines pour les EdTech »

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Ancien président de la Chambre de Commerce du Togo, Jonathan Fiawoo est une homme d’affaire africain respecté. A travers ses prises de positions et ses investissements, il souhaite participer au renouveau africain. Parmi ses engagements, la transition écologique bien sûr, mais également l’éducation.

Quelle analyse faites-vous de la situation de l’Ecole en Afrique ?

Il y a deux manières de considérer les enjeux éducatifs en Afrique aujourd’hui. La première, plutôt pessimiste, elle consiste à constater qu’aucun des pays d’Afrique subsaharienne  n’est parvenu à réaliser les objectifs d’une « Education pour tous », initiative ratifiée par la communauté internationale en 2000, sous l’égide de l’Unesco. Force est de constater que 16 des 20 pays les plus mal notés (au regard des efforts consentis ces 15 dernières années en la matière) sont africains.

Et la vision optimiste ?

Je parlerais plutôt d’une vision réaliste. Il faut comparer ce qui est comparable. Or, en 2000, les pays africains étaient les seuls à afficher des taux de scolarisation très en dessous des moyennes internationales, avec un taux de scolarisation dans le primaire inférieur à 60 % (quand il dépassait déjà 90 % en Asie du Sud-Est). De plus, nous parlons d’un continent qui a dû faire face, dans le même temps, à un « challenge démographique » considérable, qui s’est traduit par une explosion du nombre de jeunes à scolariser. Autrement dit, même imparfaits, les résultats actuels sont déjà un petit exploit face à l’ampleur du défi.

Est-ce que les moyens consacrés sont suffisants ?

Cela dépend de qui l’on parle… L’aide internationale, pour la partie qui est consacrée à l’éducation dite « de base », a été très largement amputée ces vingt dernières années, passant de près de 50 % à environ 30%.

En revanche, il est vrai que les pays africains, de leur côté, ont fait progresser les crédits qu’ils consacrent à l’éducation. Certains pays ont purement et simplement supprimé les frais de scolarité (Burundi et Tanzanie par exemple), d’autres ont porté leur effort jusqu’à consacrer 30 % de leur budget national à l’éducation !

Parmi les solutions, vous soutenez le développement du numérique. Pourquoi ?

Face au manque de moyens, au manque d’établissements, et parfois au manque d’enseignants, il semble logique de se tourner vers le numérique et ses solutions propres. La dématérialisation des contenus scolaires (à condition que les réseaux mobiles le supportent) est évidemment une piste en matière d’accès à l’éducation. A fortiori dans des zones enclavées.

D’autant plus qu’une nouvelle  génération de start-ups africaines se lance sur ce secteur des « ed-tech » [education technology, NDLR].

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

En Côte d’Ivoire, la start-up Qelasy a fait parler d’elle. Son fondateur, Thierry N’Doufou, a voulu lancer une tablette qui affranchisse les enfants des contraintes de lieu et de temps. Des milliers d’ouvrages sont accessibles, et des vidéos éducatives également. Au Kenya, l’initiative eLimu est aussi très intéressante : elle rend ludique l’apprentissage, en mettant aussi en relation directe les enfants avec des professeurs.

Les économies d’échelle sont donc potentiellement considérables…

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