Trump relance la guerre commerciale avec l’Europe

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Face à la surtaxe de 30 % annoncée par Donald Trump sur les importations européennes, l’UE est prise entre fermeté stratégique et recherche d’un compromis.

Une offensive tarifaire américaine qui fait voler en éclats les négociations

C’est une annonce tonitruante qui tombe en pleine torpeur estivale : Donald Trump a décrété, à partir du 1er août 2025, une surtaxe de 30 % sur les importations européennes, après plusieurs mois d’atermoiements. Le président américain avait d’abord évoqué en avril des « droits de douane réciproques » à 10 %, puis 24 % pour l’Union européenne, avant de suspendre l’application face aux marchés inquiets. La nouvelle salve tarifaire, plus agressive encore, constitue un camouflet pour Bruxelles, qui négocie avec la Maison Blanche depuis le printemps.

Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, s’était rendu à Washington début juillet dans l’espoir de conclure un accord à taux réduit, sur le modèle de celui obtenu par Londres. Las, les Européens tablaient sur une base de discussion à 10 %, assortie d’exemptions ciblées. En imposant unilatéralement 30 % de droits de douane, Trump torpille ces efforts et fragilise le rôle de l’Union comme interlocuteur crédible en matière commerciale.

En 2024, l’UE a exporté 532,3 milliards d’euros de biens vers les États-Unis, un chiffre majeur pour la santé de l’économie continentale. L’application de ces nouvelles taxes pourrait perturber profondément les chaînes de valeur, notamment dans l’automobile, la chimie ou l’agroalimentaire. Le différentiel commercial – encore favorable à l’Europe – est aujourd’hui au cœur de la rhétorique protectionniste du président américain, en quête de soutien électoral interne.

Bruxelles entre retenue stratégique et montée en tension

Malgré la provocation américaine, la Commission européenne continue de prôner la retenue. Ursula von der Leyen a rappelé samedi que « l’UE a toujours donné la priorité à une solution négociée ». Bruxelles a même prolongé la suspension des contre-mesures douanières prises en réponse aux taxes américaines sur l’acier et l’aluminium. Ce choix vise à éviter une réaction à chaud, et à laisser le président américain s’enfermer dans ses propres contradictions.

La prudence de la Commission repose aussi sur la vulnérabilité de l’économie européenne. Dans un contexte de croissance molle, d’inflation persistante et de désindustrialisation partielle, une guerre commerciale ouverte avec les États-Unis serait dévastatrice. « Elle n’est pas pressée et préfère ne pas réagir de façon impulsive », résume l’économiste Sébastien Jean, qui voit dans l’attitude européenne une tentative de laisser Trump se décrédibiliser.

L’UE reste fidèle à sa doctrine fondée sur le droit international et le libre-échange. Elle répugne à dégainer la riposte, même en réponse à une agression manifeste. Mais cette ligne modérée commence à fissurer l’unité politique des Vingt-Sept, alors que les appels à une posture plus ferme se multiplient, en particulier du côté français.

Vers une réponse européenne ? Le dilemme stratégique

Ursula von der Leyen a confirmé que la Commission prépare des contre-mesures ciblées, estimées à 21 milliards d’euros, en cas de rupture définitive des négociations. Il s’agirait de surtaxer des produits américains de manière symétrique. D’autres pistes sont à l’étude, notamment dans les secteurs agricoles ou numériques, mais rien n’est encore acté. L’Europe joue la montre, sans renoncer à ses options.

Face à l’inaction apparente de Bruxelles, Paris hausse le ton. Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a exhorté la Commission à « se défendre sans naïveté », tandis qu’Emmanuel Macron a réclamé « des contre-mesures crédibles et rapides ». L’Italie, de son côté, milite pour la négociation, quitte à accepter certains compromis. L’Allemagne, longtemps modérée, commence à durcir sa position, évoquant désormais des « mesures décisives » si Trump ne recule pas.

L’ancien directeur du commerce à la Commission, Rupert Schlegelmilch, résume l’enjeu : « Même si des représailles peuvent être économiquement absurdes, elles deviennent stratégiquement indispensables ». Dans ce bras de fer transatlantique, la crédibilité de l’UE comme puissance commerciale est en jeu. Si elle ne riposte pas, elle risque de passer pour une puissance soumise. Si elle riposte trop vite, elle pourrait aggraver le ralentissement économique.



Temu bouscule le discount en France

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Temu
Temu

« Qui peut arrêter la course folle de Temu ? » s’interroge l’étude publiée par Joko, après avoir analysé les transactions bancaires d’un million de Français âgés de 18 à 64 ans. Arrivée discrètement en France en 2023, la plateforme chinoise Temu spécialisée dans le shopping en ligne ultra low-cost a connu une ascension fulgurante. En l’espace de deux ans, sa part de marché dans le secteur du discount est passée de 8 % à 19 %, reléguant certains poids lourds du secteur au second plan.

Cette montée en puissance ne relève pas du hasard : elle est le fruit d’une stratégie redoutablement efficace, mêlant renouvellement constant de l’offre, communication massive sur les réseaux sociaux — notamment TikTok — et une politique tarifaire imbattable. Une combinaison qui a su séduire une clientèle de plus en plus attentive à ses dépenses dans un contexte économique tendu.

L’année 2024 : l’explosion des ventes

C’est en 2024 que Temu a véritablement changé d’échelle. Selon l’étude, ses ventes ont bondi de 129 % en un an, dépassant largement la croissance de ses concurrents directs : Shein (+57 %), Normal (+42 %), Action (+20 %) ou encore AliExpress (+20 %). Face à cette dynamique, certaines enseignes traditionnelles du discount ont reculé, à l’image de La Foir’Fouille (-1 %), Gifi (-5 %) ou Stokomani (-8 %), dans un marché global pourtant en progression de 23 %.

La marque a su capter une clientèle jeune et mobile, friande de nouveautés et d’expériences d’achat ludiques. L’interface de Temu, inspirée des codes du jeu vidéo et de la récompense immédiate, pousse à l’achat impulsif. Couplée à une livraison gratuite et des prix cassés, la recette séduit massivement.

Une offensive européenne stratégique

Alors que les surtaxes douanières imposées par Donald Trump freinent désormais les importations chinoises vers les États-Unis, Temu a su réorienter habilement sa stratégie vers l’Europe, et notamment la France. Ce recentrage opéré dès février 2025 s’est révélé particulièrement payant : en mai, la plateforme enregistrait déjà une croissance supplémentaire de 47 %, avec une hausse de 10 % de sa base clients.

Temu a accompagné ce virage stratégique par un surinvestissement massif dans la publicité, multipliant les campagnes d’affichage, les spots sponsorisés sur les réseaux sociaux et les collaborations avec des influenceurs. Une démarche coûteuse, mais qui semble porter ses fruits. À tel point que, selon Yann Rivoallan, président de la fédération française du prêt-à-porter féminin, ce boom publicitaire des plateformes asiatiques entraîne aujourd’hui des surcoûts de 15 à 50 % pour les marques traditionnelles, contraintes de lutter pour conserver leur visibilité.

Une menace pour les acteurs établis du e-commerce

Longtemps perçue comme une alternative parmi d’autres dans le discount en ligne, Temu change aujourd’hui de statut. « Temu n’est plus perçue comme une option low cost, mais comme une marketplace généraliste crédible », note l’étude de Joko. Elle marche désormais sur les platebandes de géants bien installés comme Cdiscount, Micromania, Conforama, But, La Redoute ou même Ikea, en grignotant des parts de marché dans l’électronique, la maison, ou encore la mode.

La plateforme profite de son écosystème d’approvisionnement chinois, qui lui permet de proposer une offre très diversifiée à des prix difficilement concurrençables. De quoi sérieusement inquiéter les enseignes françaises et européennes, qui peinent à rivaliser sur le terrain du tarif tout en supportant des coûts logistiques et salariaux bien plus élevés.

Un modèle durable ou une bulle spéculative ?

Face à cette montée en puissance, des voix s’élèvent pour questionner la pérennité du modèle Temu. Derrière les prix cassés, se cachent des interrogations sur les conditions de fabrication, la durabilité des produits, ou encore l’empreinte écologique d’un système basé sur le transport rapide et à grande échelle depuis la Chine. Si l’attrait du prix reste un levier puissant, le retour en force de la consommation responsable pourrait ralentir cette dynamique à long terme.

Mais pour l’heure, Temu semble inarrêtable. Sa capacité à capter l’air du temps, à innover dans son approche commerciale et à imposer sa marque dans les habitudes d’achat en font un acteur incontournable du paysage commercial français.

Israël : l’économie tient sous le feu, mais à quel prix ?

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Après 600 jours de conflit, Israël conserve une étonnante solidité économique. Mais cette résilience a un coût social et humain croissant, selon l’économiste Jacques Bendelac.
Une économie de guerre taillée pour la survie

Depuis sa création, Israël s’est bâti sur un paradigme unique : celui d’une économie capable de fonctionner sous la pression permanente de la guerre. Jacques Bendelac, spécialiste de l’économie israélienne, évoque un « modèle unique au monde » qui a su conjuguer production, innovation technologique et sécurité nationale. Cette organisation repose sur une flexibilité institutionnelle, un tissu entrepreneurial solide et une culture de l’urgence, inscrite dans la durée.

Au cœur de cette résilience, un trésor de guerre : les 210 milliards de dollars de réserves de la Banque d’Israël. Alimentées en partie par les revenus du gaz naturel, ces ressources pourraient — selon Bendelac — financer une guerre pendant dix années. Ce chiffre symbolise autant la robustesse du système financier que l’ampleur de l’effort budgétaire dédié à la défense nationale. Un arsenal économique dissuasif, mais non infini.

L’économie israélienne continue de fonctionner, mais sous contrainte. La production industrielle s’ajuste, les exportations résistent, et l’innovation technologique reste active, notamment dans les secteurs liés à la défense et à la cybersécurité. Toutefois, cette résistance repose sur un fragile équilibre : la stabilité des marchés, la confiance des investisseurs, et l’absence d’extension du conflit à grande échelle.

Le coût intérieur d’une guerre sans fin

Si l’économie globale tient, la population, elle, s’essouffle. L’année 2024 est, selon Bendelac, « la plus mauvaise depuis 40 ans » sur le plan économique. La hausse continue des prix, l’envolée des taux d’intérêt et l’alourdissement de la fiscalité étranglent les classes moyennes. Le conflit pèse sur la consommation, sur l’investissement privé et surtout sur le moral des ménages.

Les populations du nord et du sud, les plus exposées aux hostilités, sont également les plus fragiles sur le plan économique. Appauvrissement, pertes d’emplois, destructions d’habitations : le conflit amplifie les inégalités territoriales et sociales. Des milliers d’Israéliens doivent être indemnisés, hébergés, soutenus, mettant à rude épreuve les dispositifs de solidarité.

Deux piliers essentiels de l’économie israélienne — l’agriculture et le tourisme — sont à l’agonie. L’incertitude sécuritaire a vidé les hôtels, les sites religieux, les marchés. Les agriculteurs, souvent proches des zones sensibles, peinent à maintenir leur production. Cette désorganisation sectorielle risque de laisser des cicatrices durables sur l’économie réelle.

Entre espoir économique et dépendance militaire

Malgré tout, Jacques Bendelac reste confiant : en cas de cessez-le-feu durable, l’économie israélienne pourrait rebondir rapidement. La demande intérieure repartirait, les flux touristiques reviendraient, et les investissements étrangers pourraient affluer à nouveau. L’histoire économique d’Israël montre que les périodes de guerre ont souvent été suivies de croissances soutenues.

L’économiste salue l’approche « business-oriented » de Donald Trump, pour qui l’argument économique prime dans toute négociation stratégique. Cette perspective, bien que controversée, repose sur une idée simple : il est plus coûteux de faire la guerre que de conclure un accord. Selon Bendelac, cette logique pourrait s’imposer dans le dialogue régional, y compris face à l’Iran.

Enfin, Bendelac insiste sur un impératif : « que l’économie reprenne le dessus sur le militaire ». Car si Israël a su survivre économiquement dans la guerre, ce modèle n’est pas soutenable indéfiniment. Replacer la prospérité collective, la justice sociale et le développement à long terme au cœur du projet israélien est la condition d’un avenir viable — et d’un espoir de paix durable.



La fibre optique : un atout stratégique pour les entreprises connectées

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Vitesse, fiabilité, compétitivité : la fibre optique s’impose aujourd’hui comme un levier de performance incontournable pour les entreprises. Bien au-delà du simple confort de navigation, elle structure désormais l’ensemble des usages numériques professionnels. Tour d’horizon des avantages et des opportunités offerts par cette connectivité très haut débit.

La fibre optique booste la productivité

La digitalisation croissante de l’économie impose aux entreprises une connectivité sans faille. Qu’il s’agisse de télétravail, de visioconférences, d’hébergement cloud, de cybersécurité ou encore de gestion des données, tous les processus critiques reposent aujourd’hui sur une connexion internet rapide et stable. La fibre optique répond parfaitement à ces exigences, bien plus efficacement que les connexions ADSL traditionnelles ou même les réseaux 4G/5G.

Avec ses débits symétriques pouvant atteindre 1 Gbit/s, voire davantage selon les offres professionnelles, la fibre permet des transferts de données ultra-rapides, sans latence ni coupure. Ce gain de temps se traduit par une productivité accrue au quotidien. Finis les ralentissements en plein envoi de fichiers lourds ou les appels vidéo hachés : la continuité des activités est assurée, même en période de forte sollicitation.

Un vecteur de compétitivité pour les PME comme pour les grands groupes

Contrairement aux idées reçues, la fibre optique ne s’adresse pas uniquement aux grands groupes. Les PME, start-up et entreprises de taille intermédiaire en tirent également de nombreux bénéfices, dans un environnement concurrentiel de plus en plus exigeant.

Elle permet notamment de déployer efficacement des outils collaboratifs en ligne (comme Microsoft Teams ou Google Workspace), d’accéder rapidement à des plateformes SaaS, de sécuriser les flux via des solutions de sauvegarde en temps réel, ou encore de connecter des systèmes de production à distance. Autant de fonctionnalités qui modernisent le fonctionnement interne tout en optimisant les coûts.

Les entreprises disposant de plusieurs sites profitent aussi d’une interconnexion fluide entre leurs établissements. Grâce à la fibre, elles peuvent centraliser leurs données, mutualiser leurs ressources informatiques et piloter leurs activités en temps réel, quel que soit leur domaine d’activité.

FTTO : la fibre dédiée pour les entreprises exigeantes

Toutes les fibres ne se valent pas. Si les offres FTTH (Fiber To The Home) peuvent suffire à certains usages, les entreprises ayant des besoins critiques privilégieront la FTTO (Fiber To The Office). Cette technologie repose sur une fibre dédiée, entièrement isolée du réseau grand public, garantissant ainsi des débits symétriques, constants et hautement sécurisés.

Bon nombre d’opérateurs télécoms commercialisent des offres FTTO performantes. On peut notamment citer Stelogy, qui propose une fibre dédiée pensée pour les entreprises recherchant une infrastructure fiable, puissante et évolutive. Ce type d’offre garantit une qualité de service premium.

La FTTO est particulièrement recommandée pour les structures manipulant de gros volumes de données, les métiers de l’audiovisuel, les centres d’appels, les bureaux d’études ou encore les établissements de santé, mais pas que car elle permet d’obtenir une qualité de service très élevée. Il s’agit là d’un investissement stratégique, souvent déterminant pour le bon fonctionnement de l’activité.

Une opportunité pour les professionnels du numérique

Dans ce contexte porteur, les acteurs de l’écosystème numérique ont tout intérêt à intégrer la fibre optique dans leur gamme de services. De plus en plus de prestataires informatiques, intégrateurs ou revendeurs IT choisissent ainsi de devenir distributeur télécom, afin de répondre aux attentes croissantes de leurs clients en matière de connectivité.

Ce positionnement leur permet de diversifier leurs sources de revenus, de proposer des solutions clés en main, et de renforcer la fidélité de leur clientèle. En collaborant avec des opérateurs comme Stelogy, les revendeurs de service télécom ont accès à des offres fibre pro sur mesure, accompagnées d’un soutien technique et commercial dédié. Une stratégie gagnante à une époque où les entreprises recherchent des prestataires capables de leur fournir un service global, de l’installation à la maintenance.

 

En définitive, la fibre optique ne se résume pas à une simple amélioration du débit internet. Elle est devenue un pilier de la transformation numérique des entreprises, en leur offrant les moyens techniques à la hauteur de leurs ambitions stratégiques. Productivité, sécurité, agilité : ses bénéfices sont nombreux, concrets et durables.

Tourisme : un été 2025 prometteur sous l’effet des JO de Paris

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Porté par l’attractivité post-olympique et la fréquentation étrangère, l’été 2025 s’annonce dynamique pour le tourisme en France, malgré un contexte incertain.
Un début d’année solide qui rassure les professionnels

Au 30 avril 2025, les visiteurs étrangers avaient déjà généré 21,4 milliards d’euros de recettes touristiques, soit une hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre confirme un début d’année robuste, en particulier grâce à la clientèle européenne. Le ministère du Tourisme et Atout France se félicitent de ces performances, qui laissent augurer une saison estivale très favorable.

Les clientèles allemandes, néerlandaises et espagnoles sont à l’origine de la plus forte progression : +25 % pour les Allemands, +24 % pour les Néerlandais et +15 % pour les Espagnols. Seule exception notable : la baisse de 18 % des visiteurs britanniques, une tendance attribuée à l’effet combiné de l’inflation outre-Manche et du recul de la livre sterling. La fréquentation européenne reste néanmoins le socle solide de la dynamique française.

Malgré une conjoncture géopolitique complexe – tensions au Proche-Orient, élections incertaines aux États-Unis, prudence des tour-opérateurs – le tourisme en France reste stable. La confiance des acteurs du secteur repose sur une réputation d’accueil, une diversité d’offres culturelles et naturelles, et une accessibilité géographique qui continue de séduire les clientèles internationales.

Un « effet Jeux » toujours visible dans les réservations

Les réservations de locations saisonnières pour l’été 2025 affichent une hausse de 16 % entre juin et août par rapport à 2024 (source FTO-LightHouse). Cette augmentation se confirme dans l’hôtellerie de plein air, avec une progression prévue de 1,7 % des nuitées pour les mois de juillet et août. Cette tendance, amorcée dès le printemps, s’explique par l’attrait post-olympique des sites liés aux Jeux de Paris 2024.

Les prévisions d’arrivées aériennes pour juin-août 2025 annoncent une hausse de 4,7 % par rapport à l’année précédente (source ForwardKeys). Les touristes venus de Scandinavie, du Canada, de Chine et d’Australie seront plus nombreux cet été. L’intérêt pour la destination France se maintient également auprès des Américains, avec une croissance plus modeste (+3 %), mais constante depuis trois ans.

Le « soft power » des Jeux de Paris 2024 continue de produire ses effets. Les infrastructures améliorées, la couverture médiatique mondiale et la mise en avant du patrimoine français lors des cérémonies ont laissé une empreinte favorable dans l’imaginaire touristique. Paris et sa région captent toujours une large part de la fréquentation, mais les régions, notamment la Côte d’Azur, l’Occitanie et la Bretagne, tirent aussi leur épingle du jeu.

Vers une stratégie de valeur pour un tourisme plus rentable

La ministre du Tourisme Nathalie Delattre a souligné dans Les Échos la nécessité de « travailler sur notre stratégie de valeur ». L’objectif n’est plus seulement quantitatif : il s’agit de faire en sorte que chaque touriste dépense davantage, en privilégiant des offres à haute valeur ajoutée. Ce recentrage stratégique vise à renforcer la rentabilité du secteur tout en limitant la pression sur les infrastructures.

La croissance du tourisme ne va pas sans interrogations environnementales. Quels marchés prioriser pour maximiser les recettes sans aggraver le bilan carbone ? Comment limiter la saturation de certains sites tout en favorisant le développement de nouveaux territoires ? Le ministère et Atout France travaillent à une refonte du modèle touristique français, plus sélectif, mieux réparti et plus durable.

Un plan d’action visant à simplifier les démarches administratives pour les acteurs du tourisme est attendu d’ici fin juillet. Il devrait inclure des mesures de soutien à l’investissement, de modernisation des structures d’accueil, et de promotion ciblée sur les marchés émergents. L’enjeu : maintenir l’excellence française dans un environnement mondial de plus en plus concurrentiel.



Trump Mobile : la famille Trump entre patriotes et pixels

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Avec Trump Mobile, les fils de l’ancien président américain lancent une offre téléphonique nationale et engageante, mêlant marketing, politique et stratégie commerciale.
Une offensive commerciale soigneusement orchestrée

Le 16 juin 2025, Donald Trump Jr. et Eric Trump ont présenté officiellement Trump Mobile lors d’un événement organisé à la Trump Tower. Il ne s’agit pas d’une simple initiative commerciale, mais bien d’une incursion stratégique dans l’univers très concurrentiel de la téléphonie mobile américaine. Trump Mobile est un MVNO (opérateur virtuel) qui s’appuie sur les réseaux existants des grands opérateurs que sont Verizon, T-Mobile et AT&T. C’est donc un service sans infrastructure propre, mais à forte identité de marque, qui vise une audience idéologiquement engagée et fidèle à la famille Trump. Cette approche révèle une stratégie de marque plus large, qui vise à ancrer le nom Trump dans tous les secteurs où il peut résonner comme symbole politique autant que commercial.

Accompagnant le lancement du service, la famille Trump a révélé un smartphone baptisé « T1 Phone », affiché au prix de 499 dollars. L’appareil, au design doré et aux lignes très affirmées, est annoncé comme entièrement conçu et fabriqué aux États-Unis. Bien qu’aucune démonstration technique n’ait encore été faite, le téléphone fonctionne sous Android 15 et se présente comme une alternative patriote aux marques asiatiques, notamment chinoises et sud-coréennes. Dans l’esthétique comme dans le discours, le T1 Phone incarne le credo marketing de l’entreprise : l’affirmation d’une identité nationale, hautement symbolique, résolument opposée à la mondialisation libérale.

Trump Mobile propose un forfait phare nommé « The 47 Plan », en référence au souhait de Donald Trump de redevenir le 47e président des États-Unis. Facturé 47,45 dollars par mois, il comprend appels, SMS et données illimités, une assistance routière, et même un accès à des services de télémédecine. Le tout est présenté sous un angle clairement idéologique : un service téléphonique réservé aux « patriotes », aligné avec les valeurs de l’« America First ». Le service client promet d’ailleurs d’être entièrement basé aux États-Unis, dans un souci de cohérence avec le positionnement nationaliste de l’ensemble.

Les atouts et limites d’un positionnement nationaliste

La principale force du projet Trump Mobile réside dans sa capacité à mobiliser un imaginaire collectif autour de la production nationale. Depuis des années, Donald Trump martèle son engagement en faveur du « Buy American » et cette offre téléphonique semble en être une traduction directe. Le smartphone doré, assemblé en sol américain selon les déclarations, incarne la promesse d’une autonomie industrielle retrouvée. Ce discours s’adresse à un public très spécifique : la base électorale trumpiste, pour qui consommer devient aussi un acte politique. L’élément de distinction repose moins sur l’innovation technique que sur la charge symbolique du produit.

Trump Mobile fonctionne comme MVNO, c’est-à-dire qu’il ne dispose pas de son propre réseau, mais utilise les infrastructures de Verizon, T-Mobile et AT&T. Ce choix garantit une couverture nationale de grande qualité tout en limitant les investissements en infrastructures. Le modèle économique est donc favorable pour un lancement rapide, sans déploiement coûteux. C’est une stratégie fréquemment utilisée par les nouveaux entrants du marché, mais Trump Mobile bénéficie ici d’une puissance de feu marketing hors normes. Reste à savoir si cela suffira à créer une base d’abonnés durable.

Le principal risque de Trump Mobile réside dans sa posture très clivante. En liant explicitement le service à la campagne présidentielle et à l’imaginaire trumpiste, l’entreprise limite de fait son audience potentielle. Les consommateurs non alignés politiquement ou hostiles au personnage de Donald Trump seront peu enclins à souscrire à une telle offre, quel que soit son intérêt technique. En outre, des questions persistent quant à la vérité des affirmations sur l’origine du smartphone, qui pourraient alimenter des controverses et affaiblir le message de souveraineté.

Un coup marketing avant tout politique

Trump Mobile ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification de l’empire Trump, qui s’étend désormais bien au-delà de l’immobilier et du divertissement. Depuis 2023, Donald Trump Jr. et Eric Trump ont lancé une gamme de baskets, un parfum, un ETF Bitcoin, et des projets hôteliers au Moyen-Orient. La marque Trump devient un vecteur identitaire multi-sectoriel, où la politique est au service du commerce, et réciproquement. La création de Trump Mobile s’inscrit donc dans cette logique de captation d’une clientèle politiquement engagée.

Ce projet soulève néanmoins des questions majeures sur le plan éthique et institutionnel. Alors que Donald Trump est en campagne pour un nouveau mandat, l’utilisation de son image dans un service commercial interroge sur la frontière entre sphère publique et intérêt privé. Le nom du forfait phare, « The 47 Plan », est à lui seul un signal clair de cette interpénétration. Les observateurs s’inquiètent de la banalisation de cette confusion entre business familial et accès à la fonction suprême. Une telle pratique, si elle venait à se généraliser, poserait un véritable problème démocratique.

Trump Mobile pourrait bien inaugurer un nouveau modèle de consommation politique. En créant un « produit d’engagement », la famille Trump propose aux électeurs de ne plus seulement voter, mais aussi d’être client d’une vision du monde. Cette fusion entre marque, service et identité idéologique n’est pas sans rappeler certains modèles américains de culture d’entreprise militante. Si le succès est au rendez-vous, il pourrait inspirer d’autres figures politiques ou entrepreneuriales. Trump Mobile serait alors non pas un gadget éphémère, mais le précurseur d’une tendance durable : la marchandisation de l’engagement politique.



La consommation d’alcool et de drogues au travail a bondi de 107% depuis 2017

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Entre 2017 et 2025, la consommation d’alcool et de drogues sur les lieux de travail en France a plus que doublé. C’est ce que révèle une étude inédite publiée le 12 juin par iThylo, marque de l’entreprise Aperli, et dévoilée par franceinfo. Baptisé « Révéler ce qui ne se voit pas », le rapport met en lumière une dérive préoccupante : une augmentation de 107 % des cas positifs détectés sur les lieux de travail en huit ans, avec une progression spectaculaire de la consommation de cocaïne.

La cocaïne s’invite dans les ateliers et sur les chantiers

Longtemps perçue comme une drogue réservée à certains milieux festifs ou à des cadres urbains, la cocaïne s’est aujourd’hui diffusée dans des univers bien différents : entrepôts logistiques, ateliers, chantiers. En 2025, les cas positifs à cette drogue se sont multipliés par 13 par rapport à 2017, selon les données recueillies par iThylo lors de tests salivaires anonymes réalisés sur des milliers de salariés.

Jean-Jacques Cado, président et cofondateur de l’entreprise, observe une évolution frappante : « Là où il était extrêmement rare de dépister une personne positive à la cocaïne, on voit aujourd’hui des cas groupés dans certaines équipes ». Il cite un exemple marquant : sur un seul site industriel, huit personnes sur vingt-quatre dépistées étaient positives à cette substance.

Si la cocaïne fait une percée spectaculaire, le cannabis reste la substance la plus fréquemment retrouvée lors des tests, avec 1,8 % de taux de positivité en 2025.

Un phénomène aggravé par la précarité et l’isolement

L’étude met en évidence une vulnérabilité accrue chez les travailleurs précaires, en particulier les intérimaires. Bien qu’ils ne représentent que 15 % de l’échantillon total, ils concentrent à eux seuls 25 % des cas positifs au cannabis, 31 % à la cocaïne et 18 % à l’alcool.

Des facteurs structurels expliquent cette surreprésentation : horaires atypiques, conditions de logement souvent précaires, faible intégration au collectif de travail, isolement social et accès limité à l’information et à la prévention. Autant d’éléments qui favorisent le glissement vers des consommations addictives banalisées.

Jean-Claude Delgennes, expert en santé au travail et auteur d’un ouvrage consacré aux addictions en entreprise, confirme cette tendance : « Il ne s’agit pas uniquement de consommateurs réguliers. Certains sont simplement exposés à un environnement professionnel dans lequel l’usage de drogues devient culturellement accepté, voire intégré au quotidien. »

L’alcool, un usage rythmé par les horaires de travail

L’étude souligne également des usages d’alcool spécifiques à certains rythmes de travail. Les consommations s’intensifient notamment en fin de journée et le vendredi, avec des taux de positivité parfois deux fois supérieurs à la moyenne, particulièrement chez les salariés effectuant des horaires décalés ou nocturnes.

Cette tendance s’est fortement accentuée depuis la pandémie de Covid-19. Alors que les taux restaient relativement stables entre 2017 et 2021, les trois années suivantes ont marqué un tournant net. Entre 2022 et 2024, les cas positifs ont bondi de 43 % pour l’alcool et de 52 % pour l’ensemble des stupéfiants. Une « rupture claire avec la période pré-Covid », selon les auteurs du rapport.

Une banalisation inquiétante, un angle mort des politiques de prévention

L’un des constats majeurs de cette étude est la normalisation silencieuse de la consommation de substances psychoactives en entreprise. « Ce phénomène s’ancre dans les failles structurelles du monde du travail », alerte iThylo, pointant les limites des politiques de prévention actuelles, souvent centrées sur les cadres ou les postes à responsabilité, et ignorant la réalité du terrain chez les travailleurs les plus exposés.

La marque appelle à un changement de paradigme : une prévention plus inclusive, plus réaliste et mieux adaptée aux besoins du terrain. Pour cela, iThylo plaide pour des interventions portées par des professionnels légitimes, une prise en compte de tous les statuts – y compris les intérimaires – et la mise en place de dispositifs d’écoute durables.

Un enjeu de santé publique et de sécurité au travail

Au-delà de la question sanitaire, cette montée en flèche des consommations d’alcool et de drogues en milieu professionnel pose un véritable problème de sécurité, notamment dans les secteurs à risque comme le BTP, la logistique ou l’industrie.

Alors que les usages évoluent, souvent dans l’ombre, les entreprises, les pouvoirs publics et les acteurs de la prévention sont appelés à réagir face à un phénomène aussi massif que méconnu. Car ce qui se joue, c’est autant la santé des salariés que la sécurité de tous.

L’État reprend la main sur les supercalculateurs d’Atos

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Face aux difficultés d’Atos, le gouvernement propose de racheter ses activités stratégiques de calcul avancé pour garantir la souveraineté technologique de la France.
Protéger une technologie critique : le choix d’un État stratège

Les supercalculateurs ne font jamais la une des journaux et n’apparaissent dans aucune campagne électorale. Pourtant, ces machines de calcul extrême, capables d’effectuer des milliards d’opérations à la seconde, sont le socle invisible de la puissance technologique d’un État. Dans le cas de la France, ils jouent un rôle fondamental dans la simulation nucléaire, la recherche climatique, les projets de santé de précision ou encore le développement de l’intelligence artificielle. Leur maîtrise ne relève pas de l’innovation de confort, mais bien d’un attribut de souveraineté. À l’heure où les puissances mondiales — États-Unis, Chine, Inde — investissent massivement dans ce domaine, la France ne peut se permettre de perdre la main.

Ancien fleuron technologique français, Atos est aujourd’hui en grande difficulté. Endetté à hauteur de plus de 2 milliards d’euros, affaibli par des décisions stratégiques contestées, le groupe cherche à se désendetter en cédant des actifs. Or, parmi les divisions mises en vente figurent des briques critiques : calcul haute performance, informatique quantique, IA appliquée… Autrement dit, des savoir-faire qui intéressent des concurrents ou fonds étrangers. En intervenant rapidement, l’État évite un démantèlement technologique qui aurait pu aboutir à une perte de souveraineté dans des secteurs aussi stratégiques que la défense ou la cybersécurité.

Ce type d’intervention n’est pas inédit. L’État français a déjà, par le passé, injecté du capital pour préserver des actifs industriels jugés vitaux : Alstom en 2004, STX France (devenu Chantiers de l’Atlantique), Technip… Ces actions visent moins à nationaliser durablement qu’à temporiser et stabiliser des situations de crise. En ce sens, l’offre ferme adressée à Atos — pour un montant de 410 millions d’euros — s’inscrit dans cette doctrine du “capitalisme d’intérêt général” où la main de l’État garantit la continuité d’activités jugées non substituables.

Une opération de rachat encadrée, conditionnée et ciblée

L’offre formulée par l’Agence des participations de l’État (APE) valorise les actifs visés à 410 millions d’euros, dont 110 millions sont conditionnés à l’atteinte d’objectifs de performance sur les exercices 2025 et 2026. Une somme notable, bien que sensiblement inférieure à la fourchette initialement estimée à l’automne 2024 (500 à 625 millions). Cette décote s’explique par l’exclusion de certaines activités comme Vision AI, mais reflète aussi la volonté de l’État d’imposer des conditions strictes, notamment en termes de maintien d’emplois, de transfert de propriété intellectuelle, et de localisation des centres de calcul en France.

La cession ne concerne pas l’ensemble d’Atos, mais uniquement ses activités dites de « calcul avancé » : le HPC (High Performance Computing), l’informatique quantique, le business computing, et les solutions IA pour la défense. Ces activités regroupent environ 2 500 salariés, répartis principalement en France, mais aussi en Allemagne et au Royaume-Uni. En 2025, leur chiffre d’affaires prévisionnel est estimé à 800 millions d’euros. Ces divisions sont aussi celles qui entretiennent des contrats sensibles avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), la Direction générale de l’armement (DGA), et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Le processus de rachat suit un calendrier serré mais structuré. Après consultation des instances représentatives du personnel d’Atos et autorisation des autorités européennes de la concurrence, la signature de l’accord engageant est attendue à l’automne 2025. La finalisation opérationnelle interviendra au premier semestre 2026, ce qui laisse le temps à l’État de monter une structure de gouvernance transitoire pour ces actifs. À terme, un adossement à une autre entreprise publique (Thales, CEA Tech, voire Airbus Defence & Space) n’est pas exclu.

Une manœuvre aux conséquences industrielles et géopolitiques

Le produit de la vente offre à Atos une bouffée d’oxygène pour rembourser une partie de sa dette et recentrer son modèle économique. La firme devrait désormais se recentrer sur ses services numériques (cloud, conseil, cybersécurité civile). Mais le groupe reste fragilisé. Le départ de ses actifs stratégiques l’ampute d’une partie de son prestige technologique. Il lui faudra prouver qu’il peut survivre en tant qu’ESN (entreprise de services numériques) dans un marché hautement concurrentiel. La confiance des actionnaires reste ébranlée, et la direction générale devra stabiliser rapidement son périmètre pour éviter une nouvelle crise.

Ce rachat symbolise un changement de paradigme. Depuis les années 1990, l’État s’était progressivement retiré de la gouvernance industrielle directe, préférant la régulation à l’intervention. Ce geste envers Atos marque un tournant : face aux tensions géopolitiques, à l’inflation des dépendances numériques (notamment vis-à-vis des clouds américains), et à la guerre économique globale, l’État réaffirme sa mission protectrice. Ce retour assumé de l’intervention publique dans les technologies critiques pourrait se généraliser à d’autres domaines : batteries, semi-conducteurs, IA générative.

Enfin, cette reprise est un message adressé aux partenaires européens : il n’est plus question de vendre à la découpe les infrastructures technologiques clés de l’UE. Elle pourrait inspirer d’autres pays confrontés à la fragilité de leurs champions nationaux. La France, déjà moteur dans les projets européens de cloud souverain (GAIA-X, Numspot), ambitionne d’incarner un modèle de vigilance stratégique dans l’économie de la donnée. La reprise des supercalculateurs d’Atos n’est donc pas une simple opération de sauvetage : elle s’inscrit dans une doctrine de défense technologique active à l’échelle continentale.



Casino s’exporte : 210 magasins prévus au Maroc d’ici 2035

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Le groupe français Casino, en difficulté sur le marché national, engage une vaste offensive commerciale au Maroc, misant sur la franchise et la proximité urbaine.

Un partenariat stratégique pour reconquérir l’international

Le groupe Casino a officialisé, lundi 27 mai, un partenariat avec le conglomérat marocain H&S Invest Holding, dirigé par l’ex-ministre Moncef Belkhayat. Cette entente prévoit l’ouverture de 210 magasins sous enseignes Franprix et Monoprix d’ici 2035 sur l’ensemble du territoire marocain. Il s’agit pour Casino d’un retour offensif à l’international, après plusieurs années de recul en Amérique latine et de cessions d’actifs en France. Le contrat prend la forme d’une master franchise exclusive, une formule qui permet au groupe de conserver la maîtrise de son image tout en déléguant l’opérationnel.

Ce choix de l’internationalisation par la franchise n’est pas un hasard. Casino, qui a vendu récemment plusieurs actifs en France pour se désendetter, trouve dans ce modèle un levier de croissance à moindre coût. Le développement à l’étranger repose sur des partenaires solides, capables d’investir massivement tout en respectant les standards du groupe. Monoprix et Franprix, marques reconnues pour leur offre de proximité urbaine, sont jugées particulièrement adaptées aux grandes villes marocaines, où la classe moyenne urbaine est en forte expansion.

Le marché marocain de la distribution est en mutation rapide. Si Marjane et Carrefour y sont bien implantés, l’offre de commerce de proximité moderne reste limitée. C’est sur ce créneau que Casino entend se positionner, en proposant des formats compacts, urbains, qualitatifs et digitalisés. Cette offensive vise aussi à contrer la montée en puissance d’acteurs locaux, de plus en plus compétitifs, tout en capitalisant sur l’image premium de ses enseignes. L’implantation du premier magasin est prévue pour 2026, signe que l’opération est déjà bien engagée.

Monoprix et Franprix : un concept pensé pour le consommateur marocain

Les enseignes Monoprix et Franprix, développées depuis des décennies en France, reposent sur un modèle hybride de grande distribution et de commerce de proximité. Produits frais, snacking, restauration, services (pressing, livraison, etc.), ces magasins se veulent des lieux de vie autant que des points de vente. L’adaptation au marché marocain reposera sur la capacité à intégrer les attentes spécifiques d’un public urbain, jeune, mobile, tout en préservant les codes qui font le succès de ces enseignes en France.

Casino et H&S Invest Holding souhaitent positionner les enseignes comme des références en matière de qualité des produits, de traçabilité et d’offre équilibrée entre références françaises et productions locales. L’accent sera mis sur les produits frais, les circuits courts quand cela est possible, et une logique de différenciation par la gamme plutôt que par le prix. L’objectif est clair : séduire une clientèle exigeante, prête à payer un peu plus pour une expérience d’achat plus fluide et rassurante.

Les futurs magasins intégreront des services innovants déjà en test ou déployés en France : caisses automatiques, click and collect, livraison rapide, applications mobiles avec programmes de fidélité intégrés, etc. Cette dimension technologique constitue un atout clé dans un marché marocain où la jeunesse urbaine est ultra-connectée. Casino ambitionne ainsi d’importer non seulement un savoir-faire logistique, mais aussi une culture de service où le digital prolonge l’expérience physique, en magasin comme à domicile.

Un projet économique structurant pour le Maroc

L’installation de 210 magasins sur une décennie représente un investissement logistique massif, avec des effets d’entraînement sur l’immobilier, les transports, et les réseaux de fournisseurs locaux. H&S Invest Holding a annoncé la création de plus de 1 000 emplois directs et indirects, répartis sur l’ensemble du Royaume. Le maillage territorial du projet promet de stimuler le commerce local, y compris dans des zones aujourd’hui peu desservies par la distribution moderne.

Ce projet s’inscrit dans la continuité des relations économiques fortes entre la France et le Maroc. Casino et H&S Invest entendent faire de ce programme une vitrine de coopération bilatérale, à l’heure où les tensions diplomatiques passées laissent place à un climat de relance économique. En s’alliant à un acteur local de poids, le groupe français évite l’écueil du projet perçu comme néocolonial. L’approche est partenariale, avec une gouvernance partagée et une ambition clairement affichée de créer de la valeur localement.

L’arrivée de Monoprix et Franprix devrait contribuer à faire évoluer les standards du commerce marocain, en introduisant de nouvelles exigences en matière de service, d’esthétique, de parcours client. Si le modèle rencontre son public, il pourrait inciter d’autres enseignes françaises ou européennes à envisager des implantations similaires. À terme, cette dynamique pourrait reconfigurer le paysage de la grande distribution au Maroc, en accélérant sa professionnalisation, sa digitalisation, et sa segmentation haut de gamme.



À Versailles, Macron joue la carte du « Choose France »

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Le président reçoit 200 patrons internationaux au château de Versailles pour promouvoir l’attractivité de la France et engranger des milliards d’euros d’investissements.

Un rendez-vous devenu incontournable pour séduire les grands investisseurs

C’est dans le faste du château de Versailles, haut lieu du pouvoir symbolique, qu’Emmanuel Macron a une nouvelle fois accueilli les dirigeants des plus grandes entreprises mondiales. Le 8e sommet « Choose France », organisé lundi 13 mai 2025, a réuni près de 200 chefs d’entreprise issus de tous les continents. Parmi eux, des figures de poids comme Larry Fink (BlackRock), Martin Lundstedt (Volvo), ou encore le président de Coca-Cola Europe. En installant cet événement dans ce cadre aussi prestigieux que politique, Emmanuel Macron entend réaffirmer que la France est ouverte, accueillante et compétitive sur le terrain de l’investissement international.

L’objectif de l’exécutif était clair : battre le record d’annonces d’investissements, établi à 13 milliards d’euros en 2023. Il semble atteint. Selon les premières estimations, ce sont plus de 20 milliards d’euros qui ont été promis, dans des secteurs aussi variés que les infrastructures logistiques, l’industrie pharmaceutique, les technologies numériques et les énergies renouvelables. L’exemple le plus emblématique est celui de Prologis, géant américain de l’immobilier logistique, qui prévoit à lui seul d’investir 6,4 milliards d’euros en France, avec la construction de 750 000 m² d’entrepôts d’ici 2028, et la création de plusieurs milliers d’emplois.

Pour accompagner cette édition, Emmanuel Macron a repris avec ironie une expression qui avait fait scandale en 2018 : « un pognon de dingue ». Cette fois-ci, la formule devient un slogan positif. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le président s’affiche détendu, en tee-shirt, enchaînant les annonces avec un ton volontiers direct. Une manière assumée de reprendre la main sur la communication, de désamorcer les critiques passées, et de mettre en scène une France attractive, conquérante et moderne.

Une politique de l’attractivité assumée comme priorité économique

Pour attirer ces investissements, Emmanuel Macron et ses ministres n’ont cessé de vanter les réformes entreprises depuis 2017. Réduction de la fiscalité sur les entreprises, assouplissement du droit du travail, simplification administrative : autant de mesures que les investisseurs étrangers perçoivent comme des signaux positifs. Le président se félicite d’avoir fait de la France, selon plusieurs classements européens, la première destination pour les investissements directs étrangers (IDE) sur le Vieux Continent pour la quatrième année consécutive.

L’essentiel des investissements annoncés concerne des domaines jugés stratégiques par l’exécutif : data centers, logistique verte, industrie pharmaceutique, intelligence artificielle et transition énergétique. Cette orientation répond à une double logique : d’une part, faire de la France un acteur central de la réindustrialisation verte en Europe ; d’autre part, renforcer l’autonomie technologique du pays dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. Le gouvernement espère ainsi enclencher un effet de levier dans les territoires, en stimulant la recherche, la formation et l’emploi autour de ces filières.

En complément des annonces économiques, le sommet Choose France est devenu une vitrine diplomatique et médiatique. Chaque année, le château de Versailles se transforme en outil d’influence où les grandes entreprises sont valorisées, les dirigeants écoutés, et les projets exposés en détail. L’exécutif mise sur cet effet d’image, couplé à une narration continue sur les réseaux sociaux, pour convaincre autant les partenaires étrangers que l’opinion publique nationale de l’efficacité de sa politique économique.

Retombées, limites et critiques d’un exercice bien rodé

Parmi les retombées les plus concrètes, le gouvernement met en avant la création de plusieurs milliers d’emplois directs et indirects. Les projets annoncés doivent permettre une implantation sur tout le territoire, y compris dans des zones rurales ou périurbaines. L’investissement de Prologis, par exemple, se fera en grande partie en dehors de l’Île-de-France, contribuant ainsi à la revitalisation économique de plusieurs régions. Cette territorialisation est centrale dans le récit présidentiel, qui entend démontrer que l’attractivité économique bénéficie à tous les Français.

Attirer des entreprises étrangères, oui — mais pas à n’importe quel prix. C’est le pari de Macron : favoriser les implantations dans les secteurs d’avenir, de manière à renforcer la souveraineté nationale. L’accueil de nouveaux data centers, l’implantation de lignes de production de batteries ou encore le développement de laboratoires de biotechnologie visent à bâtir une économie plus résiliente face aux crises. Le président entend ainsi montrer que l’investissement étranger peut servir une stratégie d’intérêt général, loin des logiques purement financières des décennies passées.

Pour autant, les détracteurs du sommet Choose France rappellent que les montants promis ne se traduisent pas toujours en emplois concrets, ni en investissements pérennes. Certains projets tardent à se matérialiser, d’autres ne créent que des emplois très qualifiés, peu accessibles aux populations locales. Des économistes pointent aussi le risque de dépendance à des capitaux extérieurs et l’absence de conditionnalités sociales ou environnementales suffisantes. Enfin, les oppositions politiques dénoncent une mise en scène coûteuse au service d’un président « start-up nation » plus soucieux de l’image que de la réalité industrielle.



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