Cybersécurité : Filigran signe une levée de fonds historique et entre dans la cour des géants

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C’est un record qui consacre la vitalité de la tech française. En bouclant une levée de fonds de 58 millions de dollars en Série C, la startup Filigran s’impose comme la nouvelle locomotive de la cybersécurité hexagonale. Trois ans à peine après sa création, l’entreprise totalise près de 100 millions de dollars levés, symbole d’une ambition désormais mondiale et d’une reconnaissance internationale du savoir-faire français dans la cyberdéfense.

Une levée record qui propulse Filigran au rang des leaders européens

Cette Série C, menée par le fonds Eurazeo, réunit plusieurs investisseurs majeurs : Insight Partners, Accel et Deutsche Telekom T.Capital, ce dernier signant son entrée au capital pour soutenir le développement de la société en Europe centrale. « C’est la levée la plus importante jamais réalisée par une startup française de cybersécurité », souligne Samuel Hassine, CEO et cofondateur de Filigran. « Elle illustre la capacité de l’écosystème français à innover et à s’imposer sur la scène internationale. »

L’arrivée du géant allemand des télécoms aux côtés de fonds américains historiques traduit une double ambition : renforcer l’ancrage européen tout en accélérant la conquête du marché nord-américain. Pour Samuel Hassine, ce nouvel équilibre reflète parfaitement l’identité de Filigran : « Nous avons choisi des partenaires qui partagent notre vision d’une cybersécurité ouverte, collaborative et mondiale, mais profondément enracinée dans une expertise européenne. »

Une croissance fulgurante portée par l’innovation et l’open source

Fondée en 2022, Filigran s’est fait un nom en développant une suite d’outils de cyber intelligence utilisés par plus de 6 000 organisations à travers le monde, dont Marriott, Rivian, Bouygues Télécom ou encore le FBI. Ses solutions open source — OpenCTI pour l’analyse de la menace, OpenBAS pour la simulation d’attaques — connaissent un succès grandissant. Bientôt, elles seront complétées par OpenGRC, un module dédié à la gestion proactive des risques.

La communauté open source gravitant autour de la startup a doublé en deux ans, preuve de l’attractivité de son approche. « Notre force, c’est de permettre aux entreprises de comprendre leurs adversaires, de simuler leurs comportements et d’adapter leur défense en conséquence », explique Samuel Hassine. « Nous ne faisons pas que détecter les attaques : nous aidons nos clients à les anticiper. »

Depuis sa Série B de 35 millions en 2024, la croissance de Filigran a pris une dimension planétaire : triplement de ses effectifs aux États-Unis, implantation au Japon, en Arabie Saoudite, à Singapour et en Nouvelle-Zélande. Le siège et la R&D demeurent en France, où travaillent une centaine de collaborateurs, tandis que les filiales internationales accompagnent la montée en puissance des clients grands comptes et du secteur public.

Une stratégie articulée autour de l’IA, de la donnée et de l’expansion mondiale

Cette nouvelle levée de fonds doit consolider trois priorités : l’innovation produit, l’intégration de l’intelligence artificielle et l’expansion internationale. L’objectif immédiat : accélérer le développement d’OpenGRC, une plateforme d’analyse de risques en temps réel, nourrie par la connaissance des menaces émergentes.

Filigran prépare également le lancement de XTM one, sa propre plateforme d’agents IA destinée à renforcer ses outils existants. Conçue pour fonctionner aussi bien dans le cloud qu’en environnement on-premise, cette solution vise à répondre aux exigences de sécurité des clients institutionnels et industriels.

L’expansion géographique figure elle aussi au cœur de la feuille de route. Grâce à l’appui de Deutsche Telekom T.Capital, la startup entend accélérer sur les marchés germanophones et renforcer ses positions en Asie-Pacifique et au Moyen-Orient, tout en consolidant sa présence en Amérique du Nord.

Filigran, fer de lance de la cyber intelligence européenne

En trois ans, Filigran est passée du statut de pépite à celui d’acteur de référence. Son approche fondée sur la transparence, la collaboration et l’exploitation intelligente de la donnée séduit les grands comptes, mais aussi les institutions publiques confrontées à une explosion des menaces cyber.

« Face à la sophistication croissante des attaques et à l’essor de l’IA, notre mission est plus cruciale que jamais », conclut Samuel Hassine. « Nous voulons offrir à nos clients la capacité d’être proactifs, de mesurer leur exposition en temps réel et de réagir efficacement. »

Avec cette levée record, Filigran confirme que la cybersécurité française n’a plus rien à envier à la Silicon Valley. Et que, dans un monde où la menace devient la norme, l’innovation “made in France” peut aussi rimer avec leadership mondial.

Cyberattaque confirmée : l’UE pointe l’origine des perturbations dans plusieurs aéroports européens

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Bruxelles, Londres, Berlin, Dublin… Plusieurs grands aéroports européens ont été paralysés ce week-end par une panne d’envergure. Lundi, l’Agence européenne pour la cybersécurité (ENISA) a confirmé qu’il s’agissait bien d’une cyberattaque visant un prestataire stratégique. Les forces de l’ordre ont été saisies pour enquêter.

Une attaque au rançongiciel identifiée

Dans un communiqué publié lundi, l’ENISA a levé le doute : « Le type de rançongiciel a été identifié. Les forces de l’ordre ont été saisies pour mener l’enquête. » La panne, qui avait d’abord été présentée comme une « perturbation technique », est bien le résultat d’une cyberattaque d’un tiers.

Le prestataire visé n’est autre que Collins Aerospace, filiale du groupe américain RTX, fournisseur clé de logiciels d’enregistrement et d’embarquement. Son système MUSE a été ciblé, entraînant des retards en chaîne dans plusieurs hubs européens.

Files d’attente et retards en cascade

À Berlin, où l’aéroport accueillait ce week-end les dizaines de milliers de participants et spectateurs du marathon, les files d’attente se sont allongées bien au-delà de la normale. Lundi encore, malgré les renforts mobilisés, la situation restait tendue. L’aéroport a conseillé aux voyageurs de privilégier l’enregistrement en ligne pour limiter les embouteillages aux comptoirs.

Bruxelles, Londres et Dublin ont également subi des retards et des annulations, affectant des milliers de passagers. La désorganisation a rappelé la dépendance extrême du transport aérien aux systèmes informatiques et aux prestataires spécialisés.

Collins Aerospace tente de rassurer

Dans une déclaration à l’AFP, Collins Aerospace a reconnu une « perturbation d’origine cyber » et assuré travailler étroitement avec ses clients aéroportuaires et compagnies aériennes. L’entreprise affirme être dans « la phase finale des mises à jour nécessaires pour rétablir un fonctionnement normal ».

Si la société insiste sur le caractère limité et maîtrisé de l’incident, les perturbations observées dans plusieurs pays soulignent l’ampleur de l’impact d’une telle attaque.

Une nouvelle alerte pour la sécurité numérique européenne

Cette attaque illustre une fois de plus la vulnérabilité des infrastructures critiques face aux cybercriminels. L’aviation civile, secteur stratégique et hautement sensible, reste une cible privilégiée. Pour l’UE, cet incident rappelle l’urgence de renforcer la cybersécurité des prestataires et des chaînes d’approvisionnement numériques.

Après ce week-end chaotique, les voyageurs espèrent surtout un retour rapide à la normale. Mais pour les autorités européennes, la priorité est claire : tirer les leçons de cet épisode pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise à plus grande échelle.

Taxe Zucman : promesse sociale ou mirage fiscal ?

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Prévue à 2 % sur les fortunes de plus de 100 millions, la taxe Zucman divise : recettes réelles limitées, risque d’exil fiscal et incertitudes juridiques.
Une taxe symbolique au cœur du débat politique

Imaginée par l’économiste Gabriel Zucman, la taxe consiste à imposer à hauteur de 2 % annuels les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Derrière sa simplicité apparente, la mesure porte un message fort : faire contribuer davantage les ultra-riches dans un contexte de dette publique élevée et d’inégalités persistantes. Elle s’inscrit dans une tradition de fiscalité progressive défendue par la gauche, qui voit en elle un levier de justice sociale et une alternative à de nouvelles hausses d’impôts pour la classe moyenne.

Les partisans de la taxe avancent que les milliardaires français bénéficient déjà d’une fiscalité très favorable. Gabriel Zucman rappelle régulièrement que ces derniers ne paient quasiment pas d’impôt sur le revenu, leurs fortunes étant abritées dans des structures de détention patrimoniale sophistiquées. Pour ses soutiens, la taxe Zucman constitue une réponse aux critiques récurrentes sur l’impuissance des États face à la concentration des richesses et à l’explosion des patrimoines financiers. Elle aurait aussi une portée symbolique, en réaffirmant la capacité du pouvoir politique à encadrer l’économie.

Si la gauche politique en a fait un étendard, la communauté académique reste partagée. Certains y voient un outil réaliste et nécessaire pour rééquilibrer l’effort fiscal. D’autres dénoncent un projet « idéologique » peu ancré dans la réalité économique. La faisabilité technique et juridique, le risque d’exil fiscal, la compatibilité avec le droit européen et la pertinence du calcul des recettes attendues font l’objet d’âpres discussions. La « taxe Zucman » apparaît donc comme un révélateur des clivages profonds sur la fiscalité du capital en France.

Les écueils pratiques d’une mise en œuvre

La première critique avancée est celle de l’exil fiscal : les plus fortunés quitteraient le pays pour s’installer dans des juridictions plus accommodantes. Les défenseurs de la taxe relativisent ce risque en rappelant que les liens familiaux, culturels et professionnels ancrent souvent les contribuables dans leur pays d’origine. Les études empiriques montrent qu’il existe bien des départs, mais qu’ils ne sont pas massifs. Toutefois, même une minorité de départs peut avoir un impact non négligeable : selon Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics, ils pourraient représenter jusqu’à 20 % des recettes manquées, auxquelles s’ajouteraient 50 % de pertes liées aux stratégies d’optimisation et aux niches fiscales. L’enjeu est donc moins quantitatif que qualitatif : la réponse comportementale des contribuables conditionnera le succès ou l’échec de la mesure.

L’autre difficulté majeure réside dans la définition du patrimoine taxable. La mesure vise en partie les holdings utilisées pour réduire la fiscalité, mais elle inclurait aussi les parts détenues dans des start-up à forte valorisation. Or, ces entreprises ne génèrent pas nécessairement de liquidités. L’exemple souvent cité est celui de Mistral, jeune pépite française de l’intelligence artificielle, valorisée 14 milliards d’euros. Ses fondateurs, détenant 20 % du capital, devraient s’acquitter de 56 millions d’euros annuels… alors que l’entreprise n’a encore dégagé aucun bénéfice. La logique « papier » se heurte ici à la réalité de l’innovation : exiger une taxe sur des actions illiquides reviendrait à forcer les entrepreneurs à vendre, diluant leur contrôle et menaçant l’ancrage français des entreprises stratégiques.

Au-delà de l’économie, la taxe Zucman soulève des interrogations juridiques. Certains juristes estiment que l’instauration d’une « exit tax » pour compenser les départs fiscaux pourrait être censurée par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté d’établissement. D’autres doutent de la compatibilité de la mesure avec le droit européen. Les critiques soulignent aussi le risque d’une instabilité juridique décourageant l’investissement en France. Ces incertitudes renforcent l’image d’une réforme séduisante sur le papier, mais vulnérable face aux garde-fous institutionnels.

Entre recettes limitées et alternatives fiscales

Gabriel Zucman estime que sa taxe permettrait de lever 20 milliards d’euros par an. Mais les projections réelles, tenant compte de l’exil et de l’optimisation, ramènent ce chiffre à environ 5 milliards. Ce décalage massif interroge : un gain de 5 milliards demeure considérable, mais très loin des ambitions affichées. Pour les économistes sceptiques, cette surestimation fragilise la crédibilité de la mesure et pourrait déstabiliser une trajectoire budgétaire déjà incertaine.

Pour les opposants, la taxe Zucman enverrait un signal négatif aux investisseurs internationaux. Taxer lourdement le capital, beaucoup plus mobile que le travail, reviendrait à prendre le risque d’une fuite des entreprises et des talents. L’ancien directeur de la Toulouse School of Economics, Christian Gollier, estime que la gauche sous-estime ces effets à long terme : « Si la France est la seule à mettre en place une telle fiscalité, tous les Français y perdront. » La compétitivité fiscale reste donc un paramètre incontournable dans le débat.

Certains économistes préfèrent mettre en avant d’autres solutions : renforcer la lutte contre la fraude fiscale, taxer les holdings dormantes, ou encore instaurer des mécanismes ciblés sur les plus-values latentes transmises lors des successions. Ces pistes, moins spectaculaires politiquement, seraient néanmoins plus faciles à mettre en œuvre et potentiellement plus efficaces. Xavier Jaravel rappelle que « cinq milliards, c’est déjà énorme », mais qu’il vaut mieux des réformes réalistes qu’un projet aussi clivant qu’incertain.



Dette française : la crainte d’un déclassement durable

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Les incertitudes politiques nourrissent l’inquiétude des marchés et font planer le spectre d’un affaiblissement structurel de l’économie française.
La défiance des marchés face à l’instabilité

Depuis la dissolution de juin 2024, les marchés observent la France avec circonspection. La menace d’une nouvelle crise politique fragilise encore davantage la confiance des investisseurs, qui redoutent l’incapacité du pays à stabiliser ses finances publiques.

La Bourse de Paris affiche un retard croissant par rapport aux indices européens. La chute de 1,60 % enregistrée le 25 août symbolise cette défiance. Les capitaux internationaux préfèrent se tourner vers des économies jugées plus stables, accentuant la fragilité française.

Les taux d’emprunt à dix ans, proches de 3,50 %, rejoignent désormais les niveaux italiens, bien au-dessus de ceux de l’Espagne ou du Portugal. Ce signe inquiétant indique que la dette française est perçue comme risquée, malgré la taille et la puissance économique du pays.

Un avenir budgétaire préoccupant

Les perspectives pour 2026 sont alarmantes : la France pourrait devenir le plus mauvais élève de l’Union européenne en matière de déficit, dépassant même la Roumanie. Les promesses de ramener le déficit sous les 3 % semblent hors d’atteinte, ce qui mine encore la crédibilité du gouvernement.

Près de 56 % de la dette française appartient à des investisseurs étrangers. Cette dépendance fragilise la souveraineté économique, car la France est exposée aux humeurs des marchés internationaux. La moindre instabilité politique se traduit immédiatement par une prime de risque accrue.

En 2026, la France devra emprunter 310 milliards d’euros, presque autant que l’Allemagne. Mais tandis que Berlin attire les investisseurs grâce à sa réputation de rigueur, Paris inspire méfiance. Cette différence de perception accentue le déclassement français sur la scène financière.

Le spectre d’un déclassement économique

Une hausse durable des taux d’intérêt plomberait la charge de la dette et rendrait impossible toute réduction du déficit. Cette spirale pourrait étouffer la capacité d’action des gouvernements successifs, piégeant la France dans une dépendance financière croissante.

La plupart des économistes ne croient pas à une explosion soudaine de la dette française. Mais le danger est plus insidieux : celui d’un lent déclin, marqué par des taux plus élevés que chez les voisins européens et une perte de compétitivité durable.

Quel que soit le gouvernement en place, l’horizon sera étroit. Les marges de manœuvre budgétaires disparaissent, laissant peu de place aux investissements d’avenir. La France risque ainsi de voir son destin dicté non par ses choix politiques, mais par la pression constante des marchés.



Cybersécurité : un enjeu vital pour l’économie des entreprises

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Les cyberattaques se multiplient et fragilisent les organisations. La cybersécurité n’est plus un simple poste technique : elle est devenue un levier stratégique, conditionnant la compétitivité et la survie des entreprises.

Une menace qui coûte cher

Chaque année, les cyberattaques coûtent des milliards d’euros à l’économie mondiale. En France, une entreprise sur deux déclare avoir déjà subi une intrusion ou une tentative d’attaque. Les conséquences sont multiples : paralysie des systèmes informatiques, pertes de données sensibles, interruption de la production, sans compter les frais de remise en état et les rançons parfois exigées par les hackers.

Au-delà des coûts directs, l’impact peut être désastreux sur le long terme. Une attaque réussie peut entacher la réputation d’une entreprise, briser la confiance des clients et entraîner une chute brutale du chiffre d’affaires. Certaines PME, incapables de se relever après un piratage, doivent même mettre la clé sous la porte.

Un facteur de compétitivité

La cybersécurité ne doit plus être perçue comme une contrainte, mais comme un investissement stratégique. Les entreprises qui anticipent les risques et mettent en place des systèmes robustes protègent non seulement leurs actifs numériques, mais aussi leur valeur économique.

Un environnement numérique sécurisé facilite les échanges commerciaux, renforce la confiance des partenaires et attire les investisseurs. À l’inverse, une entreprise jugée vulnérable peut voir ses opportunités de croissance freinées. Dans un monde où la donnée est devenue un capital aussi précieux que les biens matériels, la sécurité numérique conditionne directement la compétitivité.

Une responsabilité qui engage toute l’organisation

Longtemps cantonnée aux services informatiques, la cybersécurité concerne aujourd’hui l’ensemble des collaborateurs. Une simple erreur humaine – un clic sur un mail frauduleux, un mot de passe trop faible – peut suffire à ouvrir une brèche. La sensibilisation et la formation sont donc cruciales.

Les dirigeants doivent aussi être en première ligne. Intégrer la cybersécurité dans la stratégie d’entreprise, définir des plans de réponse aux incidents et investir dans des solutions adaptées ne relèvent plus du luxe, mais de la gouvernance responsable.

Un enjeu macroéconomique

Au-delà des entreprises individuelles, la cybersécurité impacte l’économie nationale et internationale. Les cyberattaques contre des infrastructures critiques – réseaux d’énergie, hôpitaux, transports – peuvent paralyser des secteurs entiers et fragiliser la stabilité d’un pays. La protection des entreprises devient donc aussi un enjeu de souveraineté économique.

Les États encouragent désormais les investissements privés en cybersécurité, via des réglementations renforcées, des obligations de conformité et parfois des aides. Mais l’essentiel repose encore sur la capacité des entreprises à prendre conscience que la sécurité numérique n’est pas un coût, mais un investissement indispensable.

La cybersécurité, assurance vie des entreprises

Dans une économie mondialisée et digitalisée, aucune organisation n’est à l’abri. Start-up, PME ou grands groupes : toutes doivent intégrer la cybersécurité comme une priorité. C’est à ce prix qu’elles pourront garantir la continuité de leur activité, protéger leur capital immatériel et préserver leur compétitivité.

La cybersécurité n’est plus seulement un enjeu technique : c’est une véritable assurance vie pour les entreprises et, à travers elles, pour l’économie toute entière.

Ryanair coupe des lignes en France face à la nouvelle taxe

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La low-cost irlandaise va quitter trois aéroports régionaux et menace d’aller plus loin, dénonçant une taxe écologique de 5 euros par billet.
Une décision brutale aux répercussions régionales

Depuis deux semaines, la compagnie a annoncé qu’elle ne desservira plus Bergerac, Brive et Strasbourg. Ces retraits représentent à eux seuls 13 % de la capacité totale de Ryanair en France. Michael O’Leary, PDG connu pour ses coups d’éclat médiatiques, a même laissé entendre, dans un entretien au Parisien, qu’il pourrait réduire davantage encore la présence du groupe dans l’Hexagone. S’il a le sens de la provocation, ses décisions reposent aussi sur un calcul strictement économique.

Avec un prix moyen de billet autour de 40 euros — contre 150 euros pour des compagnies classiques comme Air France ou Lufthansa — Ryanair vit sur des marges extrêmement fines. L’ajout d’une taxe écologique de 5 euros par billet bouleverse cet équilibre : impossible, selon la direction, de répercuter ce surcoût sans entamer l’attractivité tarifaire qui fonde le succès du low-cost. Dès lors, les lignes les moins rentables deviennent des candidates naturelles à la fermeture.

Au-delà de la fiscalité française, Ryanair doit composer avec un déficit de flotte. Le groupe attend des livraisons de Boeing, retardées par les difficultés industrielles de l’avionneur américain. En attendant, la compagnie réalloue ses appareils aux lignes jugées les plus profitables, au détriment des dessertes régionales françaises, cinquième marché européen seulement pour Ryanair.

Une taxe verte qui interroge son efficacité

Officiellement, la nouvelle taxe de 5 euros a pour vocation d’inciter les voyageurs à privilégier des modes de transport moins polluants, notamment le train. Selon l’Ademe, un Paris-Barcelone émet 70 fois plus de gaz à effet de serre en avion qu’en rail. L’idée est donc de créer un signal-prix pour réduire la demande sur les vols courts.

Pour Arnaud Aymé, spécialiste du secteur aérien, la taxe aura peu d’effet sur les grands hubs comme Paris ou Nice, mais risque de fragiliser fortement les petites plateformes. Les avions retirés des lignes régionales françaises ne resteront pas cloués au sol : ils seront déployés ailleurs, dans des pays plus accueillants fiscalement. De fait, l’impact environnemental global pourrait être nul, voire négatif, si ces avions opèrent sur des distances plus longues.

Problème supplémentaire : ces 5 euros n’iront ni à la transition écologique du transport aérien, ni au financement du rail. Leur affectation actuelle sert uniquement à réduire le déficit budgétaire. Pour les défenseurs d’une fiscalité verte efficace, ce choix neutralise l’effet incitatif de la mesure et alimente le scepticisme des acteurs économiques comme du grand public.

Vers un effet domino sur l’aérien régional

Si Ryanair donne le ton, d’autres compagnies pourraient suivre. Les transporteurs opérant sur des bases régionales et aux marges limitées pourraient juger que l’environnement fiscal français n’est plus compétitif, entraînant un désengagement progressif des low-cost en dehors des grandes métropoles.

La fermeture de lignes entraîne mécaniquement une perte de trafic passagers, avec un impact direct sur les emplois aéroportuaires et les revenus des commerces locaux. L’Union des aéroports français a déjà exprimé ses inquiétudes, soulignant que ces suppressions pourraient freiner le développement économique de régions dépendantes du tourisme aérien.

La mesure fiscale, conçue comme un outil de transition, s’invite désormais dans le débat sur l’aménagement du territoire et la compétitivité du transport aérien français. Entre impératifs écologiques, contraintes budgétaires et réalités économiques des compagnies, la France pourrait se retrouver face à un dilemme : maintenir ses ambitions vertes ou préserver l’accessibilité de ses régions.



Khartoum accuse Abou Dhabi de financer des mercenaires

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Le gouvernement soudanais affirme que les Émirats arabes unis recrutent des mercenaires étrangers pour soutenir les Forces de soutien rapide, en guerre contre l’armée nationale.
Des accusations lourdes au cœur du conflit soudanais

Dans un communiqué diffusé lundi 4 août, le gouvernement soudanais a accusé les Émirats arabes unis de financer des mercenaires étrangers, notamment colombiens, afin de renforcer les rangs des Forces de soutien rapide (RSF), engagées depuis avril 2023 dans une guerre meurtrière contre l’armée régulière. Le ministère des Affaires étrangères affirme disposer de « preuves irréfutables » sur le recrutement de ces combattants, sans toutefois avancer de noms ou de documents à l’appui.

Le communiqué évoque un « phénomène sans précédent » impliquant plusieurs centaines de milliers de mercenaires, recrutés dans toute l’Afrique. Pour Khartoum, ce soutien indirect aux RSF représente une « menace grave pour la paix et la sécurité » non seulement au Soudan, mais dans toute la région. L’ampleur supposée de ces recrutements soulève de vives inquiétudes sur l’internationalisation du conflit et l’implication d’acteurs extérieurs dans l’enlisement de la guerre.

Les autorités soudanaises avaient déjà pointé du doigt Abou Dhabi dans le passé, l’accusant de fournir des armes aux paramilitaires. En novembre, Amnesty International publiait un rapport révélant la présence de véhicules blindés d’origine émiratie, équipés de systèmes français, sur les lignes des RSF. Une accusation que les Émirats avaient rejetée, dénonçant une « campagne de désinformation ». L’escalade verbale entre les deux pays franchit désormais un nouveau cap.

Une riposte ferme des Émirats face à des « allégations infondées »

Le ministère émirati des Affaires étrangères a catégoriquement rejeté les accusations soudanaises. Dans une déclaration transmise à l’agence Associated Press, les Émirats dénoncent des « allégations infondées » visant, selon eux, à détourner l’attention des responsabilités propres aux autorités de Khartoum. Abou Dhabi affirme rester engagé en faveur du processus de paix et accuse le gouvernement soudanais de chercher à saboter les efforts diplomatiques régionaux.

Déjà mis en cause dans d’autres conflits régionaux, notamment au Yémen ou en Libye, les Émirats arabes unis cherchent à éviter toute nouvelle stigmatisation sur la scène internationale. Ce démenti rapide et formel s’inscrit dans une stratégie de défense diplomatique : préserver leur rôle d’acteur économique et politique majeur dans la région, tout en niant toute forme de soutien militaire aux factions engagées dans le conflit soudanais.

Les relations entre Abou Dhabi et Khartoum se sont considérablement détériorées depuis le début de la guerre civile en avril 2023. Chaque épisode d’escalade, chaque accusation, contribue à éloigner les perspectives de médiation régionale. Si les canaux diplomatiques restent ouverts, la méfiance mutuelle et la surenchère médiatique rendent désormais toute reprise des pourparlers de paix de plus en plus hypothétique.

Une guerre civile meurtrière aux conséquences dramatiques

Le conflit entre l’armée soudanaise et les RSF a déjà fait plus de 40 000 morts. Près de 12 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays ou au-delà des frontières, faisant du Soudan l’un des théâtres de crise humanitaire les plus graves au monde. Les infrastructures civiles sont détruites, les services de base anéantis, et des millions de personnes se retrouvent aujourd’hui menacées par la famine.

Les deux camps sont accusés de crimes de guerre. Les organisations internationales documentent des violences sexuelles systématiques, des exécutions sommaires et des opérations de nettoyage ethnique dans plusieurs régions du pays. Le chaos militaire alimente une impunité généralisée, dans un pays désormais fragmenté, où l’État peine à exercer la moindre forme d’autorité légitime sur de vastes territoires.

L’implication présumée de puissances étrangères – qu’il s’agisse de livraisons d’armes ou de recrutement de mercenaires – accentue le risque de régionalisation du conflit. En agitant la menace d’un front africain dominé par des acteurs non étatiques instrumentalisés par des États tiers, Khartoum cherche à alerter la communauté internationale. Mais faute de mécanismes de pression efficaces, le Soudan s’enfonce dans une guerre durable, où les alliances souterraines semblent désormais aussi déterminantes que les affrontements sur le terrain.



Déficit public : sept ans de cadeaux fiscaux aux puissants

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Suppression de l’ISF, aides massives aux entreprises, explosion du recours aux cabinets privés : où est passé l’argent public depuis 2017 ?

Une fiscalité sabordée : les recettes sacrifiées sans contrepartie

Dès son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a entrepris une série de réformes fiscales qui ont considérablement allégé la pression sur les ménages les plus fortunés. La suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé par un impôt limité à l’immobilier (IFI), a fait perdre environ 4 milliards d’euros par an à l’État. S’y est ajoutée la « flat tax » à 30 %, un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital. Résultat : selon Bercy, les cent foyers les plus riches ont empoché 1,5 million d’euros de gains annuels chacun. France Stratégie, organisme gouvernemental, conclut que l’effet économique de ces mesures est nul : ni croissance, ni investissement, ni emploi supplémentaire. Il ne s’agissait donc pas de réorienter l’épargne, mais bien d’alléger l’impôt des plus fortunés.

Ces mesures, censées encourager les investissements productifs, n’ont généré aucun effet macroéconomique notable. Ni les flux d’investissement, ni la croissance, ni l’emploi ne se sont redressés. Pire : elles ont entériné une logique de transfert de richesse vers les possédants. Le discours gouvernemental vantant le « ruissellement » s’est effondré devant les rapports de France Stratégie ou de l’IPP, qui attestent de l’inefficacité patente de ces baisses d’impôts.

Le plus grave n’est pas tant le creusement de la dette publique – qui peut être conjoncturellement justifié – mais l’usage qui en a été fait. Car les 40 à 50 milliards d’euros à trouver en urgence aujourd’hui, selon le ministre de l’Économie Eric Lombard, ne correspondent pas à des investissements dans les infrastructures, la santé ou l’école. Ils financent, en réalité, une accumulation de mesures inefficaces, voire régressives, qui ont massivement profité aux ménages les plus aisés.

Les aides aux entreprises : 200 milliards dilapidés sans effet

Macron n’a pas inventé l’allègement des charges : il a simplement porté à son comble le processus initié par François Hollande avec le Pacte de responsabilité. La suppression progressive de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), la transformation du CICE en exonérations pérennes de cotisations patronales, ou encore les multiples crédits d’impôt comme le CIR ont constitué un transfert massif de ressources publiques. Chaque année, ce sont plus de 200 milliards d’euros d’aides qui sont versés aux entreprises – soit plus que le budget de l’Éducation nationale.

Les études successives de l’Institut des politiques publiques (IPP) et de l’IRES l’affirment : ces aides n’ont eu aucun impact mesurable sur l’emploi, l’investissement ou la valeur ajoutée. Le CICE, en particulier, n’a pas incité les entreprises bénéficiaires à embaucher davantage. En réalité, les marges reconstituées ont essentiellement été redistribuées sous forme de dividendes – au profit quasi exclusif des 1 % de foyers fiscaux les plus riches.

Derrière l’explosion du nombre d’apprentis – passé d’environ 300 000 à plus d’un million en six ans – se cache une logique d’aubaine. Chaque contrat donne lieu à une aide publique de 6 000 euros. Pour les entreprises, embaucher un apprenti mineur ne coûte rien la première année. Les abus sont nombreux : absence de tuteurs, formations défaillantes, faible encadrement. L’OFCE parle aujourd’hui d’une « bulle de l’apprentissage » : 200 000 à 250 000 emplois artificiels auraient été créés à la place de CDD ou CDI traditionnels. Coût de la manœuvre en 2024 ? Environ 25 milliards d’euros.

Cabinets privés, privilèges fiscaux et insubordination oligarchique

En 2022, une commission d’enquête du Sénat révèle que l’État a dépensé plus d’un milliard d’euros en prestations de cabinets de conseil privés. McKinsey, Boston Consulting Group, et d’autres ont été chargés de rédiger des rapports sans valeur ajoutée, voire inutilisés. Une étude sur le métier d’enseignant facturée 496 800 €, une convention de managers annulée mais facturée 558 900 € : les exemples foisonnent. Ce recours massif à des consultants externes, souvent en doublon de compétences existantes dans l’administration, illustre un État qui se vide de ses fonctions tout en enrichissant ses partenaires privés.

En réponse aux Gilets jaunes, Emmanuel Macron a préféré augmenter la prime d’activité plutôt que le SMIC. Résultat : 10 milliards d’euros de dépenses publiques annuelles pour suppléer l’insuffisance salariale des entreprises. Une fois de plus, c’est le contribuable qui paie à la place des employeurs, sans exigence de revalorisation salariale ou de contribution plus équitable du capital.

En 2025, une timide tentative de surtaxer les bénéfices des grandes entreprises pour deux ans – dans un budget porté par Michel Barnier – est écourtée à une seule année, après une intervention directe de Bernard Arnault. Montant « épargné » : 4 milliards d’euros. Dans le même temps, l’État affirme avoir besoin de 40 milliards de coupes budgétaires. Le message est clair : il est interdit de toucher aux profits des puissants. Et pourtant, la dette publique est brandie comme un fardeau collectif, alors même que son origine est claire : une politique fiscale et budgétaire exclusivement orientée vers la rente.



Trump relance la guerre commerciale avec l’Europe

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Face à la surtaxe de 30 % annoncée par Donald Trump sur les importations européennes, l’UE est prise entre fermeté stratégique et recherche d’un compromis.

Une offensive tarifaire américaine qui fait voler en éclats les négociations

C’est une annonce tonitruante qui tombe en pleine torpeur estivale : Donald Trump a décrété, à partir du 1er août 2025, une surtaxe de 30 % sur les importations européennes, après plusieurs mois d’atermoiements. Le président américain avait d’abord évoqué en avril des « droits de douane réciproques » à 10 %, puis 24 % pour l’Union européenne, avant de suspendre l’application face aux marchés inquiets. La nouvelle salve tarifaire, plus agressive encore, constitue un camouflet pour Bruxelles, qui négocie avec la Maison Blanche depuis le printemps.

Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, s’était rendu à Washington début juillet dans l’espoir de conclure un accord à taux réduit, sur le modèle de celui obtenu par Londres. Las, les Européens tablaient sur une base de discussion à 10 %, assortie d’exemptions ciblées. En imposant unilatéralement 30 % de droits de douane, Trump torpille ces efforts et fragilise le rôle de l’Union comme interlocuteur crédible en matière commerciale.

En 2024, l’UE a exporté 532,3 milliards d’euros de biens vers les États-Unis, un chiffre majeur pour la santé de l’économie continentale. L’application de ces nouvelles taxes pourrait perturber profondément les chaînes de valeur, notamment dans l’automobile, la chimie ou l’agroalimentaire. Le différentiel commercial – encore favorable à l’Europe – est aujourd’hui au cœur de la rhétorique protectionniste du président américain, en quête de soutien électoral interne.

Bruxelles entre retenue stratégique et montée en tension

Malgré la provocation américaine, la Commission européenne continue de prôner la retenue. Ursula von der Leyen a rappelé samedi que « l’UE a toujours donné la priorité à une solution négociée ». Bruxelles a même prolongé la suspension des contre-mesures douanières prises en réponse aux taxes américaines sur l’acier et l’aluminium. Ce choix vise à éviter une réaction à chaud, et à laisser le président américain s’enfermer dans ses propres contradictions.

La prudence de la Commission repose aussi sur la vulnérabilité de l’économie européenne. Dans un contexte de croissance molle, d’inflation persistante et de désindustrialisation partielle, une guerre commerciale ouverte avec les États-Unis serait dévastatrice. « Elle n’est pas pressée et préfère ne pas réagir de façon impulsive », résume l’économiste Sébastien Jean, qui voit dans l’attitude européenne une tentative de laisser Trump se décrédibiliser.

L’UE reste fidèle à sa doctrine fondée sur le droit international et le libre-échange. Elle répugne à dégainer la riposte, même en réponse à une agression manifeste. Mais cette ligne modérée commence à fissurer l’unité politique des Vingt-Sept, alors que les appels à une posture plus ferme se multiplient, en particulier du côté français.

Vers une réponse européenne ? Le dilemme stratégique

Ursula von der Leyen a confirmé que la Commission prépare des contre-mesures ciblées, estimées à 21 milliards d’euros, en cas de rupture définitive des négociations. Il s’agirait de surtaxer des produits américains de manière symétrique. D’autres pistes sont à l’étude, notamment dans les secteurs agricoles ou numériques, mais rien n’est encore acté. L’Europe joue la montre, sans renoncer à ses options.

Face à l’inaction apparente de Bruxelles, Paris hausse le ton. Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a exhorté la Commission à « se défendre sans naïveté », tandis qu’Emmanuel Macron a réclamé « des contre-mesures crédibles et rapides ». L’Italie, de son côté, milite pour la négociation, quitte à accepter certains compromis. L’Allemagne, longtemps modérée, commence à durcir sa position, évoquant désormais des « mesures décisives » si Trump ne recule pas.

L’ancien directeur du commerce à la Commission, Rupert Schlegelmilch, résume l’enjeu : « Même si des représailles peuvent être économiquement absurdes, elles deviennent stratégiquement indispensables ». Dans ce bras de fer transatlantique, la crédibilité de l’UE comme puissance commerciale est en jeu. Si elle ne riposte pas, elle risque de passer pour une puissance soumise. Si elle riposte trop vite, elle pourrait aggraver le ralentissement économique.



Temu bouscule le discount en France

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Temu
Temu

« Qui peut arrêter la course folle de Temu ? » s’interroge l’étude publiée par Joko, après avoir analysé les transactions bancaires d’un million de Français âgés de 18 à 64 ans. Arrivée discrètement en France en 2023, la plateforme chinoise Temu spécialisée dans le shopping en ligne ultra low-cost a connu une ascension fulgurante. En l’espace de deux ans, sa part de marché dans le secteur du discount est passée de 8 % à 19 %, reléguant certains poids lourds du secteur au second plan.

Cette montée en puissance ne relève pas du hasard : elle est le fruit d’une stratégie redoutablement efficace, mêlant renouvellement constant de l’offre, communication massive sur les réseaux sociaux — notamment TikTok — et une politique tarifaire imbattable. Une combinaison qui a su séduire une clientèle de plus en plus attentive à ses dépenses dans un contexte économique tendu.

L’année 2024 : l’explosion des ventes

C’est en 2024 que Temu a véritablement changé d’échelle. Selon l’étude, ses ventes ont bondi de 129 % en un an, dépassant largement la croissance de ses concurrents directs : Shein (+57 %), Normal (+42 %), Action (+20 %) ou encore AliExpress (+20 %). Face à cette dynamique, certaines enseignes traditionnelles du discount ont reculé, à l’image de La Foir’Fouille (-1 %), Gifi (-5 %) ou Stokomani (-8 %), dans un marché global pourtant en progression de 23 %.

La marque a su capter une clientèle jeune et mobile, friande de nouveautés et d’expériences d’achat ludiques. L’interface de Temu, inspirée des codes du jeu vidéo et de la récompense immédiate, pousse à l’achat impulsif. Couplée à une livraison gratuite et des prix cassés, la recette séduit massivement.

Une offensive européenne stratégique

Alors que les surtaxes douanières imposées par Donald Trump freinent désormais les importations chinoises vers les États-Unis, Temu a su réorienter habilement sa stratégie vers l’Europe, et notamment la France. Ce recentrage opéré dès février 2025 s’est révélé particulièrement payant : en mai, la plateforme enregistrait déjà une croissance supplémentaire de 47 %, avec une hausse de 10 % de sa base clients.

Temu a accompagné ce virage stratégique par un surinvestissement massif dans la publicité, multipliant les campagnes d’affichage, les spots sponsorisés sur les réseaux sociaux et les collaborations avec des influenceurs. Une démarche coûteuse, mais qui semble porter ses fruits. À tel point que, selon Yann Rivoallan, président de la fédération française du prêt-à-porter féminin, ce boom publicitaire des plateformes asiatiques entraîne aujourd’hui des surcoûts de 15 à 50 % pour les marques traditionnelles, contraintes de lutter pour conserver leur visibilité.

Une menace pour les acteurs établis du e-commerce

Longtemps perçue comme une alternative parmi d’autres dans le discount en ligne, Temu change aujourd’hui de statut. « Temu n’est plus perçue comme une option low cost, mais comme une marketplace généraliste crédible », note l’étude de Joko. Elle marche désormais sur les platebandes de géants bien installés comme Cdiscount, Micromania, Conforama, But, La Redoute ou même Ikea, en grignotant des parts de marché dans l’électronique, la maison, ou encore la mode.

La plateforme profite de son écosystème d’approvisionnement chinois, qui lui permet de proposer une offre très diversifiée à des prix difficilement concurrençables. De quoi sérieusement inquiéter les enseignes françaises et européennes, qui peinent à rivaliser sur le terrain du tarif tout en supportant des coûts logistiques et salariaux bien plus élevés.

Un modèle durable ou une bulle spéculative ?

Face à cette montée en puissance, des voix s’élèvent pour questionner la pérennité du modèle Temu. Derrière les prix cassés, se cachent des interrogations sur les conditions de fabrication, la durabilité des produits, ou encore l’empreinte écologique d’un système basé sur le transport rapide et à grande échelle depuis la Chine. Si l’attrait du prix reste un levier puissant, le retour en force de la consommation responsable pourrait ralentir cette dynamique à long terme.

Mais pour l’heure, Temu semble inarrêtable. Sa capacité à capter l’air du temps, à innover dans son approche commerciale et à imposer sa marque dans les habitudes d’achat en font un acteur incontournable du paysage commercial français.

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