Mercedes place la Chine au cœur de son plan stratégique 2025 sur les véhicules électriques (VE). C’est ce que révèle Ola Källenius, président du directoire de la marque allemande, dans un entretien livrée cette semaine.
Ola Källenius, président du directoire de Mercedes, a déclaré cette semaine dans une interview au magazine allemand Automobilwoche que la Chine, premier marché automobile mondial, représente le pivot du plan stratégique 2025 du groupe sur les véhicules électriques (VE). Exposé en 2021, ce plan stratégique s’inscrit dans le cadre de la transition énergétique de la marque à l’étoile. Mercedes souhaite principalement passer l’intégralité de son catalogue en électrique avant 2030.
Glamour, élégance et divertissement : leitmotiv de Mercedes
La Chine est un marché extrêmement important pour Mercedes, qui y a réalisé 37 % de ses ventes totales et 18 % de son chiffre d’affaires en 2022. Fort de ce poids, le constructeur allemand juge bon de concentrer ses efforts sur le géant asiatique. Pour cela, il doit d’abord relever certains défis. D’abord maîtriser la propulsion électrique aussi parfaitement que la numérisation. D’après Ola Källenius, c’est ce que les clients attendent le plus. Le groupe doit donc repenser la conception des véhicules électriques en profondeur, notamment l’intérieur pour répondre aux goûts des usagers chinois.
Ceux-ci attachent une grande importance à l’infodivertissement ou l’électronique du divertissement. Ils aiment en particulier chanter en karaoké dans la voiture. Mercedes y a déjà pensé, avec la version longue de la nouvelle Classe E. Le fabricant mise aussi sur le glamour et le design. Il aurait déjà fait des efforts conséquents sur ce plan, à tel point que, assure Ola Källenius, « quand on voit l’intérieur d’une Mercedes, on a presque l’impression d’être chez Tiffany ». Ainsi, à la place d’une bouche d’aération, le dirigeant voit un bijou.
Une volonté de réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine
Le plan stratégique de Mercedes à l’horizon 2030 a également pour objectif de réduire considérablement les gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques émis par les véhicules du groupe. En outre, doit-il aider à mettre fin à la dépendance de Mercedes vis-à-vis de la Chine. En effet, le constructeur automobile réalise encore une grande partie de sa production dans ce pays. Il souhaite, dans un avenir proche, garder la main sur l’ensemble de la chaine de production, de la fabrication des batteries à l’assemblage des véhicules en passant par l’élaboration des moteurs. L’entreprise a déjà commencé à rapatrier en Europe, en particulier en Allemagne et en Roumanie, une partie de la production chinoise.
Mais, il est très difficile de se découpler de ce marché
Ce transfert des activités s’accompagnera d’une transformation des usines européennes pour les préparer aux exigences des futures plateformes électriques. Mercedes a investi cinq milliards d’euros sur ce projet afin qu’à partir de 2025, toutes les nouvelles plates-formes ne produisent que des VE. Toutefois, l’entreprise maintient la Chine au cœur de sa stratégie. Et cela en dépit des récentes tensions politiques liées aux velléités d’invasion de Taïwan. A l’occasion d’un voyage à Pékin l’année dernière, Kallenius avait clairement signifié qu’il serait très difficile de se découpler de la Chine en cas d’attaque de l’île voisine.
Les économies occidentales et chinoise étroitement liées
Le dirigeant ne croit pas à une fuite massive des compagnies comme c’est le cas avec la Russie depuis février 2022, quand le pays a envahi l’Ukraine. En cause, les liens étroits entre les trois principaux acteurs de l’économie mondiale : l’Europe, les États-Unis et la Chine. Aussi, Kallenius note qu’il y a des domaines dans lesquels les constructeurs automobiles chinois ont un avantage sur certains des fabricants allemands. D’où la nécessité de rester sur place quoi qu’il advienne sur le plan politique.