De Beers et le gouvernement du Botswana ont entamé la renégociation de l’accord de vente de diamants qui les lie depuis 2011. Prévu expirer en 2021, ce contrat a été prolongé jusqu’à juin 2023 en raison de la pandémie du Covid-19. Gaborone souhaite maintenant un nouveau texte plus favorable à ses intérêts. Sans quoi, il procéderait à une rupture des liens.
Au Botswana, le royaume du commerce du diamant brut, les tensions apparaissent entre De Beers et le gouvernement. En effet, Gaborone a menacé cette semaine de résilier le contrat de vente avec le géant minier sud-africain si les termes du nouveau contrat ne lui étaient pas favorables. Le président Mokgweetsi Masisi a laissé entendre que son pays a découvert qu’il recevait moins que ce qui devait lui revenir conformément aux lois du marché.
Une commercialisation à travers une entreprise commune
Le chef du Parti démocratique du Botswana (BDP) a martelé que son pays veut « une part plus importante de |ses] diamants et que « les affaires ne peuvent pas continuer comme avant. ». Il a également prévenu que « chaque partie devra faire ses bagages et rentrer chez elle », si les deux ne parvenaient « pas à une situation gagnant-gagnant».
L’accord entre les autorités botswanaises et De Beers, que le chef de l’État Mokgweetsi Masisi juge défavorable à son pays, a été signé en 2011 pour une durée de dix ans. Il prévoit que la compagnie minière reçoive 90 % des diamants bruts produits par Debswana – une coentreprise à parts égales (50-50), contre 10% pour le Botswana, premier producteur de diamants d’Afrique.
80% des bénéfices versés à l’Etat
Le temps faisant, les parts ont progressivement évolué, passant de 85% contre 15% en 2018 à 75% contre 25% en 2020. Il y a donc eu un effort de la part de la compagnie minière pour contenter au mieux le Botswana, malgré les contraintes de fonctionnement.
D’ailleurs, le groupe minier reverse au gouvernement environ 80% de ses bénéfices sous forme d’impôts, de taxes et de dividendes…Gaborone se satisfaisait de ce contrat, au point de prolonger de commun accord le deal jusqu’au 30 juin 2023. Mais l’appétit venant en mangeant, l’Etat botswanais aimerait obtenir une part équitable et maintenant.
Vendre ses pierres par ses propres canaux
Le gouvernement argue que la hausse demandée (non précisée encore) vise à financer des projets sociaux. Avec l’argent des ventes, il aurait déjà investi dans les infrastructures, les écoles et les hôpitaux. Il vante une gestion transparente des ressources naturelles, alors que celles-ci sont dilapidées dans de nombreux pays d’Afrique.
Si le bilan s’avère positif, le Botswana veut faire mieux en commercialisant davantage de pierres par ses propres canaux. Et surtout en maitrisant la production ainsi que les prix. Il espère y parvenir grâce notamment à une industrie de la taille et du polissage en plein développement.
Risque de déstabilisation de tout un écosystème
Intervenant dans une année pré-électorale, cette offensive de Gaborone ressemble pour certains à un chantage fait au géant sud-africain du diamant. Une tentative pour calmer l’opposition et se poser en vrai défenseur des intérêts de la population. Selon Bloomberg News, l’accord entre De Beers et le Bostwana est pourtant l’un des « plus précieux » du secteur.
Il permet de renflouer les caisses de l’Etat dans une proportion acceptable (ce qui ne se fait pas toujours ailleurs) puisqu’il faut aussi prendre en compte les investissements de la compagnie dans le matériel, la technologie et les équipes. Les experts du marché estiment que la déclaration de Gaborone risque de déconcerter tout un écosystème (entrepreneurs, sightholders, usines, détaillants et financiers). Ils espèrent que les deux parties trouveront rapidement un accord.