Alors qu’un accord salarial a été conclu entre la direction de la SNCF et deux syndicats, la contestation demeure vive, notamment en raison des tensions sur d’autres dossiers comme le fret ferroviaire et l’ouverture à la concurrence.
Un accord salarial qui protège le pouvoir d’achat
Vendredi soir, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots ont signé un accord salarial avec la direction de la SNCF. Cet accord prévoit une augmentation moyenne des salaires de 2,2 % en 2025, dont 0,7 point au-dessus de l’inflation prévue à 1,5 %, selon les estimations de la Banque de France. La direction a mis en avant le fait que cette hausse dépasse pour la quatrième année consécutive l’inflation, garantissant ainsi la protection du pouvoir d’achat des cheminots.
L’accord ne se limite pas aux hausses générales de salaires. Une partie de cette augmentation repose sur des avancements liés à l’ancienneté et des augmentations individuelles représentant 1,7 %. En complément, la prime de travail des cheminots sera revalorisée de 15 euros par mois. Ces mesures sont rendues possibles par les bons résultats financiers de la SNCF, positifs depuis six semestres consécutifs, selon la direction.
La direction a souligné que cet accord salarial ne pèsera ni sur les contribuables ni sur les voyageurs. Cette précision vise à rassurer dans un contexte où la SNCF est souvent accusée d’alourdir la dette publique ou d’augmenter les tarifs pour financer ses évolutions salariales.
Une division syndicale face à l’accord
Malgré les avancées de cet accord, la CGT-Cheminots, première organisation syndicale de la SNCF, et SUD-Rail, troisième syndicat, n’ont pas signé. Les deux organisations estiment que les propositions ne répondent pas aux attentes des cheminots. SUD-Rail a qualifié l’accord de « pas à la hauteur », tandis que la CGT pointe un manque d’ambition pour compenser pleinement la hausse du coût de la vie et récompenser les efforts des employés.
François Durovray, ministre délégué chargé des Transports, s’est félicité de cet accord, qu’il considère comme le fruit d’un dialogue social constructif. Cependant, cette satisfaction masque des fractures au sein des syndicats. La division entre signataires et non-signataires illustre les difficultés à fédérer autour d’une vision commune, dans un contexte où la confiance envers la direction de la SNCF semble fragilisée.
Pour la CGT et SUD-Rail, l’enjeu ne se limite pas aux augmentations de salaires. Ces syndicats dénoncent un manque de concertation sur d’autres dossiers, notamment la restructuration du fret ferroviaire et l’ouverture à la concurrence, deux sujets jugés cruciaux pour l’avenir du secteur et des cheminots.
Un mouvement social annoncé pour décembre
Tous les syndicats de la SNCF, y compris ceux ayant signé l’accord salarial, appellent à une grève à partir du 11 décembre. Ce mouvement est motivé par des préoccupations liées à des enjeux plus larges que les salaires. Le démantèlement de Fret SNCF et les modalités de l’ouverture à la concurrence cristallisent les tensions, alimentant un climat social tendu.
La restructuration de Fret SNCF, annoncée pour répondre aux exigences européennes de concurrence, suscite une vive opposition. Les syndicats dénoncent une mesure précipitée qui risque de fragiliser un secteur essentiel à la transition écologique et à la réduction des émissions de CO2. Ils estiment que cette réforme, sous couvert de rationalisation, pourrait entraîner des suppressions de postes et une dégradation des conditions de travail.
Face à cet appel à la mobilisation, le ministre des Transports a exhorté à la responsabilité, qualifiant cette grève d’ »incompréhensible » dans le contexte d’un accord salarial signé et de bons résultats financiers. Cependant, son appel risque de ne pas suffire à apaiser la colère des cheminots, qui se sentent délaissés sur des dossiers jugés structurants pour leur avenir.