Mauritanie : fin des poursuites judiciaires contre Mohamed Ould Bouamatou

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La décision est enfin tombée ! La justice mauritanienne vient d’annuler les poursuites judiciaires visant trois opposants, dont l’homme d’affaires et philanthrope Mohamed Ould Bouamatou. Ce dernier, en exil depuis plusieurs années, était poursuivi pour « corruption et fraude fiscale » par l’ancien régime de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Une suite logique des derniers évènements

On la sentait venir, cette décision, depuis quelques semaines. Mi-décembre, le nouveau pouvoir mauritanien avait levé l’embargo sur la Générale de Banque de Mauritanie de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou. Le 30 décembre, Nouakchott faisait retirer des plaintes d’ONG manipulées par Ould Abdel Aziz, après avoir remis une distinction à Mohamed Ould Bouamatou pour les nombreux investissements effectués dans son pays. Une reconnaissance qui réhabilitait en quelque sorte l’entrepreneur.

Cette série de mesures favorables à Bouamatou laissaient penser que son retour au pays natal n’était plus qu’une question de jours. Ce qui était juste. Le pôle anti-corruption du parquet du tribunal de Nouakchott vient en effet d’annuler les poursuites judiciaires et le mandat d’arrêt lancé contre lui en 2017 pour « corruption et fraude fiscale ». Le régime du président Abdel Aziz, aujourd’hui tombé en disgrâce, a accusé Bouamatou d’avoir financé un groupe de sénateurs afin de mener une fronde contre un référendum constitutionnel.

La justice mauritanienne a dit le droit

La justice mauritanienne a également abandonné les poursuites judiciaires contre deux autres personnalités. Un associé de M. Bouamatou, Mohamed Ould Debagh pour « corruption » et un conseiller des présidents africains Moustapha Ould Limam Chafi pour « connivence et liens avec les groupes djihadistes au Sahel ».

Selon l’AFP, « Le parquet général au tribunal de Nouakchott a déjà écrit à Interpol pour demander l’annulation des avis adressés à la police internationale » contre ces trois opposants mauritaniens.

L’abandon des poursuites contre les trois personnalités est salué par l’avocat de Bouamatou, William Bourdon. « Ce n’est pas tout à fait une surprise, puisqu’il y avait des signes d’apaisement, mais c’est une annonce qui va dans la bonne direction, déclare-t-il. Ces procédures n’ont été possibles qu’en raison d’une instrumentalisation éhontée, systématique pendant des années, de la justice mauritanienne par Aziz, l’ancien président. Et, bien sûr, cela restaure l’honneur de Mohamed Bouamatou. ».

Le climat politique beaucoup plus apaisé sous Ghazouani

Une source proche du pouvoir a souligné que « Cette mesure intervient dans le cadre de la volonté d’apaisement et la normalisation du climat politique dans le pays » après l’arrivée au pouvoir du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Effectivement, depuis son accession au pouvoir en août 2019, Mohamed Ould Ghazouani essaie de décrisper le climat socio-politique en Mauritanie. Il a ainsi fait libérer de nombreux prisonniers d’opinion et entrepris un dialogue avec les leaders de l’opposition. Au cours des rencontres, l’opposition mauritanienne avait réclamé l’annulation des mesures prises à l’encontre des exilés politiques. Et le 13 décembre 2019, c’était au tour de la population de manifester devant le palais présidentiel pour demander l’abandon des poursuites contre Bouamatou. Une initiative impensable sous l’autocrate Abdel Aziz.

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