L’Observatoire des inégalités a publié ce mardi son nouveau rapport sur les inégalités et la pauvreté en France. Dans ce document, l’organisme s’inquiète du fait que la précarité de l’emploi alimente de plus en plus la pauvreté dans l’Hexagone, ces dix dernières années.
Augmentation de la précarité, « un phénomène nouveau et inquiétant »
Selon le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités, publié ce mardi 5 juin, la pauvreté en France est alimentée par la «précarité de l’emploi» qui ne cesse de croître depuis plus de dix ans. L’organisme a relevé qu’un million de personnes exerçant un emploi ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté établi par lui de 50 % du revenu médian, soit 855 euros par mois pour une personne seule, quand l’Insee fixe ce taux à 60 %, soit 1.026 euros. Aussi, note-t-il que le « taux de précarité » des travailleurs était de 13,6 % en 2017, contre 12 % dix ans plus tôt. L’Observatoire pense donc qu’on est en face d’« un phénomène nouveau et inquiétant ».
8 millions de personnes en situation de « mal-emploi »
En outre, tenant compte du chômage, de la précarité des contrats en CDD ou intérim, ainsi que des personnes qui déclarent qu’elles souhaiteraient travailler mais ne sont pas considérées comme chômeuses, l’Observatoire des inégalités décompte plus de huit millions de personnes en situation de mal-emploi depuis 2014.
Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités, souligne que « Cette France de l’insécurité sociale a un visage : celui des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des « uberisés », des indépendants (du bas de l’échelle). Pour une grande part, cette France a animé les manifestations des « gilets jaunes » ».
En outre, le rapport indique que la tendance à la baisse enregistrée entre les années 1970 et le début des années 1990 s’est inversée, puisqu’entre 2006 et 2016, le nombre de personnes pauvres vivant sous le seuil établi à 50 % du revenu a continué de prendre l’ascenseur.
Malgré tout la France fait figure de modèle en Europe
Les analyses notent toutefois que la situation en Hexagone est bien meilleure que dans de nombreux pays d’Europe. La France passe même pour un modèle puisqu’elle enregistre un taux de pauvreté très faible de 6,8 % au seuil à 50 % en 2015 selon Eurostat, derrière les Pays-Bas (6,6 %) et la Finlande (4,9 %), mais devant l’Allemagne et le Royaume-Uni (10 %).