L’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Mercosur suscite des réactions contrastées. Alors que la Commission européenne salue une avancée économique majeure, l’opposition politique et les acteurs agricoles français dénoncent un texte jugé préjudiciable à l’environnement et aux agriculteurs européens.
Une avancée économique célébrée par Bruxelles
La présidente Ursula von der Leyen a présenté l’accord comme une étape clé pour renforcer les échanges commerciaux entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Selon elle, les garanties ajoutées au texte protègent les secteurs sensibles, notamment l’agriculture européenne. Bruxelles insiste sur les avantages pour les entreprises européennes, qui bénéficieront de tarifs douaniers réduits et d’un accès élargi à de nouveaux marchés. Cet accord est également perçu comme une opportunité stratégique pour contrecarrer l’influence croissante de la Chine en Amérique latine.
Consciente des critiques, la Commission affirme avoir intégré des mécanismes visant à préserver les engagements climatiques de l’UE. Elle met en avant une clause exigeant la lutte contre la déforestation en Amazonie. Cependant, ces garanties restent floues, et les défenseurs de l’environnement s’interrogent sur leur applicabilité réelle, surtout dans un contexte où le Brésil, sous l’ère Bolsonaro, a été accusé de négligence écologique.
La fronde française : un rejet unanime
En France, le secteur agricole se montre particulièrement remonté. La FNSEA, principal syndicat agricole, parle d’un « coup de poignard ». Les agriculteurs dénoncent l’arrivée probable de produits moins chers issus de normes sanitaires et environnementales moins exigeantes, ce qui pourrait affaiblir la compétitivité des producteurs français. Le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert, craint également une pression accrue sur les prix, déjà affectés par l’inflation et les crises successives. Des manifestations paysannes se profilent pour contrer ce qu’ils perçoivent comme une menace pour leur survie.
Les responsables politiques de tous bords fustigent cet accord. La France Insoumise parle d’une trahison envers les agriculteurs et l’environnement, tandis que le Rassemblement National accuse Emmanuel Macron de jouer un double jeu, affirmant s’opposer à l’accord tout en permettant son avancement. À l’Assemblée nationale, la question polarise également, le gouvernement étant accusé d’affaiblir la voix française en Europe. Ce bras de fer révèle les fractures idéologiques sur la politique commerciale de l’UE et les priorités environnementales.
Les perspectives d’une ratification incertaine
Malgré l’annonce de l’accord, la ratification par le Parlement européen et les États membres reste à venir. La France, soutenue par quelques pays, pourrait tenter de bloquer le processus en s’appuyant sur les arguments environnementaux et agricoles. Cependant, la Commission européenne pourrait chercher à amadouer les opposants en proposant des compensations ou des ajustements au texte.
L’accord Mercosur met en lumière le dilemme entre ouverture économique et souveraineté environnementale. Certains experts estiment que refuser cet accord pourrait isoler l’UE dans la compétition internationale, tandis que d’autres appellent à repenser la politique commerciale pour mieux aligner les intérêts économiques et écologiques. La France pourrait jouer un rôle clé en proposant des solutions alternatives pour préserver l’équilibre entre ces priorités.